Mathurin, qui était en cours de maths jeudi au lycée de Tocqueville à Grasse lors de la fusillade
 

«Avec ce qui s’est passé, ils vont désormais instaurer les contrôles de sacs à l’entrée, ce sera la galère, non ?» Comme pour mieux exorciser ce qu’ils ont vécu quelques dizaines de minutes plus tôt, Julien, Hadrien et Antoine manient l’ironie à une centaine de mètres de l’entrée du lycée Alexis-de-Tocqueville à Grasse (Alpes-Maritimes).
 
A l’instar des autres élèves, ils viennent de recevoir un bracelet d’identification avec un code-barres, en vue d’être pris en charge par les secours. Autour d’eux, des policiers lourdement armés ceinturent un périmètre survolé par l’hélicoptère de la gendarmerie. «Un tir a fait un éclat sur la fenêtre juste au-dessus de moi, j’ai eu de la chance, visiblement», lâche l’un des trois garçons assis sur un muret. L’air un peu absent. De la chance. Une tuerie évitée. Un miracle… Le constat est largement partagé autour de l’établissement de 985 élèves en filière générale et technologique, jusque-là sans histoires.
 

«Il tirait un peu partout»

 
Car, à 12 h 55, un élève de première, âgé de 16 ans et «lourdement armé» selon la procureur de Grasse Fabienne Atzori, fait irruption dans le bâtiment. A priori pour régler un différend avec d’autres camarades. «On était en classe, à côté d’une vitre. J’ai entendu du bruit. J’ai regardé dans la cour en bas et vu un homme avec une arme longue (NDLR : un fusil à pompe). Il tirait un peu partout vers les fenêtres et les arbres», raconte, très émue, une élève de terminale. La boule au ventre, elle reste confinée à l’extérieur du bâtiment, dans une rue adjacente. Saine et sauve. Mais pas l’un de ses amis, d’une autre classe, blessé ce jeudi : «Je viens de l’avoir au téléphone, il a pris des plombs au niveau des côtes.» A ses côtés, sa mère est sous le choc. «Je venais la chercher pour 13 heures et j’attendais devant l’entrée. On a beaucoup échangé par SMS durant son confinement», soupire-t-elle.
 
«Nous, on était en cours de maths. Dehors, des gens criaient en s’enfuyant, confie Mathurin. Au bout de deux heures, le RAID nous a fait sortir en file indienne, les mains sur la tête. Nous avons été fouillés… et j’ai vu des traces de sang de la salle des profs jusqu’en bas des escaliers.»

Au moment des coups de feu, de nombreux ados se dispersent là où ils peuvent, se réfugiant parfois dans les commerces alentour. La confusion est telle que la rumeur d’une autre fusillade devant une école maternelle se répand. Fausse alerte. Les forces de l’ordre, redoutant une attaque terroriste coordonnée, investissent plusieurs lieux publics de Grasse, dont la gare SNCF. Tous les établissements scolaires sont mis en sécurité, ainsi que le palais de justice où le personnel est confiné jusqu’en milieu d’après-midi.
 
Ce vendredi, le lycée accueille une cellule d’aide médico-psychologique pour les élèves et le personnel. Loin des regards. Les cours reprendront lundi.”

 
Source : Le Parisien – article écrit le 17 mars 2017 par Matthias Galante

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