Multiple champion du monde de full-contact, capitaine de police, ancien du GIPN de Marseille et du RAID, Christian Battesti a eu la gentillesse et le temps de se prêter à un entretien..

FIPN-SDLP.FR : Bonjour Christian, peux-tu te présenter s’il te plait ?

CHRISTIAN BATTESTI : J’ai 52 ans, flic depuis 1986, d’abord gardien de la paix puis Officier sur concours interne. Actuellement capitaine de police mais certainement pour encore quelques années (je n’arrive pas trop à entrer dans le moule…)

F-S : Quel est ton parcours de policier ?

C. B : J’ai fait mon année de stagiaire à la Police Aux Frontières, je suis passé au GIPN de Marseille dès ma titularisation. C’est N’GUYEN VAN LOCK qui m’a aspiré tout de suite, le jour de ma titularisation.
En fait, je suis entré dans la police après avoir été sollicité par N’GUYEN VAN LOCK lui-même. J’ai passé le concours avec l’objectif de rejoindre immédiatement le groupe de Marseille en 1988.
Puis départ du chinois et disponibilité pour moi pendant deux ans pour préparation des compétitions internationales en boxe.
Retour police en BAC nuit à Marseille et réussite au concours interne officier de paix, donc école officier à Nice, puis CRS à Reims, puis RAID à Bièvres. Par la suite, je suis allé en Unité d’investigation à Mayotte, puis commandement BAC et GSP à Aix en Provence ; commandement BAC centre de Marseille, officier de nuit à Cayenne (Guyane française), chef de la Brigade de voie publique en Sureté Départementale à Toulon.
Et je devrais très bientôt bouger pour ailleurs.

Entretemps j’ai passé tous les stages APP, moniteur tir, formateur sport, tonfa, bâton télescopique, taser, conduite rapide, formation protection rapprochée, sniper niveau III, bref tout ce qu’on peut faire.

F-S : Tu es bien connu des pratiquants de sports de combat, depuis quel âge tu pratiques ? Quel est ton palmarès exact ? Enseignes-tu toujours ?

C.B : Je pratique les sports de combat depuis toujours ; judo tout d’abord il y a bien longtemps, puis karaté très vite (sans commentaire), puis boxe en général.
Mon grand regret est de ne pas avoir pratiqué le MMA (Mixed Martial Arts ou plus familièrement free fight) qui est à mon avis la forme la plus complète et la plus efficace de toutes les disciplines de combat. J’en fais un peu par jeu, et j’adore…
J’ai commencé la boxe à l’âge de 19 ans mais je me battais souvent n’importe où, avant d’être flic et de devenir plus intelligent et raisonnable. J’ai 60 combats pro en full, dont 4 défaites, 2 nuls, 54 victoires dont 30 avant la limite. J’ai fait un peu de Boxe Française aussi en classe gant d’argent compétition où j’ai été vice-champion de France et d’Europe (par forfait du fait de ma jambe fracturée 15 jours avant la finale).
J’ai cessé d’enseigner en club depuis 2003, mais il m’arrive d’animer des stages à la demande si je suis disponible

F-S : Tu as fait partie du GIPN de Marseille et du RAID, quels sont les meilleurs et pires moments dont tu te souviens ?

C. B : J’ai effectivement fait partie de ces deux unités d’élite. Mes mauvais souvenirs sont toujours liés à des rapports avec la hiérarchie et les meilleurs toujours liés aux rapports humains avec mes camarades de ces unités.

En ce qui concerne l’adrénaline, si tu voulais que je parle de cela en rapport avec les interventions, au risque d’en décevoir plus d’un, oui c’est très bon, mais ça n’a jamais été aussi fort que celle que je ressentais dans mon vestiaire avant un combat de n’importe quel niveau.

F-S : Toi qui as travaillé dans les deux services, quelles sont les grandes différences que tu as remarquées ? Je sais que les moyens financiers des GIPN sont moindres par rapport au RAID par exemple..

C. B : Si les différences de moyens étaient jadis flagrantes entre les GIPN et le RAID, aujourd’hui, elles sont négligeables grâce au rôle déterminant d’un commissaire de police qui a dirigé la cellule GIPN à une époque et qui est parvenu à équilibrer les niveaux logistiques. Pour les missions, le RAID reste tout de même, à mon humble avis, le choix du roi du fait de son importance numérique de guerriers disponibles 24/24 et de par sa proximité avec “DIEU”.
Je n’ai jamais regretté d’avoir quitté le GIPN, en revanche, j’ai souvent la nostalgie du RAID et de mes potes.

F-S : Les jours ne se ressemblent pas mais quelle était une semaine type au GIPN et au RAID ?

C. B : Une semaine type au GIPN et au RAID ?
Ma réponse ne peut pas être révélatrice d’une réalité actuelle. Le GIPN ; effectif 21 pour le plus gros GIPN, 15 pour les autres. En enlevant les congés, les repos, les missions de protection parasite, que reste-t-il pour organiser un vrai entrainement, une progression, un exercice d’assaut ?
Une semaine au RAID ; il y a toujours le nombre pour faire tout ce que l’on veut à grande échelle avec tous les moyens possibles (hélicos, stand de tir, parcours, simulation de prise d’otages, etc…)

F-S : Quel a été le meilleur patron avec lequel tu as travaillé ?

C. B : réponse facile et qui vient du cœur ; le chinois, N’Guyen Van Lock. Un commissaire d’une autre époque comme on n’en fait plus du tout, un vrai flic avant tout. Merci de comprendre que je ne peux pas m’étendre plus sur le sujet des commissaires qui sortent des grandes écoles.

Je sais qu’il y a eu d’autres bons chefs de service au RAID, mais je n’ai pas eu la chance de travailler sous leur autorité. Je ne les cotoie qu’aujourd’hui, au sein des “Dos Argentés”.

F-S : Tu es parti travailler à Haïti, peux-tu en parler un peu ?

C. B : Haïti a été pour moi mon jubilé dans la police. J’ai énormément apprécié cette mission. Tout d’abord, elle offre une richesse extraordinaire au niveau des rapports humains et professionnelles puisque 63 nations différentes de policiers et militaires y travaillent de concert. Ensuite, j’ai eu la chance de me voir confier le commandement du SWAT international durant les 9 mois. J’ai pu travailler avec le SWAT Jordanien que j’utilisais en périmètre et sniper, et avec chinois, hongrois, américains, espagnols, suédois en pénétration à la tête du SWAT Haïtien qui constituait la force localement et pénalement compétente. Mon rôle était également de perfectionner et de former le SWAT Haïtien. Mais ce fut un réel plaisir car le SWAT Haïtien est un super groupe de bons mecs avec des burnes et une vraie notion de l’amitié.
Le rythme des opérations était de 1 à 2 par semaine du fait de tous les évadés de prisons suite au terrible tremblement de terre. Mais aussi pas mal d’opérations contre les gangs d’enlèvements d’enfants (trafic d’organes).

Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce pays, c’est l’absence d’heure légale pour aller “sauter” les enfoirés qui enlèvent les gosses ou pour tout autres crimes. En Haïti on ne respecte pas le sommeil des “méchants”. J’ai également apprécié la présence systématique d’un magistrat sur les opérations du SWAT, donc pas de problème pénal par la suite, car nous agissions sous son autorité directe.

Le SWAT Haïtien a vraiment très peu de moyen technique, mais les gars qui le constituent sont de vrais guerriers.

F-S : Vois-tu encore des anciens partenaires du RAID ou du GIPN ?

C. B : Bien sûr que je vois toujours mes anciens partenaires de ces services, et si nous sommes éloignés géographiquement, nous sommes toujours en contact, vive internet et le progrès. Nous sommes liés, nous sommes frères.

En conclusion, si vous êtes un jeune flic et que vous aimez votre job, si vous avez deux bras, deux jambes, une tête et de la volonté, n’hésitez pas, tentez votre chance car c’est une très belle aventure marquée par des rapports humains que vous ne trouverez nulle part ailleurs, sauf dans l’armée et ses unités de combat.

Merci à toi Christian et bonne continuation.

Christian en mission au Maroc

…. et au naturel

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Christian Battesti avec le Commissaire Broussard et Ange Mancini

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