« Le Centre National d’Entraînement à l’Alpinisme et au Ski (CNEAS), qui forme les agents de montagne des Compagnies Républicaines de Sécurité ouvre ses portes à d’autres services de Police. Il propose notamment le stage « technique d’intervention en hauteur » (TIH), réservé aux groupes d’interventions. Sujet au vertige, s’abstenir.
 

Plus de 200 agents hautement spécialisés des CRS assurent des missions de Police, de prévention et de secours en montagne dans les massifs alpins et pyrénéens.
La formation de ces spécialistes est prodiguée par le Centre National d’Entraînement à l’Alpinisme et au Ski, créé en 1995 et implanté à Chamonix.
Actuellement dirigé par le commandant fonctionnel Nicolas Thiebault, il dispose d’une quinzaine de policiers guides de haute montagne, moniteurs de ski et instructeurs ou moniteurs de secourisme.
Ils sont renforcés ponctuellement par les sections de montagne.

La vocation première du CNEAS est, bien entendu, le recrutement, la formation et le perfectionnement des agents de montagne CRS, dans tous les domaines : alpinisme, ski, canyoning, spéléologie, secourisme et recherche cynophile en avalanche.
Il est également impliqué dans le perfectionnement des médecins urgentistes en montagne.
Enfin, il participe aux études et essais techniques en vue d’améliorer les matériels de secours en montagne.

Mais depuis quelques années, les formateurs du CNEAS ont entrepris de mettre leur expertise au service de leurs collègues des autres directions de la Police Nationale : Service de Protection des Hautes Personnalités, Sécurité Publique, Préfecture de Police, Police Judiciaire, Direction de la Formation et Direction Centrale du Renseignement Intérieur.
Répondant à un besoin grandissant, ils ont élaboré le stage « Technique d’Intervention en Hauteur », destiné aux groupes d’intervention.

Cette formation spécifique a été conçue en empruntant à différents domaines d’activités, notamment le secours en montagne, la spéléologie et les travaux acrobatiques.
Toutefois, pour les montagnards que sont avant tout les CRS du CNEAS, les interventions de police en hauteur présentent au moins deux différences essentielles avec leur milieu habituel.
D’une part, le support n’est pas du rocher ou de la glace, mais un matériau de construction ou de revêtement : sa solidité est donc aléatoire. D’autre part, il ne s’agit ici ni de loisirs ni de sauvetage : la sécurité n’est pas le paramètre unique, elle doit être combinée avec l’efficacité et la rapidité dont elle peut directement dépendre.
De nombreux policiers étant amenés à intervenir en hauteur, notamment sur des toitures, les demandes de stages se sont multipliées.

Entre les effectifs des GIPN, du RAID, de la brigade d’intervention de la Préfecture de Police, les techniciens de la PJ et des BRI, ou les formateurs du Centre National de Tir, ce sont 55 policiers qui ont suivi cette formation en 2008 ; et cette année la demande a doublé.
Cette mise à disposition des ressources des CRS au profit d’autres services de Police n’est pas nouvelle, mais elle est encore renforcée dans le contexte de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), qui conduit à optimiser l’utilisation des ressources humaines et matérielles disponibles dans les différents services.

Le niveau 1 a lieu au CNEAS à Chamonix, durant cinq jours, et permet l’acquisition des fondamentaux des déplacements sur corde.
L’instruction se déroule en falaise d’escalade, sur toiture inclinée ou à partir d’une passerelle vertigineuse.
Les stagiaires sont formés à effectuer une intervention de police en site verticale ou d’accès difficile, en respectant les techniques de progression et les règles de sécurité.

Le premier jour est réservé à la présentation du stage, du matériel individuel et collectif en dotation, à l’apprentissage des différents nœuds, au pliage et à l’enkitage d’une corde, ainsi qu’aux notions théoriques indispensables.

Les trois jours suivants sont consacrés aux exercices pratiques : encordement, installation des descentes et rappel de corde, main courante de surface, évolution sur corde à la montée ou en traversée, différentes techniques d’assurage, cas concret sur site urbain, grand rappel « en fil d’araignée ».
Le dernier jour, l’évaluation des stagiaires permet de valider leur capacité. Ce contrôle comprend une partie théorique et une évaluation pratique sur site avec un parcours comportant des ateliers techniques, en individuel et à deux.

Le niveau 2 , encore plus spécialisé, s’adresse exclusivement aux experts de l’intervention, en zone d’accès difficile. Il se déroule en site urbain, à Lyon ou à Paris, et comporte des mises en situation sur immeuble, entrepôt, grue, tour, relais hertzien et pont.
A ce niveau, la difficulté tient non seulement à la progression, qui doit être rapide, si possible sans bruit, mais aussi la technique d’interpellation d’un individu qu’il faut déloger, décrocher ou neutraliser en douceur, sans que personne ne tombe.
Cela, quel que soit le lieu, la hauteur ou la difficulté d’accès, afin que « force reste à la loi ». »


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Article tiré de Police Pro n°19 Janvier-Février 2010
Texte de Dominique Noel

Photos  © Stéphane Bommert

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