“UN HOMME d’une quarantaine d’années a pris en otages, hier, pendant près de huit heures, le directeur de l’ hôpital psychiatrique Esquirol et son adjointe, à Saint-Maurice. La séquestration s’est achevée par l’assaut des hommes du Raid qui l’ont interpellé et livré à la police judiciaire . Les deux otages ont été délivrés sains et saufs peu avant 22 heures. Tout a commencé vers 14 heures lorsque Jean-Pierre D.

s’est présenté, sous un faux nom, devant le secrétariat de la direction de l’hôpital pour un entretien. Jusque-là, rien n’apparaissait suspect aux yeux des membres du secrétariat installés dans les bureaux voisins. Ce n’est que vers 16 heures que la secrétaire du directeur commence à douter de cet « étrange rendez-vous qui dure anormalement » et de l’attitude du directeur qui lui donne ses instructions par téléphone, alors qu’il se déplace pour lui parler d’habitude. Quelques minutes plus tard, le téléphone retentit dans le bureau du directeur adjoint. Au bout du fil, un responsable du ministère de la Santé qui l’informe de la prise d’otages. L’adjoint est en émoi.

« Mauvais soins » reçus par sa fille
Il apprend que le visiteur a forcé le directeur de l’hôpital à appeler ses supérieurs pour réclamer une rançon de 150 000 ? (984 000 F) en dédommagement d’un préjudice moral qu’il dit avoir subi à cause de l’hôpital. Deux minutes après, les policiers de Charenton sont alertés de la séquestration. Aussitôt, l’hôpital est placé sous haute sécurité. Le cabinet du préfet et le parquet sont en effervescence. Une heure plus tard, le forcené ne lâche toujours pas ses otages malgré un début de négociations. Ils décident alors de faire appel aux policiers du Raid, qui rappliquent dans la demi-heure qui suit. Dans un premier temps, les hommes en noir du Raid entament des négociations par téléphone pour tenter d’obtenir la reddition de cet homme qu’ils savent armé. Et le preneur d’otages, qui réclamait dans un premier temps 150 000 ?, révise à la baisse sa rançon. De même que ses revendications, ses prétentions varient au fil des pourparlers. Il proteste contre les « mauvais soins » reçus par sa fille qui serait décédée dans cet établissement, décès qui aurait provoqué, selon lui, le suicide de son épouse. A l’hôpital, aucun des noms évoqués n’est mentionné pourtant dans les archives.
Une arme qui s’est révélée factice
Il est 20 heures. Alors que les négociations se poursuivent, dehors, les policiers d’élite du Raid se préparent à l’action. L’intervention semble imminente. Quelques minutes après, des hommes en civil arrivent dare-dare. Une mallette contenant probablement les fonds demandés en main, gilets pare-balles à l’évidence, ils avancent droits et silencieux vers le bureau où se déroulent les pourparlers toujours par téléphone. L’heure est toujours aux négociations. Deux heures plus tard, peu avant 22 heures, les choses se précisent. On aperçoit deux hommes du Raid claquer une fenêtre. L’assaut est donné. Blessé d’un coup à la tête, le preneur d’otages, qui était équipé d’ une arme qui s’est révélée factice , a été arrêté sans résistance. Il a été aussitôt remis aux hommes de la police judiciaire de Créteil qui mènent l’enquête. Les deux otages sont indemnes. « C’est réglé ! » lâche avec satisfaction un homme du Raid. Le directeur de cabinet du préfet et le substitut du procureur sont alors apparus souriants. Ils ont indiqué qu’une information judiciaire est ouverte pour déterminer les raisons exactes qui ont conduit cet homme à la prise d’otages. Chose sûre, selon la direction de l’hôpital, cet homme n’a jamais séjourné dans cet établissement psychiatrique.

 
Source : Le Parisien – article du 17 janvier 2002

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