L’ombre de Mohamed El Kihel ressurgit au hasard de ce fusil d’assaut vu sur Facebook et photographié à Montbéliard.

Le hasard fait parfois bien les choses… Mardi aux aurores, le GIPN fait irruption rue du Petit Chenois, à Montbéliard, et défonce une porte. Les policiers opèrent sur commission rogatoire de la juge d’instruction Sophie Baghdassarian, dans le cadre d’un trafic de stupéfiants. Dans le feu de l’action, Nabil T., l’occupant des lieux et « cible » du GIPN, a le nez fracturé.
En jetant un œil dans l’appartement, des enquêteurs reconnaissent un arrière-plan qu’ils ont récemment vu et qu’ils cherchaient à localiser. Une affaire fait place à une autre.
Au début de ce mois, les policiers héritent d’un renseignement anonyme désignant un garçon qui fanfaronne sur Facebook, une Kalachnikov dans les bras. Il ne fait guère de doute que le prénommé Sébastien s’est fait tirer le portrait dans ce même appartement du quartier de la Petite Hollande. La perquisition confirme les doutes. Si le fusil d’assaut reste introuvable, un chargeur de Kalachnikov est bien là. Le dossier « stups » est provisoirement mis en stand-by ; l’urgence semblant se situer ailleurs. Le volet « armes » s’accélère rapidement à l’aune de la personnalité des mis en cause, de leurs antécédents et surtout de leurs liens -passés ?- avec une figure du grand banditisme.

Fusillade et règlement de comptes

Mardi après-midi, les policiers montbéliardais interpellent, en pleine rue, l’homme qui a posé avec le fusil sur son profil Facebook. Ce garçon de 25 ans n’est pas connu de la justice. Lors de sa garde à vue, il livre le nom d’un troisième homme qui fait aussitôt « tilt » dans l’esprit des enquêteurs. Au même titre que Nabil T., cet autre Montbéliardais aujourd’hui âgé de 36 ans, était apparu, un temps, dans la nébuleuse trajectoire de Mohamed El Kihel, lors de la vague de braquages de banques qui avait défrayé la chronique entre 1998 et 2000. Une série qui s’était achevée, le 12 juillet 2000, par une intervention du GIPN, -déjà- rue du Petit Chenois. Avec l’interpellation du principal braqueur, ponctuée de coups de feux.
Lors du procès qui en avait découlé devant les assises du Doubs, en avril 2004, Nabil T., décrit comme l’un des lieutenants d’El Khiel, avait été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme. Voilà qui pose le décor. Un décor qui a repris du relief, le 16 avril 2012 lorsqu’une fusillade à la Kalachnikov a mis le feu aux poudres, dans ce même quartier de la Petite-Hollande. Avec pour prolongement, le 6 mai suivant, un règlement de comptes, à gros calibres, devant la prison de Montbéliard ; la victime ayant perdu une jambe dans l’histoire.
Or, pour le premier épisode, la présence sur les lieux de Mohamed El Khiel (condamné à 15 ans de réclusion mais ressorti de prison), avait été mentionnée de la bouche même du président du tribunal, Bruno Marcelin, lorsqu’il avait placé en détention trois hommes, en juin 2012, pour ces deux séries de faits.
Alors forcément, cette Kalachnikov qui a transité par le domicile de Nabil T. sentait la poudre et intéressait au plus haut point les enquêteurs. Le troisième homme « mouillé » par le prénommé Sébastien a bien été placé en garde à vue, mercredi, mais vite relâché ; comme il avait bénéficié d’un non-lieu pour sa supposée implication dans la série de braquages. À ce stade des investigations, rien ne permet de le renvoyer devant le tribunal.

En détention jusqu’au 3 octobre

Nabil T., lui, avait plus de mal à s’exonérer de toute implication. Ce Montbéliardais de 34 ans dit avoir « trouvé » l’arme. Au terme de ses auditions, il a été présenté au tribunal, ce jeudi matin, pour y être jugé en comparution immédiate. D’emblée, il a sollicité un délai pour préparer sa défense. Il a simplement lâché : « Je voudrais bien m’excuser mais de quoi ? L’arme était factice ». Ce à quoi le président Troilo lui a répliqué : « Le chargeur retrouvé chez vous, lui, ne l’est pas ».
Restait à statuer sur le devenir du mis en cause. « Dix condamnations à son actif dont bon nombre pour des violences et des menaces de mort. Sans oublier cette condamnation criminelle en 2004. Voilà quelqu’un qui n’a retenu aucune leçon et qui affiche un hermétisme avéré à tout ce qui relève de la pédagogie judiciaire. Il convient d’éviter des pressions sur les témoins et d’éventuelles déperditions de preuves », synthétise Vladimir Vukadinovic, au ministère public. Le tribunal a suivi le procureur et placé l’intéressé en détention jusqu’au 3 octobre, date à laquelle il sera jugé pour ces faits. L’ouverture d’une information aurait, peut-être, permis de renouer avec la trace d’El Kihel…”

Source : estrépublicain.fr – article écrit par Sam Bonjean le 12 septembre 2013

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