“L’histoire est banale, c’est celle de Marc Louboutin, presque un simple citoyen. Dès l’année 2002, il assiste à une invasion étrange. Des «Nicolas» apparaissent partout. L’auteur se souvient alors qu’il a été, dans une autre existence, officier de police durant seize ans. Il a travaillé à l’époque à Paris, Chambéry et Quimper. Mais un jour, il a décidé de rendre les armes et de démissionner.
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Fin 2006, Marc Louboutin prend l’un de ces «Nicolas» par la main et replonge avec lui dans son passé. Pour qu’au-delà du mot «sécurité» chacun comprenne enfin ce que le métier de policier peut signifier, en matière d’horreur, de violence, de reniement de soi, d’éducation…
 
De l’arrestation d’une balle en pleine tête d’un «ennemi» public à la fréquentation quotidienne de dealers porteurs d’une mort opiacée, en passant pardessus les cadavres, Marc Louboutin nous décrit ce métier de chien qui fut le sien. De ce voyage, on retiendra que rien ne se passe comme on l’affirme dans les discussions de salon, on apprendra qu’un policier doit parfois violer la toi pour la faire respecter. Qu’un bon commissaire, pour l’administration, n’est pas toujours celui qui dit la vérité. Et surtout que les héros de la sécurité sont aussi parfois des victimes.
 
Marc Louboutin.
Agé de 43 ans, il est journaliste et photographe freelance. Entre 1985 et 2001, il est Inspecteur puis Lieutenant de Police, successivement en poste à Paris, Chambéry et Quimper. Spécialiste des interventions de flagrant délit, il a encadré diverses unités (brigade des mineurs, poste ZUP, groupe d’intervention et de recherches, unité de traitement judiciaire, groupe de lutte contre les stupéfiants). Titulaire de la médaille de bronze des actes de courage et de dévouement pour l’arrestation en 1986 de Michel Vaujour, il a rendu cette décoration avec toutes ses lettres de félicitations avant de démissionner.
 
Métier de chien, lettres à Nicolas est son premier livre.
 
Extrait du livre :
L’école de police
 
Des armes, des chouettes, des brillantes
Des qu’il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu’il faut caresser comme pour le plaisir
L’autre, celui qui fait rêver les communiantes.
Léo Ferré, «Des armes».
 
Versailles. Hôtel de police. Stage d’application. Juillet 1985.
«T’as déjà vu un macchabée faisandé ?»
À ma réponse négative, l’inspecteur principal Piaggio se marre et me dit :
«Enfile ton blouson, on en a un qui traîne apparemment depuis quelque temps…»
Sourire entendu des témoins, qui semblent se délecter de voir leur stagiaire partir à son premier bal avec la Faucheuse…
La vraie. Pas la visite de famille à la dépouille raidie et aseptisée, lavée et arrangée, d’une aïeule sur son lit de mort, seule situation dans laquelle la plupart d’entre nous, et c’est heureux, côtoient la dégradation finale.
Non, c’est mon premier cadavre.
Dans la voiture, il me résume l’affaire :
«On a une mamie qui vit seule dans un appartement, les voisins ont prévenu à cause de l’odeur, les pompiers sont intervenus et ont fait ouvrir la porte par la concierge, découvrant le cadavre dans l’appartement. Apparemment cela n’a pas l’air suspect, mais notre boulot est de vérifier et de ne rien négliger.»
Pas d’affolement pour se rendre sur place. Un cadavre, cela peut attendre quelques minutes, pas la peine de sortir le gyrophare et les deux tons, comme dans les séries américaines. Nous nous garons devant un immeuble carré de quelques étages, moderne, propre, avec de grands balcons et des arbres qui masquent les baies vitrées immenses, caractéristiques des immeubles bourgeois.
Dès le hall, mon tuteur me dit : «Tu sens ?»
Froncement de nez.
«Au moins quinze jours qu’elle attend !»”

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