Le retour en métropole de combattants radicalisés de Syrie et d’Irak mobilise l’attention des autorités. Au RAID, la force d’intervention d’élite de la police nationale, on étudie de près le nouveau phénomène pour être capable de répondre à une attaque terroriste. « On ne se demande pas si ça va arriver, mais quand. »

Mehdi Nemmouche au Musée juif de Bruxelles, arrêté armé et par hasard le 30 mai par des douaniers à la gare routière de Marseille ; des centaines de ressortissants de retour en métropole après avoir combattu en Syrie et en Irak ; un Français supposé combattant de l’État islamique menaçant mi-octobre notre pays sur YouTube : « Autant de bombes que vous aurez lâchées en Irak et au Sham, vous aurez autant de meurtres comme l’a fait notre cher frère Mohamed Merah. »

Au RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion), l’unité d’intervention d’élite (ils détestent ce mot) de la police nationale, on étudie avec soin ces nouveaux phénomènes. Si le plan Vigipirate ne compte plus que deux niveaux publics au lieu de cinq (vigilance et alerte attentat), on a renforcé discrètement le dispositif dans toute la France.

Dans son antre de Bièvres – un ancien séminaire au sud de la région parisienne –, le RAID se prépare sans relâche dans le plus grand stand de tir à balles réelles de France (des véhicules peuvent y entrer) ou dans le CQB (Combat Quarter Battle), un appartement modulable pour les entraînements aux assauts en milieux clos. À l’état-major, on surveille l’évolution des menaces et du terrorisme. Pour se tenir prêt. « On ne se demande pas si ça va arriver mais quand. »

« Un défi pour les forces d’intervention »

Pour le contrôleur général Jean-Michel Fauvergue, chef du RAID et de la FIPN (Force d’intervention de la police nationale), « les menaces sont protéiformes, intérieures comme extérieures, dans une période très exceptionnelle ». Les retours de Syrie, d’Irak, peut-être de Libye un jour, suggèrent un noir panorama : « Ces gens vivent des choses particulières et peuvent importer des savoir-faire particuliers, voire des syndromes pathologiques. Des bombes à eux seuls ou en groupe. C’est un défi pour les forces d’intervention ici et les militaires à l’étranger. Nous échangeons d’ailleurs avec le COS (Commandement des opérations spéciales de l’armée) sur des modes opératoires qu’on peut retrouver ici. »

Le RAID et ses 185 fonctionnaires (130 opérateurs de terrain répartis en quatre groupes d’assaut, dont un d’alerte et un de renfort) ne travaillent d’ailleurs plus seuls dans leur coin (réseau Antennes RAID).

Avant Merah en 2012, les assassinats de masse de Mumbai en Inde en 2008 ont provoqué une prise de conscience : « Comment faire face à un tel événement ? Comment est-on organisé ? »

Au RAID, on pense aussi à ce que les policiers appellent le primo-intervenant, le fonctionnaire en patrouille qui tombera en premier sur le terroriste. Des stages « amok » de 15 jours tentent de réintroduire de la rusticité chez les fonctionnaires. « Face à la désinhibition par rapport à la violence et la mort, les policiers sont inhibés par l’usage de l’arme à feu. On pense aux conséquences, à une enquête éventuelle, une mise en examen. On ne sait plus ouvrir le feu pour fixer le terroriste. C’est un problème majeur » , grimace un officier du RAID qui interviendra beaucoup plus tard. Or le temps profite au terroriste.

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