Pour célébrer son cinquantenaire, la Brigade de Recherche et d’Intervention a proposé mardi 23 juin à 09h15 une démonstration de ses techniques d’intervention sur le parvis de la Bibliothèque Nationale de France.

Également connue sous le nom d’Antigang, cette prestigieuse brigade centrale de la Direction Régionale de la Police Judiciaire de la Prefecture de Police, met son expertise au service de la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme et s’illustre dans de nombreuses opérations délicates.

Historique de la BRI

Au début des années 1960, les vols à main armée augmentent considérablement en région parisienne ; braquages de banques et prises d’otages violentes se multiplient.

Devant les limites des méthodes classiques d’enquêtes, un jeune commissaire, François Le Mouel, propose à sa hiérarchie une nouvelle doctrine : la police d’initiative.

Au lieu de partir du crime pour remonter au criminel, les policiers doivent faire l’inverse.

Le 22 septembre 1964, avec l’accord du directeur de la police judiciaire, Max Fernet, la section de recherche et d’intervention vient de naître.

Sa mission : enquêter en amont sur les braqueurs présumés afin de les interpeller en flagrant délit et non une fois les faits commis. Intégré au départ à la brigade de voie publique dont une partie donnera également naissance à la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), le service prend le nom de Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) en 1966.

En 1972, au lendemain de la prise d’otages d’athlètes israéliens par des terroristes lors des Jeux Olympiques de Munich, les autorités françaises constatent qu’il n’existe aucun groupe d’intervention formé pour ce type d’opérations urgentes. La préfecture de Police crée alors la Brigade Anti-Commando, qui regroupe autour de policiers de la BRI, des unités d’autres services parisiens.

Au fil des affaires, la BRI, plus connue sous le nom d’Antigang, s’est forgée des compétences et un savoir-faire qui vont inspirer la création du RAID en 1985, sous l’égide de certains de ses anciens membres.

Le blindé de la BRI

Depuis 1995, la BRI dispose d’un véhicule d’intervention blindé. Cet impressionnant camion, objet désormais emblématique de la brigade, est utilisé comme poste de commandement, pour le transport de matériel sensible (armement, protections balistiques, matériels techniques…). Pourvu d’un épais blindage, il peut déposer un groupe d’intervention équipé sur un point potentiellement dangereux, grâce à son épais blindage.

Missions

La Brigade de Recherche et d’Intervention est le seul service qui allie missions de police judiciaire (surveillance, identification, filature et collecte de preuves ) et missions d’intervention en situation de crise.

Chargés de détecter les malfaiteurs susceptibles de se livrer à des actes de criminalités organisée, de surveiller et d’interpeller des suspects en flagrant délit, les enquêteurs de la BRI sont toujours prêts à s’engager face à des individus extrêmement dangereux.

La BRI assiste également d’autres services de police rencontrant des obstacles majeurs dans leurs enquêtes en effectuant des surveillances et des interpellations délicates au domicile de malfaiteurs dangereux. Elle vient en assistance à la Brigade Criminelle, notamment lors d’enlèvements avec demande de rançon et intervient lors de crises aiguës nécessitant la mise en œuvre de techniques et de moyens particuliers (prise d’otages, retranchement de malfaiteurs ou de forcenés, mutineries de détenus, etc.).

Avant d’envisager le recours à la force, le rôle de la négociation est crucial. Les membres de ses groupes opérationnels, aguerris aux filatures, surveillances et interpellations, sont répartis en cinq spécialités : négociation, effraction, varappe, tir de haute précision et intervention en milieu nucléaire, radiologique, bactériologique ou chimique.

A ces groupes opérationnels, s’ajoute un groupe de recherche et de documentation, chargé de collecter tous les renseignements relatifs au crime organisé et à ses membres, ainsi qu’un groupe de logistique et de formation.

En cas de crise, la force opérationnelle de la BRI qui compte 48 membres peut monter jusqu’à 110 policiers en formation anti-commando sur le premier périmètre de l’intervention avec l’appui d’autres unités  de la préfecture de Police : Brigade d’Intervention (BI) de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), cellule d’assistance technique de la direction de la police judiciaire parisienne (CAT), équipe cynophile de la direction de sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), dépiégeurs d’assaut du laboratoire de la Préfecture de Police (LCPP) et soutien médical (BSPP).

La BRI en formation anti-commando est en outre renforcée par la compagnie de sécurisation et d’intervention ou la brigade anti-criminalité nuit pour constituer le deuxième périmètre de l’intervention. Enfin, elle reçoit de la direction opérationnelle des services techniques et logistiques.

Au total, la BRI en formation anti-commando compte 280 membres.

La BRI anti-commando PP est une des trois composantes de la FIPN (Force d’Intervention de la Police Nationale) avec le RAID et les différents Groupes d’Intervention de la Police Nationale (GIPN).

Affaires marquantes

26 décembre 1967 : Sept malfaiteurs qui s’apprêtaient à dérober la recette des magasins du Louvre, sont interpellés aprés de nombreuses surveillances et filatures. A la suite de cette affaire qui est entrée dans l’histoire, la jurisprudence sur la “tentative punissable” a été modifiée.

1973 : A Brest, deux malfaiteurs prennent en otage le personnel de l’Ambassade de France pour obtenir la libération de l’un des leurs. Les otages sont libérés aprés négociation.

1974 : A la Haye, des terroristes prennent en otage un couple de personnes âgées après un hold-up manqué. L’un d’eux se suicide, l’autre se rend après négociation.

Aout 1977 : Après quatre mois de “planque”, la BRI libère le banquier parisien Bernard Mallet, enlevé dans le bois de Boulogne et enfermé dans la soute à charbon d’un pavillon du Plessis-Robinson.

23 janvier 1978 : Le Baron Edouard-Jean Empain est enlevé. Brigade Criminelle et BRI travaillent ensemble su le dossier.

8 mai 1978 : Jacques Mesrine, “l’ennemi public numéro un” condamné à vingt ans de prison, s’évade de la prison de la Santé. Après une cavale épique, il est stoppé par les balles de l’Antigang le 02 novembre 1979, prote de Clignancourt, à Paris 18°.

24 septembre 1981 : Quatre terroristes armés prennent en otage 51 personnes dans les locaux du consulat de Turquie. A l’issue de 15 heures de dialogue intense avec le chef du commando, celui-ci accepte de se rendre. Les otages révèlent alors que toutes les issues du consulat étaient truffées de charges explosives.

14 janvier 1986 : Des individus grimés et armés appartenant au “gang des postiches” attaquent le Crédit Lyonnais, rue du Docteur -Blanche à Paris 16°. Alertés par la centrale de surveillance, les policiers de la BRI et de la BRB se rendent sur place. Lors de la fuite des malfaiteurs, une fusillade éclate entre policiers et malfaiteurs. L’inspecteur de police de la BRI, Jean Vrindts, est tué. Un malfaiteur est abattu, un autre interpellé.

6 décembre 1994 : Cinq malfaiteurs du grand banditisme sont interpellés par la BRI en flagrant délit alors qu’ils viennent d’attaquer des convoyeurs de fonds de la Brink’s qui sortent d’un Crédit Lyonnais situé dans un centre commercial de Clichy-Sous-Bois (93). Ils sont interpellés alors qu’ils se préparent à attaquer un second fourgon de la même société à Noisy-le-Grand (94).

23 juin 2000 : Quatre hommes cagoulés attaquent un fourgon de la société Ardial. Les malfaiteurs ouvrent le feu. Ils sont interpellés par la BRI à Villemomble où ils cachent  leur butin, leurs armes et les voitures. Ils tentent  d’ouvrir le feu à nouveau sur les policiers, un des malfaiteurs est abattu et deux autres blessés par la riposte de la BRI.

2 mai 2003 : Les enquêteurs de la BRI, associé à la BRB, déjouent  le projet d’attaque d’un fourgon blindé de transport de fonds de la Brink’s à Champs-Sur-Marne (77).

Nuit du 13 au 14 décembre 2004 : Deux explosions visant le centre France Télécom et EDF de Melun entraînent une coupure d’électricité et de téléphone, privant notamment de communication le centre fort d’un transporteur de fonds. Dès le lendemain, quatre hommes suspectés par la BRI, sont interpellés à leur domicile. L’opération permet de découvrir armes de guerre, explosifs et plusieurs voitures volées.

18 janvier 2002 : Les frères jumeaux Lascar, après avoir ouvert le feu sur le domicile de leur troisième frère, se réfugient chez eux à Pantin. La BRI obtient la reddition d’un des frères et la libération de la mère. Le dernier frère engage le feu sur la colonne de la BRI avant de se suicider.

25 novembre 2014 : Deux braqueurs s’attaquent à une bijouterie Cartier aux abords des Champs-Élysées. Après avoir pris la fuite, les suspects se réfugient chez un coiffeur qu’ils prennent en otage dans son magasin dans le 15° arrondissement de Paris. La BRI en formation anti-commando obtient la reddition des malfaiteurs.

27 nombre 2014 : L’un des derniers parrains du milieu corse, Jean-Luc Germani, 49 ans, un des membres du grand banditisme le plus recherché de France, est interpellé par la BRI entre Puteaux et Neuilly.

Du 7 au 9 janvier 2015 : Après l’attentat au sein de la rédaction de Charlie Hebdo qui fera 12 morts dont deux policiers, et l’assassinat d’une policière municipale à Montrouge (92), la BRI intervient pour la première fois en formation FIPN (Force d’Intervention de la Police Nationale) avec le RAID. Après une prise d’otages dans une supérette casher sur le cours de Vincennes, elle neutralise le terroriste Amedy Coulibaly qui, au début de son attaque, a tué quatre personnes.”

 
 

  Source : Service de la Communication de la Préfecture de Police – Dossier de presse – 50 ans de la BRI – 23 juin 2015 Photo © Préfecture de Police

Author

admin@fipn-sdlp.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!