Le RAID célèbre aujourd’hui ses trente ans d’existence. L’unité d’intervention de la Police Nationale, confrontée aux prises d’otage, compte 300 policiers. A l’antenne de Rennes, ils sont une vingtaine. Rencontre avec ces hommes surentraînés et discrets.

C’est un grand bâtiment qui servait autrefois de bureaux à une administration. Aujourd’hui, l’endroit est occupé par des policiers d’élite qui tiennent à la discrétion.
L’adresse est tenue secrète. On dira juste que le quartier général de l’antenne Ouest du RAID se situe « dans la région rennaise ».
A côté du bâtiment principal, des petites maisons en friche, malmenées par les détonations des grenades d’exercice et par les fumigènes. C’est là que ces hommes s’entraînent.

Mercredi dernier, Fabrice, le chef, a une équipe sur le terrain. Ses hommes effectuent une reconnaissance pour la visite du Président Hollande attendu, lundi, au Mont Saint-Michel.
Renforcer le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République est une des missions du RAID.

Pour l’équipe d’astreinte, il a prévu un exercice de descente. Cela se passe au deuxième étage du bâtiment. Tel un alpiniste, un policier se glisse par la fenêtre et descend en rappel. Il touche le sol en quelques secondes. Son collègue, resté au deuxième, fait contrepoids, les jambes tendues contre une porte posée à terre et qui lui sert d’appui.

« Il faut imaginer toutes les configurations possibles et travailler l’appréhension du vide. Ces gestes sont répétés de nombreuses fois, détaille le capitaine. Pour libérer trois enfants retenus par leur frère à Nantes, nous avions mis en œuvre un cordage complexe depuis le toit de l’immeuble. Des hommes étaient en position pour protéger l’extérieur, et heureusement, car, à un moment, le forcené a sauté par la fenêtre. Nous avons réussi à le repousser dans son logement ».

Le patron jette un œil sur son portable dont il ne se sépare jamais, il a aussi un bip accroché à la ceinture. « On peut être appelé à tout moment pour une urgence, justifie t’il.
En 15 minutes, nous sommes prêts à partir ».

Les opérateurs du RAID, comme il les appelle, enfilent alors leur tenue complète d’intervention. Il faut un entraînement quotidien, avec endurance et cours de musculation, pour tenir la charge. Casque avec visière blindée, gilet pare-balles et armes avoisinent les 40 kg. Sans compter les boucliers. Celui qui protège le policier, en première ligne lors de l’assaut pèse au moins 30 kg !
« Quand on est dans le feu de l’action, on oublie le poids de l’équipement », confie l’un d’eux. Tous sont des tireurs hors pair. Quand un policier « normal » tire 30 balles par an, eux en utilisent près de 3 000 à l’entraînement.
L’an dernier, l’antenne du RAID a géré une soixantaine d’interventions sur les neuf départements de l’Ouest, dont une dizaine avec une prise d’otages ou un forcené.

Le plus souvent, l’unité prête main-forte aux autres services de police pour l’interpellation d’individus armés et dangereux.
Fabrice, ancien gardien de la paix, en est le chef depuis huit ans. Lui ne dit pas « unité d’élite ». C’est une image médiatique, ça. Nous sommes bien entraînés, car on nous donne du temps et des moyens.
Ces dernières années, nous n’avons eu aucun blessé : ni chez nous, ni en face et on a sauvé des gens ».

Dans son groupe « soudé et très disponible », il y a des spécialistes en effraction, en maniement d’explosifs, des tireurs haute précision et des négociateurs qui doivent s’adapter à de nouvelles menaces.

Leur matériel a évolué, leurs techniques aussi pour faire face à d’éventuelles attaques terroristes. Le capitaine reste discret sur le sujet. « On reproduit des cas réels qui ont eu lieu en France et à l’étranger », confie-t-il.

A 45 ans, Fabrice n’’es pas lassé de cette vie professionnelle particulière qui demande un grand investissement. « J’aimerais poursuivre encore quelques années avec mon équipe ».

 
Fusionné avec le GIPN depuis le printemps
Trente ans
Le RAID (Recherche Assistance Intervention Dissuasion) a été créé le 23 octobre 1985, à l’initiative du tombeur de Jacques Mesrine, Robert Broussard, alors adjoint du directeur général de la Police Nationale, chargé de la lutte anti-terroriste. Le directeur du SRPJ d’Ajaccio, Ange Mancini, en a été le premier directeur.
Interventions
Parmi les interventions les plus connues du RAID : la prise d’otages au palais de justice de Nantes, en décembre 1985 ; l’arrestation des chefs d’Action Directe en 1987 ; la libération des écoliers de Neuilly pris en otage par Erick Schmitt alias « Human Bomb » en 1993 ; l’arrestation en 2003 d’Yvan Colonna, condamné pour le meurtre du préfet de Corse Claude Erignac ; la libération des otages de l’Hyper Cacher de Vincennes, à Paris, en janvier dernier, en collaboration avec le GIGN.
Effectifs
Depuis 2013, le RAID est dirigé par Jean-Michel Fauvergue. En avril dernier, l’unité d’élite a intégré dans ses rangs les sept Groupements d’Intervention de la Police Nationale (GIPN) dont celui de Rennes. Ce qui porte ses effectifs à un peu plus de 300 membres.
 
 
Source : Ouest France – article écrit le 23 octobre 2015 par Nathalie Flochlay
Photos © Joel Le Gall

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