A partir de 4h20 et jusqu’en fin de matinée, une impressionnante opération du Raid, dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris, a frappé la commune de Seine-Saint-Denis d’effroi. 

Tout a commencé au cœur de la nuit. C’est à 4h20, selon un communiqué officiel du parquet de Paris, que le Raid a lancé mercredi matin son opération sur un appartement à Saint-Denis.

Leur cible principale : Abdelhamid Abaaoud, membre de l’Etat islamique, chef opérationnel présumé des attentats de Paris de vendredi soir, qu’il a revendiqués. Le lieu visé : un appartement de Saint-Denis situé à l’angle de la rue de la République et de la rue Corbillon, à une vingtaine de minutes à pied du Stade de France, qui était l’une des cibles des attentats de vendredi. Le dispositif est impressionnant : les troupes d’élite du Raid bien sûr, mais aussi des militaires chargés de sécuriser le périmètre, et un hélicoptère pour survoler la zone.

L’assaut est extrêmement violent. Les habitants de la commune endormie se réveillent au son des rafales de kalachnikovs et de fusils d’assaut. Et sont pris de panique, comme témoigne, sur fond de détonations, Martine, une habitante du quartier, sur Europe 1, vers 5 heures du matin.

Une femme se fait exploser.

Les policiers du Raid sont en fait accueillis par une rafale de kalachnikov tirée par une femme, une kamikaze qui active sa ceinture d’explosifs immédiatement après. Elle est la première victime officielle de l’opération. Elle est aussi la première femme à se faire exploser en France. La déflagration est telle que, selon Europe 1, le plancher de l’un des étages s’effondre.  Cela ne met toutefois pas fin à l’assaut, qui se prolonge pendant plus d’une heure.

Le Raid parvient tout de même à extraire trois hommes de l’appartement. Ils sont immédiatement placés en garde à vue. Deux autres personnes, un couple, sont interpellées dans la rue dont, probablement, le propriétaire du lieu, qui assure avoir rendu service en hébergeant deux personnes “qui venaient de Belgique”.

Cazeneuve dans les sous-sols de Beauvau.

Parallèlement, dès le début de l’opération, Bernard Cazeneuve se rend dans les sous-sols du ministère de l’Intérieur, place Beauvau, où se trouvent deux salles, une salle opérationnelle et une salle décisionnaire. Le ministre tient évidemment informés, minute par minute, François Hollande et Manuel Valls. Les deux têtes de l’exécutif avaient d’ailleurs été, selon les informations d’Europe 1, informées d’une opération imminente dès mardi soir. Vers huit heures, les trois hommes se retrouvent à l’Elysée, dans le bureau du président de la République. Ils suivent l’évolution de la situation mais ne passent aucun ordre, aucune consigne, faisant confiance aux forces d’intervention. Ils sont ensuite rejoints par Christiane Taubira, ministre de la Justice, et  Jean-Yves Le Drian. Le chef de l’Etat, le Premier ministre et les trois ministres resteront dans le bureau jusqu’au Conseil des ministres, à 10 heures. C’est au cours de cette réunion qu’a été présenté le projet de loi visant à prolonger l’état d’urgence pour une durée de trois mois.

Deux morts, sept personnes interpellées.

A Saint-Denis, peu après 5h30, la situation se fige. Les tirs ne sont plus que sporadiques, puis s’éteignent définitivement. Pour autant, l’opération n’est pas terminée, elle se poursuivra jusqu’en fin de matinée. L’heure est alors au bilan. Outre la femme kamikaze, un homme retranché dans l’appartement est également mort. En tout, sept personnes ont été interpellées. Trois policiers ont par ailleurs été blessés pendant l’assaut.

“Cette population est traumatisée”.

Saint-Denis, elle, est traumatisée. “J’ai été, comme beaucoup d’élus, appelé à 4h30 par des habitants qui étaient paniqués”, témoigne pour Europe 1 Stéphane Peu, maire adjoint de la commune. “Cette population est traumatisée, comme beaucoup de Français, par les attentats de vendredi, mais peut-être encore plus en raison des trois attentas que notre ville a connus vendredi soir”, explique l’élu, faisant référence aux trois explosions qui ont eu lieu aux alentours du Stade de France.

La mairie de Saint-Denis a pris des dispositions immédiates pour venir en aide aux habitants évacués de leur logement. “Nous avons ouvert la mairie dès 5h15 ce matin pour accueillir les éventuels blessés et les personnes évacuées des habitations alentour” précise Stéphane Peu. Les écoles du centre ville ont été fermées, et les transports en commun, bus métro, tramway, paralysés. Après Paris, c’est au tour de Saint-Denis de réapprendre à vivre. “

Source : Europe 1 – article écrit le 18 novembre 2015 par Rémi Duchemin

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