Le patron de la Brigade de recherche et d’intervention raconte ce jeudi matin sur ITELE comment ses hommes sont intervenus dans le Bataclan  à partir de 21h40, vendredi 13 novembre.

 

Pas à pas, minute par minute, Christophe Molmy décrit « une scène de crime impressionnante » où les policiers n’entendent «pas un bruit, pas une complainte», ni des victimes, ni des personnes valides.

« Dès qu’on a su qu’il y avait des coups de feu dans Paris, on y est allés d’autorité», débute le chef de la BRI, qui précise : « On n’a pas reçu d’ordre d’intervenir ». Les hommes de permanence pour les opérations en urgence se dirigent d’abord vers Charonne, puis arrivent au Bataclan à 22h15.
« Dès 22h15, il n’y a plus un seul coup de feu », continue Christophe Molmy, décrivant une « extrême tension ». En effet, les hommes de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) ont abattu un premier terroriste et «figé le carnage». Les terroristes sont retranchés quelque part dans la salle de spectacle, avec des otages.
A 22h45, tous les hommes de la BRI sont présents à l’intérieure du Bataclan. Ils inspectent les lieux, « placard par placard, toilette par toilette ». Un travail « extrêmement long », d’autant qu’à chaque avancée, il faut prendre en compte les otages, vérifier qu’ils ne sont pas des terroristes puis les évacuer.
 

«Les otages ne sont plus une monnaie d’échange»

A 23h15, l’un des otages communique à travers une porte avec les policiers. Sur les ordres des terroristes, il crie à la BRI de s’arrêter. Après avoir obtenu un numéro de téléphone, les négociateurs échangent avec les jihadistes lors de cinq appels de quelques minutes. « Ils voulaient qu’on s’en aille », explique Christophe Molmy, précisant qu’aucune négociation n’est possible. Il faut aller au plus vite. «Les otages ne sont plus une monnaie d’échange», poursuit-il, différenciant ce type d’interventions de celles connues par «nos aînés».

23h45. L’autorisation de l’assaut est donnée par le préfet de police, sur place depuis le début de l’intervention. Une première colonne franchit la porte, mais ne tire pas tant que les otages sont présents. Christophe Molmy livre un détail qui illustre l’atmosphère dans les rangs des policiers à ce moment-là : une seconde colonne est formée derrière la première, elle est « simplement destinée à passer sur les premiers si les premiers restaient par terre ».
Ils voient une ombre et tirent

Le patron de la BRI raconte ensuite comment le bouclier utilisé par la première colonne a été criblé de 27 impacts de balles. Les policiers encaissent les coups sans tirer, tant que les otages sont présents. Pour exfiltrer les otages, il faut passer le bouclier de 80 kilos par-dessus les otages. Une fois les otages évacués l’affrontement commence.
Les terroristes sont poussés au bout d’un couloir étroit. Le bouclier tombe vers l’avant et découvre les deux policiers en tête de colonne. Exposés, les deux membres de la BRI «voient une ombre », tirent de concert et touchent un terroriste. Extrêmement rapide, la suite reste floue, même pour Christophe Molmy : l’enquête déterminera si l’autre terroriste a déclenché sa ceinture d’explosifs ou si c’est une balle de la BRI qui a activé la bombe. La menace est neutralisée.
Cette attaque des terroristes au Bataclan a fait 89 morts.”
 

Source : Le Parisien – article écrit le 19 novembre 2015
 
 

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