Quatre-vingt-dix détenus ont, hier midi, semé le trouble au Camp-Est. Entre jets de pierres et départs de feux, pompiers et forces de l’ordre, débarqués en masse, ne sont pourtant pas intervenus. Les dégâts sont importants mais aucun blessé n’est à déplorer.

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Les sirènes se font entendre, stridentes et nombreuses. Au loin déjà, une colonne de fumée noire laisse supposer que le Camp-Est a craqué. Comme l’an dernier (lire note édition du lundi 16 juillet 2012), et alors que le personnel pénitentiaire et les forces de l’ordre défilent avenue du Maréchal-Foch, à Nouméa, 90 détenus piquent une colère.

Craindre.

Il était midi, hier, quand ils ont allumé plusieurs feux dans le centre de détention ouvert (CDO) du Camp-Est. « La salle de sport, la bibliothèque, les locaux du personnel et une réserve », selon Paul-Marie Claudon, directeur du cabinet du haut-commissaire, ont été la proie des flammes durant plus de deux heures et demie. Et ce, alors que, dehors, les hommes du feu attendaient. « Nous ne pouvons œuvrer tant que le quartier n’est pas sécurisé, expliquait un officier. Et à mon avis, nous ne serons là que pour assurer les arrières des forces en action. »

Des forces débarquées en nombre et de manière spectaculaire. Mais quarante minutes après l’arrivée des pompiers. Gendarmes mobiles et véhicules blindés, policiers du GIPN casqués et armés de flash-ball et de gaz lacrymogènes ont encerclé le CDO. Evitant les énormes pierres volant à toute allure bien au-delà des murs. Mais aussi les barres de fer, les ballons de foot ou même les tuyaux de canalisation atterrissant parfois sur le parking de la prison, où étaient postés pompiers attentifs et badauds effarés.

« Ça doit être un sacré bordel là-dedans, supposait Léon, 67 ans, venu rendre visite à son petit-fils. J’ai jamais vu autant de pompiers et de policiers, c’est impressionnant. La cavalerie a débarqué et je crois qu’ils vont prendre cher. Je m’inquiète d’ailleurs pour mon petit-fils. Mais, j’espère pour lui qu’il ne fait pas partie des fous. Sinon, c’est moi qu’il devra craindre. »

Que Léon soit rassuré, vers 15 heures, la cavalerie ressortait du Camp-Est sans avoir dû en découdre avec les détenus. Ces derniers auraient, en effet, accepté de regagner leurs cellules s’ils étaient accompagnés du personnel pénitentiaire. Evitant ainsi de se frotter aux hommes en bleu.

Calme. 

« Les détenus se sont calmés d’eux-mêmes vers 14h30, expliquait, hier soir, Paul-Marie Claudon, après avoir rencontré la direction du Camp-Est. Nous avons mobilisé des forces suffisantes pour répondre à la situation. Une mobilisation plus spectaculaire à l’extérieur qu’à l’intérieur puisqu’elles ne sont pas intervenues. Il ne s’agissait que d’un prépositionnement pour prévenir tout débordement. »

Quant aux raisons qui ont poussé les 90 prisonniers à se révolter, elles sont, comme l’an dernier, loin d’être claires. D’ailleurs, il n’y aurait pas eu de négociations. « Il s’agit d’un mouvement spontané, irréfléchi, ajoute Paul-Marie Claudon. Ce n’est qu’une fois le calme revenu que l’on nous a fait part d’un certain nombre de revendications. » Concernant les conditions de détention d’une part, et la prise en charge des détenus (activités, réinsertion, etc.), de l’autre.

Et si les syndicats estiment déjà que le coup de sang était attendu (lire ci-contre), le directeur de cabinet préfère, lui, parler de la prison comme « d’une science inexacte basée sur l’humain. Un univers particulier fait d’incertitudes où le mode d’expression choisi n’est jamais le mieux adapté. ».”

Source : lnc.nc – article du 15 juillet 2013

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