
« Fondé en 1985, le RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion) compte plusieurs unités spécialisées. Parmi celles-ci figure la cellule négociation, dirigée par Olivier, commandant de police. Lors des interventions, son équipe joue un rôle clé pour résoudre pacifiquement les crises.

Quel a été votre parcours dans la police ?
Une fois ma maîtrise de droit obtenue, j’ai passé le concours d’officier de police. Ma volonté d’aider les personnes et de faire respecter la loi m’a motivé à rejoindre la police nationale. Pendant quinze ans, j’ai occupé différents postes en sécurité publique. Cette expérience m’a conforté dans le fait que j’aimais le contact avec les citoyens. Dans ma carrière, j’ai toujours privilégié le dialogue et l’écoute, deux outils essentiels pour réduire les conflits.
En 2017, j’ai rejoint le RAID en tant qu’adjoint de la cellule négociation. Depuis 2022, j’occupe la fonction de chef de ce groupe.
Comment fonctionne la cellule négociation du RAID ?
Le RAID s’est doté en 1997 d’une cellule dédiée à la négociation, suite à la prise d’otage de l’école de Neuilly en 1993, aussi appelée affaire « Human bomb ». Actuellement, le RAID compte 80 négociateurs répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin dont une cellule à l’échelon central du RAID de 6 agents, hommes et femmes, et un psychologue. Nous sommes tous policiers et avons suivi une formation initiale de quatre semaines. Nous continuons de nous perfectionner chaque jour afin d’être en mesure de répondre aux nouvelles menaces auxquelles nous pourrions être confrontés au gré de l’actualité.
En moyenne, la négociation est employée sur plus d’une centaine d’interventions par an sur l’ensemble du territoire.
Quelles sont les qualités requises pour exercer votre métier ?
Les négociateurs sont des personnes naturellement empathiques, patientes mais avant tout animées d’une volonté sincère d’aider les personnes. Nous n’intervenons ni pour être directifs ni pour juger les personnes retranchées, preneuses d’otages ou suicidaires. L’idée est de discuter avec elles, de comprendre comment et pourquoi elles en sont arrivées à cette situation et de tout mettre en œuvre pour envisager l’issue la plus paisible pour les éventuels otages mais aussi pour eux. Les négociateurs ne jouent pas un rôle, il faut être profondément sincère pour établir un lien de confiance.
Dans quelles situations les négociateurs du RAID interviennent-ils ?
Nous intervenons dans des situations de « haute intensité », c’est-à-dire des situations à risque : personne suicidaire armée, forcené, preneur d’otage, terroriste… Les profils sont très variés. De nombreux individus présentent des problèmes psychiatriques mais peuvent également être « Monsieur et Madame tout le monde » qui craquent, suite à une accumulation de mauvaises nouvelles qui s’enchaînent.
En parallèle de nos interventions sur le terrain, nous dispensons nos techniques de désescalade de la violence lors de formations auprès d’élus, de sénateurs ou encore d’huissiers.
Certaines crises ont pu durer plus d’une dizaine voire une vingtaine d’heures. La négociation, c’est un escalier à monter tout en franchissant un à un les paliers. Il ne faut pas brûler d’étape, trouver le bon timing d’échange. Le choix des mots et du ton employé est fondamental.
Autre critère primordial : les négociateurs doivent s’intéresser à de nombreux sujets pour être à même d’échanger avec les personnes retranchées. Problèmes d’emploi, droit d’asile, divorce… Les membres de la cellule négociation continuent à se former en permanence sur différents sujets.
Comment se déroule concrètement une négociation ?
Dans l’urgence, le RAID peut être appelé par tous les services de police. Son engagement est validé par le directeur général de la police nationale. Nous arrivons en renfort sur une situation à risque avec toutes les composantes de l’unité : colonne d’assaut, groupe médical d’intervention, équipe cynophile, snipers…
Lors d’une crise, un binôme de négociateurs est spécialement chargé de tenter d’obtenir la résolution pacifique de celle-ci. Il peut compter sur le soutien opérationnel du reste de l’équipe qui recherche toutes les informations sur la personne retranchée. Ce travail de récolte de renseignements est primordial puisque cela nous permet de mieux cerner le profil de l’individu et d’ajuster notre propos.
Une fois sur place, nous réalisons une prise de contact avec la personne retranchée, par téléphone ou avec un porte-voix. Dans 90% des cas, nous parvenons à obtenir le numéro de la personne via ses proches. Nous commençons par nous présenter calmement pour instaurer le dialogue. L’idée est de parvenir à un juste équilibre entre le fait de dévoiler des informations personnelles nous concernant pour tisser un lien de confiance et rester totalement hermétique, ce qui pourrait conduire à un échec de la négociation. Puis, nous allons tout mettre en œuvre pour dégonfler la situation, convaincre la personne retranchée de sortir de manière pacifique et de libérer calmement les otages s’il y en a. Nous expliquons à la personne retranchée que se rendre reste la meilleure des solutions afin de ne pas aggraver la situation.
Je suis satisfait de ma mission lorsque j’ai le sentiment d’avoir sauvé des personnes. »
Source : police-nationale.interieur.gouv.fr – article écrit le 24 septembre 2025
Photo @ police nationale