
« Depuis janvier 2024, Guillaume Cardy est à la tête du RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion). Ce service spécialisé fête ses 40 ans en 2025. À cette occasion, le chef du RAID revient sur la création et la constante adaptation de cette unité pour intervenir sur des missions à haut risque.
Pouvez-vous revenir sur la création de cette unité ?
Le RAID fêtera officiellement ses 40 ans le 23 octobre 2025. Après les attentats des Jeux olympiques de Munich en septembre 1972, sept GIPN (groupes d’intervention de la police nationale) ont été créés. Relevant des autorités de police locales (actuelles directions interdépartementales de la police nationale « DIPN »), ces GIPN avaient compétence pour gérer les affaires les plus sensibles. Il n’existait pas d’unité d’intervention à compétence nationale. La BRI (brigade de recherche et d’intervention) de la préfecture de police, dans sa composition BRI-BAC créée en 1974, pouvait, sur autorisation du ministre de l’Intérieur, se transporter en tout point du territoire non couvert par un GIPN mais cette mise en œuvre demeurait exceptionnelle.
Sous l’impulsion de Robert Broussard, d’Ange Mancini puis de Christian Lambert, le ministre de l’Intérieur Pierre Joxe décidait, dans le cadre du plan de modernisation de la police nationale, de doter cette dernière d’une unité d’intervention compétente sur tout le territoire national (hors Paris intra muros), directement placée sous l’autorité du directeur général de la police nationale. Le 1er chef du RAID était naturellement désigné : Ange Mancini. Depuis sa création, cette unité est chargée de lutter contre toutes les formes de terrorisme ou de banditisme et d’intervenir à l’occasion d’événements graves nécessitant l’utilisation de techniques et de moyens spécifiques. Elle assure également des missions de protection des hautes personnalités. Des sélections avaient alors permis de recruter 80 opérateurs parmi 1 200 candidats.
En 2009, la FIPN (force d’intervention de la police nationale) a été créée pour placer la BRI-BAC et les GIPN sous l’autorité du chef du RAID. Cette structure non permanente a été déclenchée lors de l’attentat de l’Hyper Casher en 2015. Le RAID a ensuite intégré les GIPN de métropole (2015) puis d’outre-mer (2018/2019) pour en faire des antennes RAID. Six nouvelles antennes ont été créées entre 2016 et 2023.
Doté d’un drapeau depuis 2003, le RAID a été décoré de la médaille de la sécurité intérieure échelon or en 2012 et de la médaille pour acte de courage et de dévouement en 2015. Depuis la création de l’unité, trois opérateurs ont été tués en opération.
Où est implanté le RAID ?
La direction du RAID est basée à Bièvres dans l’Essonne (91). Ce site est chargé d’histoire puisqu’il abritait le château de Bel Air, construit au XVIIe siècle par Louis XIV pour sa favorite Louise de La Vallière.
Le RAID compte aujourd’hui un échelon central, 16 antennes (10 en métropoles et 6 en outre-mer) et un échelon de coordination zonale sud. Notre implantation ainsi que nos moyens de transport, notamment héliportés, nous permettent d’intervenir très rapidement sur l’ensemble du territoire national.
Quelles sont ses valeurs et ses missions ?
La devise de l’unité « servir sans faillir » est synonyme pour tous les hommes et femmes du RAID d’un engagement absolu au service de nos concitoyens et de la protection de nos institutions. La nature de nos missions exige courage, détermination, sang-froid et une grande disponibilité. La discipline et la confiance réciproque permettent au groupe de surmonter les crises les plus intenses et les dangers les plus extrêmes.
Le RAID intervient en assistance des services dans le domaine de l’intervention (terrorisme, prise d’otages, forcenés, criminalité organisée…), de la protection des autorités (en France, en Syrie et au Liban), de la sécurisation des grands événements, de la formation également tant dans le cadre de la coopération internationale (30 actions en 2024) que dans le cadre universitaire (diplômes universitaires) ou professionnel (huissiers, élus…).
En 2024, nous avons été saisis à 1 500 reprises dont environ 50% pour des interpellations à domicile d’individus dangereux ou armés.
De combien d’effectifs le RAID est-il composé et quels métiers y figurent ?
Le RAID compte aujourd’hui un peu plus de 500 personnels dont environ 430 personnels actifs. Les femmes sont représentées à hauteur de 10%. Comme tout service de police, nous disposons de services administratifs, de gestion en ressources humaines, budgétaires logistiques… Cet appui est essentiel pour engager les unités d’intervention. Nous disposons également d’un état-major H24 qui centralise toutes les sollicitations et informations et assure la coordination entre toutes les composantes du RAID.
Les métiers sont multiples. Sans tous pouvoir les citer, nous avons des opérateurs d’intervention dont beaucoup possèdent des spécialités rares (effraction, varappe, parachutisme, plongeurs…), des tireurs de haute précision, des unités cynotechniques, des négociateurs, des médecins, des spécialistes des communications ou du NRBC (risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique), des armuriers, des pilotes de drones, un service formation…
Comment cette unité s’adapte sans cesse pour être toujours opérationnelle ?
Les opérateurs, tous sportifs accomplis, suivent un entraînement quotidien de haute intensité afin de maintenir leur niveau d’expertise. Chaque semaine, des simulations issues de situations réelles permettent d’améliorer nos process, de tester de nouveaux matériels. L’apprentissage est permanent.
Par ailleurs, nous réalisons de la veille technologique permanente, de la recherche et développement et travaillons avec les industriels pour améliorer nos équipements. Notre unité peut ainsi se déployer en totale autonomie. »
Source : police-nationale.interieur.gouv.fr – article écrit le 5 septembre 2025
Photo @ Police Nationale