« Le député (LREM) Jean-Michel Fauvergue a plaidé pour un commandement unique RAID/GIGN, à l’instar du commandement des opérations spéciales (COS) du ministère de la Défense. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb y est favorable, sous une forme à définir.
INFO L’ESSOR – Le GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et le Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion) seront-ils regroupés prochainement sous un commandement unique ? Cette hypothèse, qualifiée il y a quelques semaines encore de « pistes de travail » prend du corps.
Cette fois-ci, c’est le ministre de l’Intérieur lui même, Gérard Collomb, qui s’est prononcé pour cette solution, devant la commission élargie de l’Assemblée Nationale, ce jeudi 26 octobre au soir.
« Faut-il un commandement unique d’intervention? Je crois que oui. Il faut en tout cas qu’il y ait quelqu’un qui soit responsable et qu’il n’y ait pas, au moment le plus névralgique, une espèce d’hésitation pour savoir qui a la responsabilité de l’intervention et donc je pense qu’il faudra aller vers un commandement uniques des forces d’intervention. Sous quelle forme, nous en discuterons ensemble, mais il faut qu’à un moment donné on sache effectivement qui décide. » Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur.
Un tel commandement unique, dans les tuyaux depuis plusieurs mois au ministère de l’Intérieur, serait amené à remplacer l’Unité de coordination des forces d’intervention (Ucofi), composée aujourd’hui d’une poignée d’hommes seulement, pour la transformer en unité de commandement.
Un nom circule déjà dans les rangs des forces d’intervention : le commandement des opérations de la sécurité intérieure.
Lire aussi : BRI, GIGN et Raid: la piste d’un commandement des opérations spéciales
Le rapprochement à l’étude depuis plusieurs mois
La déclaration ministérielle clôt en tous cas plusieurs mois d’incertitude sur le devenir des forces d’intervention sous la présidence d’Emmanuel Macron.
En mai, Gérard Collomb avait, par une petite phrase, laissé envisager un futur rapprochement de ces unités.
Puis, dans sa feuille de route aux préfets, dévoilée en septembre, il avait confirmé l’existence d’une réflexion autour d’une « rationalisation des modes d’intervention des différentes forces d’intervention ».
Lire aussi : Le chaud dossier de la coordination de la BRI, du GIGN, et du Raid
Il existe cependant pour le moment un grand absent : la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) de la Préfecture de police de Paris. Il est assez piquant de constater que le député Jean-Michel Fauvergue (LREM, Seine-et-Marne) « oublie » cette force d’intervention dans sa question au ministre de l’Intérieur. Les relations entre l’ancien patron du Raid et Christophe Molmy, le chef de la BRI, étaient, en effet, notoirement exécrables. Du reste, Jean-Michel Fauvergue, au contraire en très bon termes avec le général Hubert Bonneau, patron du GIGN, rappelle depuis plusieurs années être favorable à un commandement commun entre ces deux unités d’intervention de la Police et de la Gendarmerie nationales.
« Quant à la coordination des forces d’intervention que sont le RAID et le GIGN, certains de nos interlocuteurs ont préconisé un commandement unique, à l’image de ce qu’est, au ministère de la Défense, pour les forces spéciales, le commandement des opérations spéciales, rappelle Jean-Michel Fauvergue. J’y suis favorable. Une telle organisation solderait définitivement les conflits de compétence qui surgissent toujours aux moments les moins opportuns. Elle contribuerait aussi à mettre en cohérence les matériels et la recherche, avec, à la clef, une baisse de la dépense publique. »
La place de la Préfecture de police
Que deviendrait alors la BRI en cas de création d’un tel commandement ? « Elle pourrait être amenée à se recentrer sur son cœur de métier, la police judiciaire, tout en étant disponible pour des missions d’intervention, à l’image des antennes du GIGN ou du Raid », pronostique un membre du GIGN.
Pas sûr qu’une telle marginalisation soit bien acceptée dans les rangs de la Préfecture de police de Paris.
La puissante institution, un temps dans le viseur de Jean-Jacques Urvoas, alors simple député, est, cette fois-ci, ciblée par Jean-Michel Fauvergue, qui estime que « l’intégration des directions et services spécialisés de la Préfecture de police dans les structures centrales de la direction générale de la police nationale ne peut que permettre d’importantes économies financières et humaines ».
La réponse du ministre est éloquente. « La Préfecture de police de Paris accomplit un travail extraordinaire, elle est aussi très vigilante sur le respect de ses prérogatives », constate Gérard Collomb. Le ministre conclut cependant par un avertissement « Mais nous devons construire une structure pleinement adaptée au 21e siècle ». »
Source : L’Essor de la Gendarmerie Nationale – article écrit par Gabriel THIERRY avec Matthieu GUYOT le 02 novembre 2017