« Compte tenu de leur professionnalisme, les membres des GIPN assurent régulièrement des missions de formation à l’étranger. Le Service de Coopération Technique International de Police  (SCTIP) permet, en effet, d’implanter des fonctionnaires spécialisés dans 160 pays à l’heure actuelle, en fonction des besoins locaux en termes de formation, d’assistance ou de protection.A ces opérations extérieures récurrentes viennent s’ajouter des missions exceptionnelles en zone e combat, notamment au Liban dans le cadre de l’extraction de ressortissants. Pour répondre à ces besoins spécifiques, des roulements s’organisent entre les GIPN et le RAID.
Les missions extérieures des membres des GIPN ne datent pas d’hier… En effet, depuis le début des années 1990, les groupes de la métropole ont l’opportunité d’envoyer des hommes en mission dans des pays étrangers, parmi lesquels le Brésil, le Mali, le Soudan, le Liban, l’Afghanistan, les Emirats arabes unis.

Les opérations récurrentes étant principalement axées sur l’aspect formation et la protection des intérêts  français à l’étranger.

Pour le capitaine Dispans, de la cellule GIPN de la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) sur Paris, il s’agit « d’une véritable reconnaissance du savoir-faire des groupes dans le cadre de formations internationales très appréciées et renouvelées ».

Les équipes qui se relèvent sur place bénéficient en retour d’une expérience à l’international qui les change de leur travail au quotidien en métropole. Le fait de travailler en collaboration avec d’autres forces dans un contexte différent permet de s’enrichir à leur contact et d’accroitre la perception du danger éventuel en interne, au sein des groupes.

De même, la mise en place de stratégies de défense dans des situations que l’on ne retrouve pas forcément en France est incontestablement un plus qui va dans le sens d’une adaptation des méthodes, voire de la création de nouvelles techniques ou procédures.

L’occasion, plus rare en métropole, de travailler avec des militaires constitue sur ce point une richesse, dans le cadre, notamment, d’un échange de savoir-faire.

A tout cela s’ajoute, bien entendu, la motivation liée à la découverte d’un pays différent et de sa population.

Pour les Afghans, par exemple, ces formations sont l’occasion d’améliorer leur savoir-faire en termes de sécurité intérieure et particulièrement de lutte contre les stupéfiants, l’Afghanistan  étant, en effet, le premier pays producteur d’héroïne au monde…

Depuis début 2005 , les sept GIPN de métropole participent en Afghanistan à des formations auprès des unités de police spécialisées dans la lutte contre les trafiquants de drogue. Cela, dans le cadre d’une coopération différente du volet purement militaire que l’on connait sur place.

Les hommes du GIPN forment ainsi les policiers locaux aux méthodes d’interpellation en milieu confiné et de démantèlement des laboratoires.

A ces méthodes particulières vient s’ajouter une formation de base alliant exercices physiques, tir et combat.

Les personnels français assurent des rotations sur des périodes de quinze jours à un mois. Ainsi, quatorze missions de ce type ont été effectuées, à ce jour.

Leur terme n’est pas déterminé, et la formation réservée jusque-là à des unités de Kaboul pourrait bientôt s’adresser  à des forces du nord du pays.

Les hommes du GIPN travaillent à ce niveau avec , notamment , des contractors américains présents sur place et affectés aux mêmes missions. Par exemple, à Kaboul, les contractors ont mis en place une école pour la formation des NIU (Narcotrafic  Interdiction Unit) afghanes : 120 hommes sélectionnés par les Américains  et payés par les Britanniques sont formés à la lutte contre la drogue.

Ces Afghans sont gérés  par la DEA et encadrés, équipés par les contractors.

Ils interviennent  avec de gros moyens dans le cadre du démantèlement des laboratoires.

Les membres des GIPN, très appréciés pour leur professionnalisme  par les Américains, collaborent entre autres avec les contractors sur place, à Kaboul, bénéficiant même à l’occasion de leur équipement (4×4, Mi 8, etc.) et de leur armement (CZ, MP5, explosifs, etc.).

Suite aux tensions ravivées dans ce pays, le GIPN est présent au Liban depuis le mois de mars 2006.

En effet, le ministre des Affaires étrangères a souhaité y renforcer la protection des intérêts français  à Beyrouth. Par période de roulement de deux mois, ce sont sept membres des groupes d’intervention de métropole qui sont envoyés sur place (onze durant la période la plus critique, du 12 juillet au 08 août 2006).

Si les hommes du GIPN ont été choisis, c’est pour leur capacité physique et moral, ainsi que pour leur savoir-faire dans le domaine de la protection et du maniement des armes.

A la demande du Service de Coopération Technique  Internationale de Police de Nanterre, et sous la responsabilité du lieutenant de police chargé de la sécurité de l’ambassade de France à Beyrouth, les hommes du GIPN assurent sur place la protection de l’ambassade et de l’ambassadeur.

Cela, en appui des effectifs d’autres groupes de protection de la Police Nationale et de l’ambassade.

La famille de l’ambassadeur de France a été évacuée jusqu’à Damas, en Syrie, dès le début des hostilités.

Mais, au plus fort de la crise, durant l’été 2006, au cœur de la plainte de la Bekaa, les Français ont participé à des missions essentiellement terrestres, avec appui d’hélicoptères de l’armée de terre, dans le cadre d’évacuation de ressortissants.

Bernard, membre du GIPN de Bordeaux, a été projeté au Liban du 18 juillet au 18 septembre 2006.

« Le 11 juillet, le dernier avion qui s’est posé à Beyrouth a été pris à partie… Nous avons donc atterri à Chypre, d’où nous avons regagné Beyrouth en ferry, avec une première idée de ce que serait la situation sur zone », explique-t-il.

Sur place, son groupe est chargé de la protection de l’ambassadeur de France, sous la responsabilité du lieutenant de Police, chef de la sécurité d l’ambassade.

« Chacun a amené son vécu et son expérience. Venant d’horizons variés, on se complémentait. Les personnels de la sécurité de l’ambassade connaissent bien la topographie, par exemple. En tant que GIPN,  j’étais chargé de la sécurité rapprochée de l’ambassadeur, mais j’ai également pu participer à des opérations d’extractions de ressortissants  au sud du pays. Nous avons ainsi pu mettre à profit notre expérience en protection rapprochée ainsi qu’en lutte anti-sniping, lors des déplacements de l’ambassadeur » précise Bernard.

Pour lui, le contexte de guerre convient très bien aux membres du GIPN, entraînés à gérer  des périodes de crise extrêmes, comme les situations d’urgence générées par des prises d’otages : « Nous nous sommes rapidement intégrés au dispositif et adaptés aux situations rencontrées, même si nous n’en avions pas forcément l’habitude en métropole : lors de la protection de cortèges par exemple, nous avons été pris à partie par des membres du Hezbollah et avons dû  mettre en place une stratégie de repli sur Beyrouth. Bien sûr, sur place nous n’évoluons pas sans appui militaire  et nous bénéficions de la mise en place de couloirs pour nos déplacements ».

Lors des évacuations de ressortissants, les hommes du GIPN interviennent  notamment en appui feu avec le commando Hubert (marine nationale).

« Le courant est bien passé, confirme Bernard, chacun acceptant le travail de l’autre… Cette expérience malheureusement, est très bénéfique pour nous, par le biais de contacts avec les forces armées et la population ».

Olivier, brigadier au GIPN de Marseille, a été détaché, avec l’un de ses collègues, à la sécurité de l’ambassade de France à Beyrouth, du 25 mai au 05 août 2006, au plus fort de la crise.

Sa mission, en tant que garde détaché au ministère des Affaires étrangères, regroupe alors plusieurs objectifs : garde des locaux, surveillance des sites sensibles, protection  et accompagnement des diplomates et de leurs familles. « Nous  avons eu  également à remplir sur place des missions de formation : protection rapprochée, tir à armes  longues et armes de poing, conduite de véhicules pour extractions, tonfa, etc. » énumère le brigadier.

Trois fonctionnaires du GIPN ont été spécialement affectés à la protection de l’ambassadeur, responsables du  dispositif de sécurité : un  à l’épaule  et les deux autres en flanc gauche en alternance.

« Durant le conflit opposant Israël  au Hezbollah, au plus fort de la crise, nous avons effectué des missions d’extractions de ressortissants français et étrangers…  En fait, durant ces missions au Liban, en dehors de l’aspect formation, notre savoir-faire utilisé  en métropole n’a pas vraiment été appliqué : il faut dire que l’on comptait sur nous principalement  par rapport à notre capacité d’intervention en situation de crise et pour notre expérience dans le maniement des armes ».

Le 14 juillet 2006, trois hommes du GIPN participent à l’extraction et à l’évacuation de sept personnes prises au piège dans des bombardements à l’est du pays, à Ras el-Baalbek,  dans la plaine de la Bekaa.

Dans le nord, deux fonctionnaires du GIPN partent jusqu’à la frontière syrienne pour effectuer une reconnaissance afin d’évacuer les premiers français ainsi que la famille de l’ambassadeur.

Le 15 juillet, quatre fonctionnaires du  GIPN ainsi que des gardes de sécurité conduisent l’ambassadeur  et sa famille  à la frontière syrienne  vers la France.

Les 18 et 19 juillet, quatre policiers dont deux membres du GIPN, sous l’autorité du lieutenant Balcerzak, responsable du groupe de sécurité de l’ambassade, partent dans le sud du pays, à Nabatiyé, en zone de combat, afin de mettre en place un convoi permettant  d’évacuer 123 personnes  réfugiées dans un collège français.

D’autres personnes seront également extraites, par le GIPN, d’une ville bombardée.

Les 22 et 23 juillet, neuf policiers dont quatre membres du GIPN ainsi que huit éléments du commando Hubert de la marine nationale, renouvellent l’opération, toujours au sud du Liban, pour évacuer 97 personnes sur Beyrouth.

Même procédure les 26 et 27 juillet, avec quatre membres du GIPN, pour évacuer six personnes.

Puis les opérations sont suspendues ou placées sous contrôle militaire.

Le 05 août 2006,  les membres du GIPN sont évacués d’une ville bombardée, en bateau vers Chypre, puis en avion vers Paris.

Les hommes du GIPN ont été appréciés sur le terrain par les forces armées présentes sur place.

Un bel exemple d’échanges et de complémentarité entre forces de police spécialisées et forces armées sur un théâtre d’opérations sensible, lors de missions délicates. »

Article tiré de Police Pro n° 03 Mai-Juin 2007

Texte de Olivier Merlin

Photo © TF1

 

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