« Le RAID (pour Recherche, assistance, intervention, dissuasion) a été créé il y aura 40 ans, le 23 octobre 1985. À l’occasion de cet anniversaire, Le Courrier de l’Ouest revient sur une intervention restée dans de nombreuses mémoires d’Angevins (Maine-et-Loire). C’était le 23 novembre 2018, en pleine crise des Gilets jaunes. Un homme armé d’une grenade et d’une charge létale d’explosifs avait alors été maîtrisé après de longues heures de négociation.

Fondé le 23 octobre 1985 par le ministre de l’Intérieur de l’époque Pierre Joxe « pour faire suite à la vague d’attentats qui sévissait en France », explique son patron actuel Guillaume Cardy, le RAID fête ses 40 ans d’existence cet automne 2025.

Aujourd’hui, plus de 500 personnes travaillent au RAID, en comptant le personnel administratif. Ils étaient 80 lors de sa création. Les hommes et les femmes du RAID sont des opérateurs hautement spécialisés : effraction, varappe, parachutisme, tireurs haute précision, négociation, médecins, pilotes de drones, brigade cynotechniques… Environ 10 % des effectifs sont des femmes.

En 2024, le RAID est intervenu à 1 500 reprises, dont la moitié pour des interpellations à domicile d’individus dangereux ou armés. Par le passé, l’unité s’est illustrée lors de la prise d’otage du tribunal de Nantes en 1985, l’arrestation des leaders d’Action directe en 1987, la prise d’otages de l’école maternelle de Neuilly en 1993, la neutralisation du gang de Roubaix en 1996, l’arrestation d’Yvan Colonna en 2003, la neutralisation de Mohamed Merah en 2012, la prise d’otage de l’Hyper Cacher, les interventions au Bataclan et Saint-Denis en 2015, le double assassinat de Magnanville en 2016 ou encore l’évacuation de l’ambassade de Kaboul en 2021.


Flashback sur une intervention du RAID à Angers

En Maine-et-Loire, de nombreux Angevins se souviennent d’un soir de novembre quand une équipe du RAID est arrivée de Rennes pour neutraliser un forcené dans la station service d’Espace Anjou à Angers. Retour en arrière.

L’alerte est donnée à 16 h 45 ce vendredi 23 novembre. Un homme de 45 ans, porteur d’un gilet jaune, s’est installé dans la station de lavage d’Espace Anjou, à Angers. Une grenade à la main, il menace de se faire exploser. Des témoins de la scène préviennent les forces de l’ordre et un important dispositif s’est rapidement déployé. Les unités locales de la police angevine, dont la brigade anticriminalité et la section d’intervention, rejoignent les patrouilles déjà sur place. Un périmètre de sécurité est établi.

Le directeur départemental de la sécurité publique se rend sur les lieux, accompagné de ses adjoints. La compagnie de CRS, mobilisée à Angers pour contrer d’éventuelles actions des gilets jaunes, grossit le dispositif. Des négociations sont engagées avec le forcené. Outre la grenade dégoupillée dans sa main, les autorités s’inquiètent de la présence d’explosifs. Une crainte qui sera plus tard confirmée.

Des tracts où figuraient des instructions pour fabriquer une bombe

Alors que les discussions se poursuivent avec l’un des fonctionnaires de la Bac, une équipe de déminage arrive sur place. Les hommes du RAID prennent position peu après 19 heures. Un négociateur de ce même RAID est également dépêché depuis Paris.

Tout au long de la soirée, le périmètre de sécurité est étendu. Selon les policiers sur place, dans le but de protéger les nombreux curieux, en cas d’explosion ou de tirs. Les axes routiers alentour sont coupés à la circulation alors que la galerie commerciale et les restaurants proches sont évacués au compte-goutte. Les pompiers et le SAMU sont eux aussi envoyés de nombreux véhicules.

Selon certains gilets jaunes, mobilisés à l’Espace Anjou depuis une semaine, l’homme de 45 ans était lui aussi impliqué dans les différents blocages de ces derniers jours. Quand la majorité des manifestants offraient bonbons et viennoiseries aux automobilistes, lui distribuait des tracts où figuraient des instructions pour fabriquer une bombe. Les manifestants pacifiques du mouvement, toujours postés au rond-point de l’Espace Anjou, ont rapidement pris leurs distances, regrettant que leur action soit discréditée par cet acte isolé.

À 18 h 30, la préfecture indique que les revendications de l’homme sont floues. Il aurait demandé à rencontrer le président de la République. Il exige que les gilets jaunes soient reçus à l’Élysée. À distance très rapprochée, protégés par un bouclier balistique, les négociateurs échangent longtemps avec lui. Il n’est pas dans une attitude belliqueuse, affirme une source policière.

A 22h40, près de six heures après le début de l’intervention, l’homme dépose les armes avant de se rendre.

Les négociations ont payé et permettent de mettre un terme à une situation tendue, sans effusion de sang.

Décrivant l’intéressé comme déterminé et clair dans ses paroles, le préfet indique qu’en plus de la grenade, il était équipé d’un dispositif de mise à feu relié à des explosifs fixés autour de son cou. C’est quelqu’un qui connaît les explosifs répète ce soir-là le préfet, indiquant qu’il portait un signe distinctif des parachutistes.

Un peu plus d’un an plus tard, le forcené comparaissait devant le tribunal à Angers. On apprenait alors qu’il portait un collier explosif qu’il avait fabriqué lui-même à partir de tolite, un explosif qu’il avait trouvé dans des restes de grenades lacrymogènes récupérés sur le site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. L’engin était parfaitement opérationnel et relié à un système de mise à feu qu’il tenait à la main.
Notre journaliste écrivait à l’époque : À 46 ans, il est un peu survivaliste, un peu zadiste, solitaire et cérébral, un peu vendangeur à l’occasion. Il a aussi ses idées : des idées prises de droite et de gauche et surtout à gauche. Il dit encore qu’on n’est plus en démocratie en France, depuis que les députés ont passé outre le référendum de 2005.

Après un an de détention provisoire, le forcené d’Espace Anjou était condamné à deux ans de prison ferme avec interdiction de détenir une arme pendant dix ans. »

Source : Ouest-france.fr – article écrit le 22 octobre 2025 par Alain Saunier, Cyprien Mercier et Jean-Yves Lignel
Photo @ AFP

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