« Deux officiers ont été affectés à la sécurité de l’ancien chef de l’État, incarcéré à la Santé depuis mardi.
Un président en prison, c’est un événement inédit dans l’histoire de France. Dans ce contexte, et au regard des craintes qui entourent sa sécurité dans l’univers carcéral, Nicolas Sarkozy a été incarcéré avec deux policiers chargés de sa protection, selon des informations de TF 1-LCI que Le Parisien est en mesure de confirmer de sources officielles.
Mercredi matin, le ministre de l’Intérieur a justifié ce dispositif « visant à assurer sa sécurité ».
L’entourage de Nicolas Sarkozy n’a pas fait de commentaire : « L’évaluation de la menace relève de la compétence exclusive du ministère de l’Intérieur. Sur le sujet particulièrement sensible de la sécurité de l’ancien président de la République, vous comprendrez qu’on ne puisse rien dire de plus. »
Les deux officiers font partie de ses gardes du corps habituels issus du SDLP, ancien service de protection des hautes personnalités. Selon nos confrères, les deux officiers ont été installés dans la cellule voisine. Ces fonctionnaires de police, dépendant du SDLP, donc de la Direction générale de la police nationale, ont été mobilisés après évaluation de l’UCLAT (Unité de coordination de la lutte antiterroriste). Cette décision a été prise lundi à la suite d’une réunion à la direction générale de la police nationale.
Nicolas Sarkozy a été écroué mardi matin à la prison parisienne de la Santé. « Il fera 3 semaines ou un mois » de détention, a déclaré son avocat Christophe Ingrain sur la chaîne d’information en continu.
Placé à l’isolement
L’ex-président est pourtant placé à l’isolement, quartier réservé à certains détenus pour leur sécurité. Selon un fonctionnaire connaissant les lieux, le quartier de l’isolement est composé de quinze cellules.
Ce régime va permettre d’assurer à la fois « la sécurité de M. Sarkozy et le bon ordre de l’établissement », a expliqué sur RTL le directeur de l’administration pénitentiaire, Sébastien Cauwel.
C’est « tout sauf un traitement de faveur », a insisté Christophe Ingrain, devant les portes de La Santé où il venait de laisser son client.
L’ancien président s’est présenté à la Santé ce mardi matin. « Il est rentré, il a salué les personnes qui l’attendaient pour exécuter les formalités de la détention », a raconté son avocat.
Paquetage et rondes régulières
Après le placement sous écrou et la fouille, les détenus sont conduits en cellule. Pour les personnalités sensibles, il est mis en place une procédure de « blocage », destinée à prévenir toute interaction avec les autres détenus.
Un paquetage contenant du linge de maison, des sous-vêtements, du papier-toilette, de la vaisselle et des couverts y attend les arrivants, soumis les premiers jours à une procédure d’évaluation de leur état psychologique : la nuit, à intervalles réguliers, un surveillant allume la lumière et contrôle par l’œilleton, selon un agent.
« Il est dans une cellule de 9 m2, il y a du bruit tout le temps », a commenté en fin d’après-midi son avocat et ami Jean-Michel Darrois, après son premier entretien au parloir avec Nicolas Sarkozy.

La pièce est équipée d’un lit et d’un bureau rivés au sol, d’une chaise en plastique, d’étagères, d’une douche et de toilettes sans rabat, d’une plaque chauffante, d’un réfrigérateur et d’une télévision (payants), d’un pêle-mêle en bois pour des photos, selon un ancien détenu.
Nicolas Sarkozy pourra utiliser un téléphone mural (payant) pour appeler des numéros préenregistrés. Ses conversations pourront être enregistrées. Il ne pourra pas être appelé.
Promenades solitaires
Selon Me Ingrain, il aura droit à « une heure de sortie par jour dans une cour grillagée, seul ». Cette cour n’a pas de vis-à-vis. Sébastien Cauwel a évoqué des promenades « deux fois par jour ».
Selon un planning établi, il aura également accès à une des trois salles de sport du quartier d’isolement, toujours seul, ainsi qu’à une petite pièce faisant office de bibliothèque. Le reste du temps, l’ancien président restera « enfermé en cellule » et bénéficiera, comme les autres détenus, de « trois droits de visite par semaine de sa famille », selon Me Ingrain. Il pourra voir « ses avocats quand il le souhaite ».
« Il envisage de passer son temps en écrivant, en faisant le plus de sport possible, en recevant les visites de sa famille et de ses avocats », a déclaré Me Darrois. Ses repas seront servis par un fonctionnaire et non, comme dans les autres secteurs de La Santé, par un autre détenu, un « auxi ». « L’objectif est qu’il ne croise jamais d’autre détenu, ni dans sa cellule, ni dans les salles d’activité, ni en cour de promenade, ni à l’occasion des parloirs », a ajouté maître Cauwel.
Pour sa première journée en détention, « il a fait du sport », « il a commencé à écrire son livre », a commenté sobrement Me Darrois, visiblement ému par la situation de son client pas comme les autres. »
Source : Leparisien.fr – article écrit le 21 octobre par Ronan Tésorière et Jean-Michel Décugis
