« Le médecin-chef de la BRI, Denis Safran, raconte à BFMTV son intervention le 13 novembre 2015 au sein du Bataclan pour tenter de sauver les blessés, touchés par les balles des terroristes.
« Un spectacle d’apocalypse ». Le 13 novembre 2015, le professeur Denis Safran de la BRI, brigade de recherche et d’intervention, est appelé pour intervenir dans la salle de concert du Bataclan, ciblé par les terroristes de Daesh. Avant d’arriver sur les lieux, il ne sait pas ce qu’il se passe. Il apprend sur le trajet, entre le 36 quai des Orfèvres et la salle de spectacle, qu’une « tuerie de masse » est en cours.
« Mais on n’en sait pas plus », se rappelle-t-il sur le plateau de BFMTV ce mardi 12 novembre, à la veille des dix ans des attentats les plus meurtriers sur le sol français. « C’est en arrivant qu’on va pouvoir constater l’ampleur de la catastrophe. »
« Les premières images commencent sur le trottoir, dans la rue Oberkampf où nous avons garé les voitures, à distance du Bataclan bien entendu pour que la colonne (de la BRI, NDLR) se forme », raconte le médecin-chef. « Je vois que dans les courettes, il y a des blessés ».
Puis, « déjà, devant le Bataclan », « la scène d’apocalypse » s’impose à lui. Les chaises et les tables du restaurant à côté sont renversées. Le sol est jonché de verres, des blessés sont présents. Mais c’est en ouvrant les portes de la salle de concert, qui donnent sur la fosse, qu’il « réalise ». « Je vois les centaines de gens entassés les uns sur les autres, et des corps inanimés sur des fauteuils », témoigne-t-il. « La seule question que je me pose, c’est: qu’est-ce que je vais faire? ».
« Attrapez-moi les barrières, on va s’en servir de brancards »
En arrivant sur les lieux de la tuerie, la BRI ne sait pas s’il y a encore des terroristes, combien ils sont, où ils sont et si le bâtiment est piégé. « Si le bâtiment est piégé, tout va tomber sur les victimes et les personnes encore vivantes. Donc la première chose que l’on se dit, c’est qu’il faut sortir le maximum de gens, le plus rapidement possible, et évacuer les blessés très graves vers les secours en zone sécurisée », affirme Denis Safran.
Situé à l’entrée de la fosse, le médecin de la BRI commence par s’occuper des personnes qui fuient, notamment les blessés graves « traînés par leurs copains ou d’autres victimes ». « Dans le feu de l’action », il n’a pas peur.

En guise de brancards, il a l’idée d’utiliser les barrières métalliques. « J’ai immédiatement l’idée de dire aux policiers qui étaient sur place, attrapez-moi les barrières, vous les mettez à l’horizontale, on va s’en servir de brancards ». Avant de pouvoir sortir un bref instant et de courir vers les pompiers pour réclamer du matériel.
« Pas question » pour lui « de faire des soins médicaux sophistiqués » à ce stade: « Si vous passez une demi-heure sur un blessé, il y en a peut-être 50 autres autour dont vous ne vous occupez pas et que vous ne faites pas évacuer ».
Aujourd’hui, Denis Safran dit n’avoir aucune idée du temps qu’a duré cette « mission », « dans ces circonstances, on ne remplit pas de chronogramme ». Ni du nombre de blessés dont il s’est occupé, seulement qu’ils étaient « beaucoup, beaucoup ». Au total, 90 personnes sont mortes au Bataclan et des centaines ont été blessées.
Le médecin-chef de la BRI assure sur BFMTV n’avoir jamais craqué. « J’ai eu la chance d’être occupé les jours suivants. Dès le matin, j’étais auprès du préfet de police, du ministre puis de la BRI pour faire les perquisitions etc. », souligne-t-il. »
Source : Bfmtv.com – article écrit par Juliette Brossault le 12 novembre 2025
Photo @ DR
