Interview Pierrick Colin

Passé et parcours militaire

U. R : Quel est votre parcours ?

Mon parcours dans la sécurité privée découle en fait au départ de celui développé dans les sports de combats et arts martiaux.

Pratiquant depuis mon plus jeune âge, des personnes connaissant mon parcours ont fait appel à moi pour intégrer un service de sécurité dans des organisations de concert. J’étais encore lycéen et c’est la première fois que j’entrevoyais la possibilité d’allier mes passions à une application professionnelle.

En parallèle de mes études post Bac, j’ai poursuivi ce type de mission dans le milieu de la nuit qui est une école exceptionnelle, emprunte d’un réalisme brutal qui confronte nos compétences au résultat immédiat de l’application réelle.

Ne me reconnaissant pas réellement dans ce que me proposait la continuité de mes études post BAC +2 et étant fortement attiré par d’autres aventures, j’ai tout quitté et me suis engagé dans un régiment parachutiste.

Pierrick Colin avec Paris Hilton

Début dans la Protection Rapprochée

U. R : Pour quelle(s) raison(s) avez-vous décidé de vous diriger dans la Protection Rapprochée ?

Quand s’est posée la question de ma reconversion professionnelle, la protection rapprochée semblait répondre à deux axes importants : Mes aspirations personnelles et mes compétences développées 

Permanence de l’entrainement et exigences opérationnelles, travail par intermittence sous forme de missions, valises toujours prêtes et découverte de milieux différents… mais également les aspects psychologiques et comportementaux des actions et réactions humaines, l’importance stratégique des mises en place et anticipations et tout ce qu’il me faudrait découvrir et apprendre encore.

J’étais conscient qu’il s’agissait d’une profession difficile d’accès et peu structurée mais je me suis lancé.

U. R : Comment vous êtes-vous formé et auprès de qui ?

C’est HP Formation qui m’a accueillie dans cette démarche de reconversion.

A l’époque, le métier n’étant pas réglementé et les formations non obligatoires pour exercer (cela semble aujourd’hui impensable)

Il existait très peu de structures de formation sérieuses.

Celle d’Henri Petry (ancien GIGN/GSPR) qui d’une manière très avant-gardiste, proposait d’enseigner à des privées des compétences développées dans les services institutionnels, a tout de suite attiré mon attention.

U. R : Quelle a été la durée de cette formation et son contenu ?

Les formations à l’époque duraient 6 mois.

Cela nous permettait de couvrir le spectre très large des applications de la profession avec un contenu de formation étendue.

U. R : Avez-vous pu signer un contrat de suite après votre formation ?

J’ai eu la chance de mettre un pied assez rapidement dans le milieu.

A la suite de ma formation finissant major de stage de ma promotion, Henri Petry m’a fait la joie et l’honneur de me proposer de travailler avec lui au sein de ses structures (formation & opérations).

U. R : Combien de temps avez-vous travaillé en tant que APR, sur le terrain ?

Depuis ma sortie des institutions, je n’ai jamais cessé d’exercer y compris à ce jour. Il me semble important de rester sur le terrain afin d’en appréhender les évolutions et de les enseigner

U. R : Comment avez-vous rencontré Stéphane Meunier ?

J’ai été appelé en 2003 par un grand groupe de sécurité pour créer leur centre de formation (DIAMS Sécurité).

Peu de temps après, Stéphane Meunier sortait de l’institution et nous nous sommes rencontrés dans la perspective de créer des programmes et des méthodes d’entrainement issus de nos expériences croisées.

Stephane Meunier avec l’Instructeur Zéro

U.R : Vous avez dirigé Diam’s Sécurité, c’était le premier centre de formation de Protection Rapprochée en France ?

En fait, ce n’était pas le premier puisque Henri Petry par exemple, avait déjà créé quelques années auparavant, l’un des tout premier centre de formation spécialisé dont je suis issu.

Par contre, le centre de formation de DIAMS Sécurité que j’ai créé et dirigé était le premier qui appartenait à un grand groupe avec comme ambition première de former ses propres équipes.

C’était un projet très ambitieux et très novateur à cette époque que de mettre en place un centre de formation au service de projets opérationnels. Nous bénéficions alors de moyens exceptionnels tels que des véhicules blindés, des bateaux d’escorte etc. qui servaient à la fois à nos missions et à nos formations.

Cela nous a permis de travailler sur des contenus pédagogiques, des ateliers d’application et des méthodes d’entrainement qui ont été très novateurs dans le monde de la sécurité privée de cette époque.

C’est à cette période que nous avons créé des éléments de formation comme le tronc commun aux métiers de la sécurité, les sigle A3P, CPA (conducteur privé d’autorité) qui font références aujourd’hui dans la profession.

Pierrick Colin avec Robert Paturel

Groupe 9 Academy

U. R : Pour quelle(s) raison(s) avez-vous quitté Diam’s Sécurité pour créer le Groupe 9 Academy ?

DIAMS Sécurité était un grand groupe avec des ambitions et des objectifs financiers qui ne nous semblaient pas toujours en accord avec nos impératifs et nos volontés opérationnelles et humaines.

Stéphane (Meunier) et moi-même avons alors décidé de continuer à développer notre vision commune de ces métiers en créant nos propres structures afin d’en maîtriser les applications dans leur globalité.

U. R : Quel(s) changement(s) avez-vous opéré par rapport à Diam’s ?*

Cela a été un prolongement de ce que nous avions commencé.

La maitrise des ressources humaines qualifiées dans les métiers de la protection physique des personnes.

 Le concept initial du GROUPE 9 (d’où le nom et la notion de groupe) est de former les personnels que nous projetons et encadrons en opération.

La vocation de la formation c’est les impératifs du terrain, de la mission, et des employeurs.

Trop longtemps la profession a été plongée dans un mythe encombrant et irréaliste et la part d’ombre du métier cachait plus d’incompétence que de réelle maitrise.

U. R : Qui sont les formateurs du Groupe 9 ? De quels services viennent-ils ?

GROUPE 9 est une grande famille.

Nous recrutons rarement sur CV que ce soit en formateur ou en opérationnels. En ce sens, les formateurs, tout comme les personnels encadrants sur les missions (ce sont souvent les mêmes) sont issus, soit du centre de formation lui-même, soit du réseau pro et institutionnel.

Mais il existe une particularité légale unique en sécurité privée qui ne nous permet pas de parler de notre passé institutionnel. C’est aberrant à mon sens, mais c’est ainsi.

Nous ne pouvons donc davantage communiquer sur le parcours de nos encadrant et c’est bien dommage. Car ils apportent une plus-value importante pour le secteur privée qui est valorisante pour tout le monde et permet d’identifier les réalités des compétences.

U.R : Vous proposez un panel de formations, pouvez-vous en parler ? laquelle est la plus demandée ?

Nous avons trois départements très distincts au sein de l’académie :

  1. Les formations initiales en sécurité privées (essentiellement Protection Rapprochée et MAC et modules complémentaires)
  2. Les formations en entreprise contre les risques en postes de travail (notamment liés aux troubles du comportement et agressivité)
  3. Les formations spécialisées en entreprises (liées aux spécificités des activités ou du territoire)

Combien de stages en formations de protection rapprochée faîtes-vous par an ?

Nous avons décidé de ne faire que deux sessions par an (février et octobre) afin de ne pas inonder un marché saturé avec trop de nouveaux agents.

Cela nous permet de travailler dans la qualité et de faire identifier clairement les profils G9 auprès des employeurs.

U.R : Comment se compose le centre d’entrainement ?

Nous avons reproduit un concept d’entrainement militaire type village de combat.

C’est un grand espace de 600m2 avec un grand open space modulables selon les ateliers de travail, des salles de cours avec vidéo projecteurs et tableau, des pièces de mise en situation, magasin etc.

Les personnes extérieures en entrant dans le centre ont parfois l’impression d’être dans un décor de cinéma ! On ne peut apprendre ce métier dans une salle de cours.

Il faut préciser que tout une partie des formations se déroule en extérieur de nos locaux afin de mettre en application les apprentissages dans la configuration finale d’application (mission ville).

U.R : Quelle est la durée d’un stage, le stage se constitue de combien de candidats ?

Une session de formation en protection rapprochée dure 9 semaines.

Après de nombreux combats, la profession a enfin réussi à uniformiser un contenu de formation sur cette durée sortie par décret (GROUPE 9 ACADEMY a participé à la rédaction de ce référentiel).

Le nombre de candidats est limité à 12 par session.

La protection rapprochée est un travail très vaste, proposez-vous toutes les spécificités (tir, conduite, explosifs…) ?

C’est effectivement une profession aux applications vastes et spécifiques (d’où la durée de la formation). Les stagiaires ne s’attendent généralement pas à un contenu aussi complet et étendu.

Il y a bien sûr les spécificités que vous citez mais également beaucoup d’études sur la réglementation, le droit pénal, les analyses comportementales, la gestion des conflits, de la violence, des analyses préparatoires et exécutoires etc.

Le tir (armement) par contre est dissocié de la formation initiale puisqu’il fait l’objet d’une formation (et d’une carte professionnelle) complémentaire ainsi que l’impose la loi.

U. R : Vous avez, avec Stéphane Meunier, élaboré le code TANKO , de quoi s’agit-il ?

Nous nous sommes rendus compte qu’il était extrêmement difficile de forcer l’analyse et les réactions saines des stagiaires en situations dégradées. La plupart du temps, ils étaient capables en débriefing d’expliquer ce qu’ils auraient dû faire mais incapable de le mettre en œuvre sous pression.

Nous avons donc revu une nouvelle fois notre copie de travail et élaboré un code de procédure, avec des actes réflexes à décliner selon les situations.

C’est le code TANKO. Et nous sommes très satisfait de son efficacité à l’application.

U. R : Quels sont les profils des candidats ? De quels secteurs de travail viennent-ils ?

Si nous devons schématiser, il y a essentiellement 3 types de profil :

Des personnels travaillant déjà dans le milieu de la sécurité privée et souhaitant évoluer dans leurs missions (et sur un plan de rémunération également)

Des personnels venant des institutions (gendarmerie, police, militaire) et souhaitant se diriger vers le privé

Des personnes issues d’horizons divers (sportif, combattants, autres) et qui pour une raison personnelle, veulent se réorienter vers ce métier.

U. R : Quel est le pourcentage de candidats qui est diplômé à la fin du stage ?

Cela dépend vraiment des sessions. C’est un examen, pas un concours.

Mais général, 80% des candidats sont diplômés. Et cela nous convient. Même bien préparé, tout le monde n’est pas fait pour faire ce métier. Cela demande beaucoup d’aptitude en différent domaine et ce serait une erreur que de vouloir y intégrer tout le monde.

Les centres qui revendiquent 100% de diplômé ont forcément une conception du métier et une logique commerciale différente de la nôtre.

C’est pour cette raison également que le sérieux des « profils GROUPE 9 » est reconnu sur le marché.

Pierrick Colin avec Arnold Schwarzenegger

U.R : Les stagiaires sont-ils hébergés sur place ?

Nous avons des partenaires hébergement de grande qualité à proximité du centre de formation. Les stagiaires bénéficient ainsi de très bonnes conditions d’environnement au cours dispensés. Et c’est important.

U. R : Pouvez-vous nous donner un exemple d’une journée de travail de stage ?

Le stagiaire arrive le matin en tenue tactique (tenue d’entrainement). Après un échauffement sur base de Cross Training, il participe à des ateliers de mise en situations permettant d’analyser et de restituer les fondamentaux technico tactiques de l’escorte et des actes réflexes en situations dégradées.

Entre midi et deux, il se change, et endosse la tenue « casual chic » adaptée à la mission d’exercice qu’il a préparé et devra exécuter avec ses co-stagiaires avant de débriefer avec les formateurs.

U. R : Vous êtes géographiquement situé dans le sud de la France, les clients sont-ils plus nombreux pour solliciter un APR ?

Il y a en France essentiellement deux lieux à privilégier pour la PR : Paris et la côte d’Azur.

Quand ce choix s’est imposé à nous, nous n’avons pas été long à trancher. Sans compter que la capitale n’est qu’à 1h30 d’avion.

Pierrick Colin avec Sophie Marceau

U.R : Avez-vous eu plus de demandes de protection depuis 2015 ?

Beaucoup de chose ont évolué depuis 2015, il faut le reconnaitre.

Les clients avec qui nous devions lutter jusqu’alors pour leur expliquer la nécessité d’une protection de qualité, ont été soudainement beaucoup plus conscient d’un environnement qui peut porter atteinte à leur intégrité physique ou morale. Le pouvoir politique également s’appuyant sur une forte et soudaine demande de la population, a commencé à considérer les possibilités d’évolution du secteur privé (notamment dans les missions ou l’armement des agents).

De nouvelles « niches » également sont apparues comme la protection des dirigeants lors de conflits sociaux ou encore la protection des journalistes lors d’événements à risques.

U.R : Le terrorisme est plus présent que jamais, et ce dans le monde entier. Les techniques de Protection Rapprochée ont dû évoluer également. C’est un métier en perpétuel évolution ?

La protection rapprochée se nourrit du terrain. La menace évolue (mode opératoire mais également technologie) et le métier doit s’adapter en permanence à ces évolutions. Le risque terroriste nous a effectivement fait énormément évoluer dans les procédures ; ne serait-ce qu’avec les notions de confinement à intégrer dans les actions préparatoires et surtout (et enfin !) l’arrivée de secourisme tactique (ou secourisme de combat) dans les formations de protection.

U.R : Se pose en France, le problème de l’arme pour un APR. Aujourd’hui, un garde du corps peut-il être armé en fonction de sa mission ?

Cette question s’est posée depuis toujours. Jusqu’en 2018, il n’était pas question d’armer du privé sur la voie publique (sauf mission avec dérogation préfectorale). Avec l’arrivée brutale du risque terroriste les mentalités citoyennes et politiques ont évolué à ce sujet. Introduite dans les textes législatifs en 2017, la possibilité d’armer certains agents devient possible bien que solidement encadré par la loi.

U.R : Le CNAPS se penche sur la question de l’armement pour certains agents de sécurité, il serait logique que les Agents de Sécurité Rapprochée en soient dotés également, avec une enquête approfondie. Comment voyez-vous la chose ?

Tout à fait. GROUPE 9 a par ailleurs participé aux groupes de travail de la branche qui ont réfléchis à la mise en œuvre de cette évolution aux enjeux sociétales importants et à son encadrement.

L’essentiel, comme en beaucoup de chose, réside dans la formation de ces agents, tant sur le plan technique que sur celui de la législation et surtout dans la prise de conscience de la responsabilité qu’implique le port d’une arme.
Les contenus pédagogiques ont été définis, l’éligibilité des formateurs également. Les prérequis seront liés à la possession de la carte professionnelle d’agent de Protection (qui inclue la notion de moralité dans son obtention).

Mais à ce jour, il n’existe pas encore de certification autorisant les centres de formations à dispenser ce type d’aptitude.

Cela devrait se concrétiser en 2020.

U. R : Groupe 9 a été élu dans les 10 meilleurs centres de formation en PR au Monde. Quelle réussite. Votre travail et sa qualité sont reconnus, comment avez-vous réagi en l’apprenant ?

C’est une énorme reconnaissance en effet et nous avons été très honoré de figurer dans ce palmarès au milieu des géants internationaux.

Cela récompense un travail acharné pour incarner une profession magnifique mais à l’image écornée (et qui continue à l’être) par des mythes inutiles et loin des compétences attendues.

Nous avons tout mis à plat un jour avec Stéphane (MEUNIER) il y a 15 ans, sur un coin de table, en refusant l’état des lieux existant alors, pour redessiner ce que nous devions attendre avec ambition, de cette profession.

Nous avons, fort de nos parcours respectifs et de nos expériences, travaillé sur l’étendue des compétences à développer, redéfini les contenus pédagogiques, les ateliers de travail permettant à l’apprenant de développer ses compétences, les principes d’évaluations.

Nous ne savions pas à l’époque qu’ils feraient un jour référence et nous sommes très fier de ça.

En protection avec Salma Hayek

U.R : Avez-vous travaillé avec des APR d’autres pays ? Quels sont les différences entre les pays comme les Etats-Unis, l’Israël et la France ?

Oui bien sûr. J’ai eu la chance dans mon parcours de travailler avec de nombreux services de sécurité venant d’horizons différents. Je dirais qu’il y a essentiellement deux écoles et les différences sont liées à un contexte culturel lié au regard porté sur la sécurité et aux attentes de la clientèle.

D’un côté, il y a une école Française qui fait référence (les services officielles Français GSPR SDLP sont très demandés dans les formations inter pays sur le domaine de la protection) emprunte de discrétion, d’anticipation et d’humilité ; Le respect du confort du client reste prioritaire

De l’autre une école anglo-saxonne (la plus répandue) beaucoup plus apparente et dissuasive avec un mode opérationnel plus percutant.

U.R : Il y a eu, en France, plusieurs centres de formations de Protection Rapprochée, nombreux ont fermé, le Groupe 9 est en tête de liste. Quel est le secret de votre succès ?

Je dirais l’honnêteté et la crédibilité. Vraiment.

Toutes nos démarches ont toujours été guidées par deux axes : La volonté d’efficacité opérationnelle et les attentes du marché. Trop souvent les formations ont la fâcheuse tendance à s’éloigner des réalités du terrain et de l’emploi.

GROUPE 9 nous a permis d’apporter une transparence complète sur notre démarche.

Nous avons par exemple été les premiers à faire venir lors des examens des présidents de jury extérieurs à GROUPE 9 ACADEMY (aujourd’hui c’est obligatoire). Il est trop facile (et dangereux) de former et d’évaluer le fruit de notre propre enseignement…

Des anciens membres des services officiels, des représentant de la branche professionnelle, les plus grands recruteurs du pays ont participé à ces examens.

Cela a eu la vertu de faire évaluer notre travail par nos pairs mais également de les faire valider par les principaux acteurs du marché.

Cette démarche nouvelle a, je le crois, valorisé la profession dans son ensemble et développé un dialogue commun (de la formation initiale à l’emploi) dans une profession extrêmement divisée.

GROUPE 9 a également été très actif dans les démarches de la branche pour faire évoluer la profession

C’est cet état d’esprit qui, je le pense, nous positionne tel que nous le sommes aujourd’hui.

Le profil d’un garde du corps

U. R : Quel est le profil type d’un garde du corps ?

Imaginez le stéréotype de la montagne à la tête rasé, aux lunettes noires, que tout le monde identifie comme garde du corps (puisque c’est ce qu’il souhaite) … et prenez son contraire ! C’est le bon profil.

Nous attendons de nos agents qu’ils soient avant tout intelligent, tacticien. Qu’ils soient capables d’envisager des schémas compromettant les actions de la partie adverse. D’analyser en permanence l’environnement pour détecter les anomalies et envisager les possibilités de réponse à une attaque. Mais également qu’ils soient en mesure de mettre en place une médiation efficace, d’appréhender les difficultés dans le respect d’un cadre légal parfois compliqué. De rester le plus discret possible pour déjouer les analyses adverses mais également pour ne pas gêner la personne sous protection.

L’image que j’aime donner aux futurs gardes du corps est celle de la main de fer dans un gant de velours. C’est selon moi, le profil parfait : Le velours du gendre idéal et le fer du guerrier.

U.R : La pratique d’un art martial ou d’un sport de combat est-elle un avantage ?

Cela dépend de la pratique ! Pardon pour cette précision mais il existe tellement de pratique martiale extrêmement éloignées de ce qu’elles devraient être. La mode de la « self défense » a entrainé tout un lot de mythologie autour des instructeurs avec des élèves compatissants qui subissent des techniques irréalistes et illégales, que nous observons beaucoup de déformation dans les pratiques.


Par contre, l’expérience saine d’un art martial ou peut être davantage d’un sport de combat est fortement recommandée. Pas tant pour la technique que nous allons retravailler avec les contraintes professionnelles du cadre légal, des impératifs de la rue et de la représentativité du client, mais pour que l’apprenant ne soit pas surpris par la notion de contact réel afin de proposer des réactions saines dans ces circonstances
.

U.R : Lors de vos formations, y a-t-il des anciens policiers ou gendarmes qui souhaitent apprendre ce travail ?

Oui. Nous accueillons beaucoup de personnel sortant de l’institution.

C’est un prolongement souvent naturel pour une reconversion de leurs aptitudes dans le secteur privé.

U.R : Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite embrasser la carrière d’Agent de Protection Rapprochée ?

Je lui donnerai principalement deux conseils :

  • De répondre aux codes à l’emploi (profil attendu tant sur le plan physique que psychologique)
  • De choisir une formation qui est reconnue par les recruteurs

Aujourd’hui ce critère est primordial pour les employeurs car ils doivent faire face à des qualités de formation très variées et de trop nombreuses équivalences qui sont données à des personnels quittant l’institution, mais sans aucune justification de compétences en protection rapprochée.

Dans cette confusion, le recruteur cherche de plus en plus à comprendre quelle est la formation à la base de l’obtention de la carte professionnelle.

C’est un critère déterminant. Il serait dommage de le sacrifier en choisissant le centre de formation le plus près de son domicile.

U.R : Avez-vous constaté une augmentation du nombre de femmes lors des formations ? Qu’apportent-elles de plus que les hommes ?

Absolument. Longtemps cette profession a été réservée aux hommes mis à part quelques exceptions.

Mais depuis quelques années déjà, nous observons l’arrivée d’éléments féminins. Dans un premier temps, principalement pour la protection des enfants et des femmes puis petit à petit, elles sont intégrées dans des dispos plus important car elles apportent une plus-value de comportement, de discrétion, et de capacités d’analyse qui sont très appréciées

U.R : Comment voyez-vous l’avenir de la profession ?

Positivement. Du moins je l’espère.

Nous venons de très loin et pourtant, nous ne sommes qu’aux balbutiements de l’encadrement de la profession. Songez que l’obligation d’une carte professionnelle a moins de 10 ans… Que le contrôle des formations par le CNAPS ne date que de 2017.

Il y a de nombreuses évolutions qui sont envisagées comme la perspective de spécialités (conducteur de sécurité, agent de protection armé ou Chef d’équipe) ;

La création d’une convention collective adaptée à nos contraintes, une grille de rémunération définie, la rédaction d’une doctrine d’emploi avec une sémantique commune etc.

Il existe différents organes représentatifs de la protection rapprochée et notamment SEF PROTEC qui est le syndicat des Entreprises Françaises de Protection Physique des Personnes.
SEF PROTEC est en train de faire un travail énorme pour encadrer la profession et construire une communication positive sur ce métier souvent méconnus en direction du pouvoir politique et du citoyen.

Il est impératif de proposer une représentativité identifiée auprès des organes officiels afin d’envisager sereinement un avenir croissant et prometteur pour lequel nous devons nous montrer à la hauteur des enjeux.

Et nous œuvrons dans ce sens.

Photos © Pierrick Colin

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