« Michel l’avait dit et montré dès le matin, lorsqu’un huissier s’est présenté, escorté de policiers, à la porte de son pavillon de l’avenue André-Kervazo, toute proche de la gare RER du Blanc-Mesnil : il ne quitterait pas sa maison. Eux venaient l’expulser, appliquant l’ultime décision judiciaire d’un contentieux qui durait depuis plus de dix ans et qui s’est soldé par la mise aux enchères du pavillon.
Lui était prêt à tout, et même au pire.
L’ancien serrurier de 52 ans étranglé par les dettes, à la carrière et l’âme brisées par ce conflit né d’une lointaine histoire d’empiétement de terrain en est venu, hier matin, à la solution extrême, retranché chez lui avec les quelques armes dont tout le quartier le savait très amateur, mais aussi avec sa hargne, sa détermination radicale.
 
9H45 : l’expulsion avortée. Un tir de pistolet à grenailles, puis une grenade défensive d’entraînement, lancée depuis une fenêtre et tombée dans un nuage de terre, accueillent policiers et huissiers. Ce n’est que le début d’une longue et périlleuse journée de tension, entre négociateurs et préparatifs d’intervention, dans un quartier bouclé et bientôt investi par les hommes du RAID, en relais des policiers locaux qui négocient depuis le matin. « Nous ne prendrons aucun risque, le RAID doit prendre les choses en main », explique le commissaire divisionnaire d’Aulnay-sous-Bois, Alain Perez, tandis que se déploient déjà plusieurs  dizaines de policiers, des pompiers, des médecins du Samu.
Plus en avant dans la rue André-Kervazo évacuée, la substitute du procureur et d’autres officiers, devant le pavillon, tentent une première négociation  par téléphone.
« Il ne veut personne dans la maison », confirment les policiers, qui évoquent également des « produits toxiques » entreposés dans le pavillon, voire des bombonnes de gaz et d’oxygène.
« On ne sait pas exactement ce qu’il y a à l’intérieur » admettent-ils. Très vite, tous ont conscience du « profil psychologique » du forcené : souvent agressif pour un rien, procédurier, grand bricoleur de nuit comme de jour, célibataire et sans travail, tous les voisins décrivent un homme au contact rare et difficile.
12 heures : Le « négociateur » du RAID arrive sur place. Le dispositif se resserre autour du pavillon, et les voisins, tout d’abord invités à ne pas sortir de chez eux, sont priés de quitter les lieux. Pour une heure ou une nuit, impossible à ce moment de savoir.
Certains des habitants trouvent refuge chez des proches et la mairie du Blanc-Mesnil ouvre un gymnase pour accueillir les autres. Ils étaient  une trentaine de riverains, hier soir, à patienter ainsi au chaud.
 
12H30 : Une demi-douzaine de C8 aux vitres sombres arrive. Ce sont les hommes d’intervention du RAID, une quinzaine de policiers spécialisés, tous vêtus de noir et équipés.
« La négociation est privilégiée  de toute façon, mais ça risque de durer » insiste  le commissaire Perez.
Autour, le dispositif spectaculaire amuse beaucoup les ados de la cité voisine, massés derrière le cordon de sécurité. En revanche, la fatigue gagne parmi les voisins qui attendent dans le froid. La grêle tombe sur le quartier de la gare, l’après-midi avance, et personne n’ose encore imaginer « que ça puisse durer ».
 
17 heures : Les négociations durent depuis déjà cinq heures avec les spécialistes du RAID, plus de sept avec les policiers d’Aulnay. « Cet homme est en situation de grand échec mais très réfléchi, explique le commissaire Perez. Nous essayons de l’amener à une situation pacifique, à avancer, notamment pour régler ses problèmes juridiques ».
22H40 : Le dialogue reste difficile avec Michel, toujours retranché.
1H20 du matin : Des mouvements sont observés aux abords du pavillon. Le périmètre de sécurité est élargi. « L’intervention est en cours », confirme la préfecture à Bobigny, sans donner de précisions. »
 
Source : Le Parisien – article du 27 septembre 2007

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