« Le RAID à Veneux-les-Sablons
Les habitants de ce quartier calme n’avaient encore jamais vu un tel renfort de policiers à Veneux-les-Sablons. Les hommes du RAID ont campé toute la journée de vendredi devant la maison d’un preneur d’otage. Ils ont finalement donné l’assaut, samedi, à 4h25 du matin.
Numéro 13, rue de la république. Une charmante maison, aux volets ouverts, peints en rouge. En passant devant ce paisible pavillon de Veneux-les-Sablons, samedi matin, il était difficile d’imaginer qu’un drame venait de se dénouer, après 24 heures d’angoisse. Quelques heures plus tôt, dans la nuit, les policiers du RAID avaient donné l’assaut dans la maison, pour sauver la maîtresse des lieux, prise en otage par son propre mari.
Il séquestre sa femme
Déjà connu pour des antécédents psychiatriques, Philippe Lefebvre, 53 ans, aurait subitement cédé à une crise de paranoïa, en pleine nuit. Il est 4h25 du matin, vendredi, lorsque ce chasseur s’empare de son fusil de calibre 12, à canons superposés, et menace sa femme. Les voisins entendent un coup de feu. Le fils, âgé de 28 ans, s’échappe de la maison et prévient le commissariat de Moret.
Toute la journée de vendredi, les forces de police, les pompiers et les autorités départementales font le siège devant la maison, pour tenter de parlementer avec le forcené, et de faire évacuer l’épouse. « Sortez », entendent hurler les voisins, à plusieurs reprises. En vain. Le plus déroutant c’est que Philippe Lefebvre n’a aucune revendication à faire. Il fait juste part de son intention de mourir.
Intervention du RAID
C’est vers 9 heures du matin qu’une vingtaine de policiers du RAID arrivent en renfort. Un périmètre de sécurité bloque les abords de la maison, à une cinquantaine de mètres alentours. Tous les accès à ce tronçon rue de la république sont interdits. Sauf pour les riverains qui doivent rentrer chez eux.
A la tombée de la nuit, c’est toujours le statu quo. Malgré les tentatives d’approche du cercle familial. Et malgré le défilé de personnalités : le commissaire Chabrol, directeur adjoint de la Sécurité Publique, Chantal Baccanini, commissaire responsable du district, Patricia Willaert, sous-préfet de Fontainebleau, Olivier Tcherkessoff, procureur du ressort judiciaire, son substitut, etc.
Vers 7 heures du soir, la situation n’a pourtant pas avancé d’un pouce.
Les équipes présentes entament leur sandwich. Et il faudra attendre de longues heures avant la décision d’intervenir.
L’assaut en pleine nuit
C’est finalement à 4h25 du matin, soit 24 heures après le début du drame, que les policiers du RAID ont donné l’assaut, sans qu’un seul coup de feu ne soit échangé. Pas de blessé. Mais la femme, profondément choquée, a été hospitalisée.
Pour sa part, le preneur d’otages a été placé d’office en hôpital psychiatrique, à Nemours. Très dépressif depuis son licenciement, cet ancien chauffeur avait déjà été interné.
Un homme discret, en tout cas. A preuve, ses voisins ne le connaissaient même pas, alors qu’il habitait à Veneux-les-Sablons depuis longtemps. « On le voyait juste passer pour promener son chien » ont témoigné plusieurs habitants du quartier.
A première vue, rien qui puisse laisser paraître un caractère imprévisible et dangereux. Pourtant, l’homme avait déjà eu une crise de violence quelques mois auparavant . Ses fusils de chasse lui avaient même été retirés sur décision de justice. Jusqu’à ce qu’il les récupère, tout récemment. »
Source : La République – écrit par Agnès Gaudichon en juin 2001