« Maternelle de Neuilly. Le 15 mai 1993, un policier du RAID mettait fin à une prise d’otages de quarante-six heures. Il abattait Erick Schmitt – Human Bomb – qui retenait, dans leur classe, vingt et un enfants et leur institutrice.
Pour la première fois, il parle à visage découvert. Lui qui avait l’habitude de porter sa cagoule du RAID pour des missions délicates. Daniel Boulanger, aujourd’hui à la retraite, revient dans un livre à paraître aujourd’hui sur la prise d’otages de l’école maternelle de Neuilly-sur-Seine (Hauts de Seine) du 13 au 15 mai 1993 (« Le jour où j’ai tué HB » Daniel Boulanger avec Dominique Rizet, Hachette Littérature), jour où Daniel Boulanger a tué Human Bomb (HB), le forcené qui menaçait les élèves avec des explosifs.
Pourquoi écrire ce livre quatorze ans après les faits ?
Daniel Boulanger : Je ne pensais pas raconter cette histoire. J’ai travaillé comme conseiller technique pour un docu-fiction (diffusion le 25 septembre sur France 2) sur cette affaire. Je devais dire si les scènes étaient réalistes ou non. Finalement j’ai joué mon propre rôle dans ce film. Je n’avais pas grand chose à faire si ce n’est bouger les sourcils derrière ma cagoule et tirer à trois reprises sur Human Bomb. Ceci a réveillé beaucoup de souvenirs. C’est lors de ce tournage que l’on m’a proposé d’écrire ce livre. J’ai dit oui, pour rendre hommage à tous mes collègues du RAID.
Dans quelles circonstances le RAID est-il intervenu le 13 mai 1993 ?
J’ai été bipé ce jour-là. Notre chef nous a prévenus que nous devions intervenir… Un homme avec un couteau se tenait devant une école à Neuilly. Quelques minutes plus tard, la situation n’était plus la même. Nous étions confrontés à un preneur d’otages d’enfants bardé d’explosifs. Nous ne pensions pas que notre opération allait durer quarante-six heures.
Quel rôle aviez-vous dans l’équipe du RAID ?
J’étais responsable du groupe d’urgence. Le premier sur le front. J’ai effectué le repérage dans l’école. Je suis monté sur un banc dans le couloir. J’ai vu par les vites que celui qui s’était baptisé HB portait un carton avec des cylindres et des fils. Son système ressemblait à du bricolage mais cela pouvait fonctionner.
Aviez-vous esquissé le profil du preneur d’otage, Erick Schmitt, avant d’intervenir ?
C’était la mission de notre négociateur. Nous ne connaissions pas son identité. Au départ, HB demandait de l’argent. On a pensé que c’était un voyou. Puis son comportement s’est dénaturé. L’argent ne semblait plus l’intéresser. Il devenait imprévisible et se préparait à aller jusqu’au bout.
Quand vous informe-t-on que l’assaut va être donné ?
J’ai été réveillé à 5h30 du matin, lors de la deuxième nuit de la prise d’otages. Mon chef m’a dit : « on va y aller ». J’ai appris par la suite qu’un produit relaxant avait été glissé dans la cafetière de Human Bomb. Erick Schmitt commençait à piquer du nez. Une première équipe du RAID devait évacuer des enfants tandis que je m’assurais avec un collègue que le preneur d’otages dormait. La classe était encombrée de jouets. Il fallait éviter de marcher sur les fils du dispositif ou réveiller HB. Je me suis dit : « C’est chaud, on va au casse-pipe ». A 7h28, je me trouve à un mètre de Human Bomb qui ouvre un œil et amorce un mouvement Je tire trois fois. C’est fini.
Des magistrats ont parlé d’une exécution…
Chacun son métier. Toutes les négociations avaient échoué. Un geste malheureux de HB et tout explosait. Certes, il y avait seulement des habits dans le sac mais il avait dans le dos les explosifs et un système de mise à feu. Dans cette affaire, on a beaucoup parlé d’Erick Schmitt, de l’action du RAID mai peu des enfants séquestrés ».
Source : Le Parisien – article écrit par François Vignolle le 19 septembre 2007