Présentation

FIPN-SDLP : Peux-tu te présenter ?
La Hyène : J’ai 46 ans, marié, j’ai deux enfants une fille de 22 ans et un garçon de 21 ans.
Je suis démineur depuis cinq ans à la Sécurité Civile.

F-S : Quel est ton parcours de policier ?
L H : Je suis entré dans la Police Nationale à vingt-trois ans en septembre 1991 après avoir passé cinq ans dans les chasseurs alpins au 13 ème BCA à Chambéry.
J’ai fait mon école de police à Saint Malo et à l’issue j’ai intégré la CRS 51 à Saran en septembre 1992. J’y suis resté 5 ans. J’ai postulé au RAID en février 1998 et j’ai intégré le service le 6 avril 1998.
J’y ai passé 12 ans de ma vie avant de partir au déminage.

Le RAID

F-S : Quelles ont été tes motivations pour intégrer le RAID ?
L H : Je pensais que ce n’était pas pour moi car le RAID paraît souvent inaccessible. C’est un ami qui s’était inscrit pour les sélections et qui m’a dit de tenter ma chance. J’ai réussi et lui non comme quoi la vie  réserve parfois  des surprises…C’est un beau service.
Pour les motivations ce n’est pas toujours facile à exprimer, on a envie d’action, de se perfectionner dans de multiples domaines et surtout de faire un autre métier.
C’est un service qui fait rêver, du moins à mon époque et j’espère qu’aujourd’hui il en est de même.

F-S : Quelles ont été les épreuves de sélections les plus difficiles pour toi ?
L H : Toutes les épreuves sont difficiles. Le plus dur est de gérer la durée des tests, il faut être constant, mais je crois que l’épreuve la plus redoutée est celle des combats.

F-S : Pourquoi ce surnom ?
L H : On ne choisit jamais son surnom celui-là c’est un formateur du RAID très connu qui me l’a donné
Et du coup je l’ai gardé même après être parti du RAID.

F-S : Aujourd’hui, le futur policier du RAID ou du GIPN passent l’habilitation FIPN ; formation où ils apprennent les filatures, la protection rapprochée, les interventions… comment s’était passée ta formation ?
L H : Un peu sur le même principe mais la formation était surtout ciblée sur l’intervention et le tir. Durant cette période j’ai vécu des moments fabuleux voire les meilleurs…

Le pool Omega

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F-S : Au sein du RAID tu étais tireur d’élite, pourquoi avoir choisi le pool Omega et comment s’est passée là aussi, ta formation ?
L H : Je suis d’abord passé en groupe d’assaut pendant 4 ou 5 ans et j’ai décidé de prendre un fusil puisque c’était déjà ma spécialité dans les chasseurs alpins.
Le chef du groupe Oméga m’avait déjà sollicité mais j’avais refusé.
J’ai donc pris un fusil et renoué avec cette belle spécialité.
En ce qui concerne ma formation j’ai tout repris à zéro et passé le THP 1, THP2, THP3 (tireur haute précision)

F-S : As-tu passé des tests pour intégrer le pool Omega ?
L H : Je n’ai pas passé de tests pour le groupe Omega, la sélection est basée sur le volontariat, c’est une spécialité qui demande du travail et de l’investissement.

F-S : Quelle a été la durée de ta formation ?
L H : Tu as une formation de base qui peut aller jusqu’à un an mais l’expérience se fait sur le terrain alors ta formation peut durer deux ou trois ans avant d’être bon car être sniper ne se résume pas à se mettre derrière une lunette et « faire du trou dans trou à 100 mètres ».
Il y a d’autres paramètres à prendre en compte et ils sont nombreux.

F-S : Au bout de combien de temps un fonctionnaire du RAID peut-il intégrer un pool spécialisé ?
L H : Il n’y a pas de règles mais je pense qu’avant d’intégrer un pool il vaut mieux passer dans le groupe d’assaut pendant un certain temps pour comprendre le fonctionnement du groupe sur une intervention et par la suite choisir sa spécialité.

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F-S : Y a-t-il une préparation physique propre aux THP ?
L H : Il n’y a pas de préparation physique propre aux THP il faut simplement aimer le tir dans toutes ses variantes, aimer la spécialité et s’investir à fond.

F-S : Quels sont les différents stages et formations que tu as pu faire dans ta spécialité ?

L H : Comme je le disais juste au-dessus une formation te prépare à ton futur job mais rien ne remplace le terrain alors il faut se mettre en difficulté et te remettre en cause à chaque tir et chaque exercice. Il est important aussi d’aller se confronter aux snipers étrangers pour voir si tu progresses ou pour apprendre d’autres techniques de tir, rien ne remplace le terrain et le vécu.

F-S : Quel armement est utilisé et pourquoi ?
L H : Le fusil utilisé et la PGM en 7.62 c’est un fusil qui a fait ses preuves. C’est une arme très fiable et très précise, je pense qu’aujourd’hui d’autres calibres sont très bons et très intéressants comme le 300 win magnum et le 338.

F-S : Sur quel type de mission les THP sont-ils appelés à l’étranger ?
L H : A l’étranger les missions sont souvent des points hauts ou des échanges entre snipers ou de la formation de tireur.

F-S : Est-il parfois difficile de trouver le bon poste de tir en intervention et quelles sont les difficultés que tu peux rencontrer ?
L H : Choisir un poste de tir n’est pas si simple que cela car au-delà d’avoir un bon visuel il faut pouvoir faire feu et prendre en compte la pénétration de ton projectile.
La plus grosse difficulté ou plutôt la plus grosse frustration est de ne pas pouvoir renseigner le groupe d’assaut.

F-S : Quel est ton regard sur le fait d’avoir quelqu’un en ligne de mire ?
L H : Cela ne me pose pas de soucis particuliers, c’est un objectif qu’il faudra neutraliser si nécessaire. Ce qui compte c’est de protéger tes potes qui sont à la porte ou qui donnent l’assaut sans oublier d’éventuels otages.

F-S : Connais-tu ton record de distance sur un tir en intervention et à l’entrainement ?
L H : L’important  n’est pas de dire « j’ai fait un tir à X mètres, je suis le plus fort » je pense qu’un sniper longue distance n’est rien sans son spotter car c’est lui qui donne les distances et les corrections de tir au tireur.
Le tir plus éloigné que j’ai pu faire à l’entrainement est de 2100 mètre environ.
Concernant l’opérationnel, tu comprendras que je ne peux en parler.

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F-S : Si c’était à refaire, reprendrais-tu le même poste au sein du RAID ?
L H : Oui plus que jamais c’est une spécialité que j’aime et je continue à pratiquer sur mon temps libre. Quand je le peux, je partage mon savoir.

F-S : Le pool Omega est désormais ouvert aux femmes, qu’en penses-tu ?
L H : Le problème n’est pas que l’on soit homme ou femme pour la petite histoire en 39/45 les meilleurs snipers russes étaient des femmes car elles n’avaient ni pitié ni remords aujourd’hui c’est différent cela ne change rien si la personne est compétente et surtout si elle a conscience de ce qu’elle doit faire pour atteindre son objectif, on ne prend pas un fusil parce que c’est la mode ou pour une histoire de parité.

 

F-S : Tu as participé à l’Urban Shield, comment cela s’est fait, et quels souvenirs en gardes-tu ?

(L’Urban Shield  est une compétition  américaine qui a lieu chaque année, et qui regroupe différents SWATS américains. Les équipes interviennent sur plusieurs scénarios d’interventions qu’ils peuvent rencontrer dans leur vie professionnelle. Cette compétition dure 48 heures. En 2009, le RAID est invité à se mesurer aux américains et termine à la cinquième place).

L H : Un groupe a été constitué de plusieurs spécialités puisqu’à la base nous avons tous le module intervention j’ai donc fait partie du groupe avec la casquette sniper. Mon plus beau souvenir reste la cohésion au sein de ce groupe durant toute la compétition et pour moi la plus belle sera celle où j’ai pu m’exprimer en tant que sniper.

F-S : Étais tu au RAID lors de la création du groupe ATLAS, tu as pu échanger avec quelles unités étrangères ?
L H : A l’époque où le groupe atlas a été créé il n’y avait pas d’échange avec les snipers.
Mais nous n’avons pas attendu la création de ce groupe pour faire des échanges. Nous en faisions souvent avec de nombreux services spécialisés étrangers.

F-S : Y avait-il des échanges avec les THP du GIGN ?
L H : J’ai pu faire des compétitions avec le GIGN mais jamais d’échange en service, à mon époque.

F-S : Quelles ont été les missions les plus marquantes ?
L H : La prise d’otage à la prison de Fresnes, c’était ma première intervention de ce genre, trop top.

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Aujourd’hui

F-S : Que fais-tu aujourd’hui ?
L H : Aujourd’hui je suis démineur à la sécurité Civile, je voulais une reconversion où je pourrais de nouveau apprendre et évoluer.

F-S : Après les attentats qui ont secoué la France en janvier et la neutralisation physique des terroristes, qu’as-tu pensé des assauts du GIGN et de la FIPN ?
L H : Je ne dirais jamais de mal ou de critiques envers mes frères d’armes. Je pense que seul ceux qui ont fait l’intervention peuvent aujourd’hui en parler ; je pense qu’ils ont fait leur devoir et ils l’ont bien fait que ce soit le GIGN ou la FIPN.

F-S : Selon toi, les différentes mentalités et « la compétition voulue par certains » peuvent-elles être un frein à l’entente nécessaire entre le GIGN et la FIPN ?
L H : Je pense qu’aujourd’hui ces deux entités ont prouvé qu’elles pouvaient travailler ensemble et sur plusieurs points de crise, créer un climat de compétition n’est pas une bonne chose et ne peut apporter que des choses malsaines.

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