« Retour sur le premier exercice de crise en milieu portuaire organisé par la Force d’Intervention de la Police Nationale (FIPN), en Octobre 2010, avec un deuxième axe simultané à Pau, dans une installation des forces spéciales de l’armée.
L’objet de l’exercice consistait plus à tester de nouvelles capacités de gestion de crise qu’à effectuer un déploiement de masse. Ce troisième exercice de la FIPN a mobilisé 120 policiers (soit seulement un quart de la totalité de la FIPN) : 80 à Nice et 40 à Pau.
Le RAID a engagé une cinquantaine de ses personnels, les GIPN, une quarantaine, et la BRI, une trentaine fournissant donc le plus gros effort proportionnellement à son effectif.
Les policiers ont été acheminés par des aéronefs du ministère de l’intérieur.
Laser 1 (chef du RAID) et un groupe précurseur ont pu utiliser un EC145 de la gendarmerie pour un déploiement rapide. Un EC145 a ensuite été engagé dans l’opération elle-même.
Lors d’une crise normale, ce sont des avions de l’armée de l’air, placés en astreinte, qui seraient mis à profit.
Sept Transall avaient ainsi été requis par le GIGN et les CRS lors du détournement du ferry Pascal-Paoli, en Corse, en Septembre 2005.
Le RAID était alors, pour l’anecdote, en mesure d’intervenir, si la crise avait dérivé en milieu portuaire , dans lequel le service est fonctionnellement compétent.
Plus que le scénario- écrit par le chef de la négociation, qui s’est auto promu chef des terroristes- ou les moyens humains déployés, l’exercice visait à voir le comportement de la FIPN en milieu portuaire, un milieu qu’elle connaît peu.
Les plongeurs du RAID sont régulièrement employés, notamment pour la protection présidentielle de la République (GSPR).
L’opération a permis de tester un nouveau logiciel de gestion de crise développé par EADS-Cassidian, permettant à la fois de tenir une main courante numérique, de fusionner les données son, vidéo et fichiers, tout en les échangeant de façon sécurisée d’un site de la crise à un autre.
Et, plus que tout, l’offre Cassidian comprend des communications satellitaires.
Souvent, dans les situations de crise, les réseaux numériques terrestres – notamment le GSM classique- sont rapidement saturés, ou ils ne fonctionnent plus, car ils sont sabotés ou atteints par les actes de terroristes.
Un ingénieur de Dassault Système était également présent, la FIPN développant avec ce prestataire un logiciel de modélisation 3D pour préparer les interventions.
Les Forces Spéciales de l’armée utilisent couramment ce genre de procédé, pour leur rehearsal (répétition). Ils utilisent également le Centre de Tir Adapté (CTA) de Pau, une installation dépendant de la Brigade des Forces Spéciales Terre ( BFST).
Ce vaste parallélépipède héberge un petit village reconstitué, où l’on peut entrer par une opération héliportée, puisque différents types d’immeubles y sont reproduits, surmontés d’étages.
Le CTA constitue ainsi une pluralité de cibles, où il est possible de tirer à balles réelles, en toute sécurité.
Une kyrielle de caméras permettent de « monitorer » la progression des groupes dans l’ensemble.
Depuis 2008, la police dispose d’un protocole pour utiliser, une fois par an, cette installation très courue. Les GIPN en avaient été les premiers bénéficiaires (notamment le GIPN de Bordeaux).
Entre autres intérêts, il est possible d’y tirer au fusil de précision (tir simultané multi cible), mais aussi d’introduire des véhicules et, donc, de tirer en roulant.
Pau illustrer les échanges prolifiques qu’on peut développer, dans le futur, entre Forces Spéciales de l’armée et celles du ministère de l’intérieur.
Le RAID a déjà apporté sa contribution, en formant, par exemple, les Commandos Marine à des techniques de négociation.
Les marins apportant, eux, leur technique du franchissement. Le 13°RDP, régiment de l’armée de terre spécialisé dans le renseignement de niveau stratégique, a apporté des progrès considérables en matière de renseignement hors zone urbaine, tandis que le RAID a pu développer auprès de ces acteurs sa science du renseignement en zone urbaine et des techniques d’interpellation.
Il est évident que les crises futures, si elles arrivaient jusqu’à la France ou touchaient ses intérêts à l’étranger, pourraient s’avérer particulièrement cruelles pour nous, au vu des derniers événements.
Pouvoir y associer, sous une forme ou une autre, les expériences de toutes les forces spéciales est donc un gage d’efficacité : un fusil bien manié ne se refuse pas, tout comme une vision alternative des choses.
Un officier du GIGN a pu assister à l’exercice.
De son côté, un officier du RAID a pu, en Novembre dernier, assister à un exercice de contre-terrorisme maritime, en face de Perpignan, associant GIGN et Commandos Marine.
Source : Police Pro n°26 – Article de Jean Marc Tanguy écrit en mars-avril 2011