Neutralisation d’un terroriste, intervention après une tuerie de masse, tirs au fusil d’assaut : une vingtaine de policiers du RAID de Toulouse se préparent au pire des scénarios. Reportage.

 

Dix blessés gisent au sol. Dans un vaste hangar, un terroriste retranché tire à la kalachnikov. Une colonne de cinq hommes du RAID, prend possession des lieux sous les râles et les cris des victimes dont certaines souffrent de plaies béantes. Lourdement armée, casquée et protégée de boucliers, l’unité d’élite, activée de toute urgence, sécurise les lieux et se déploie pour isoler le terroriste retranché dans un appartement.
Un premier travail nécessaire pour engager les secouristes et notamment une équipe de sapeurs-pompiers chargés d’évacuer les blessés et leur prodiguer les premiers soins dans les meilleures conditions. Tout est répété dans le moindre détail : intervention, sécurisation, neutralisation de la menace et secours aux personnes. Un exercice plus vrai que nature destiné à optimiser le travail de collaboration entre policiers du Raid et secouristes lors d’une tuerie de masse.
À Toulouse, comme ailleurs, on se prépare au pire tout en espérant ne pas revivre un second Bataclan. Ce jeudi 6 juillet, ce type d’exercice vient ponctuer une journée presque ordinaire pour cette vingtaine de policiers du Raid, installés près de Toulouse, depuis le 7 novembre 2016 et cinq ans après l’affaire Merah. En sept mois, ces «supers flics» surentraînés et portant près de 40 kg de charge sur eux, se sont déjà projetés sur une trentaine de théâtres d’opérations en tout genre, en grande région toulousaine. À l’assaut des forcenés, des terroristes, ou en appui sur des enquêtes judiciaires plus classiques, les «Raideurs» se préparent à la guerre, dans leur camp de base de plus de 400 mètres carrés.
 
Depuis l’affaire Merah et les derniers attentats à Paris et en Europe, ces hommes sont passés en mode combat. Ils peaufinent chaque jour des exercices ancrés dans une véritable organisation paramilitaire. «Depuis quelques années on a vraiment changé de métier, insiste le chef de l’antenne toulousaine. Ce n’est pas le même terrorisme qu’auparavant, ni les mêmes organisations. Aujourd’hui, on peut être confrontés à des solitaires prêts à sauter sur des collègues ou à des réseaux plus structurés en possession d’explosif». Des menaces au quotidien qui constituent de nouveaux défis. «On s’adapte grâce à des exercices tactiques. On reproduit des situations déjà vécues en essayant de rectifier ce qui n’aurait pas fonctionné. Il n’y a pas de place pour la routine car on essaie d’améliorer en permanence nos capacités d’intervention et de trouver d’autres solutions». Mais au-delà de ces exercices, c’est l’esprit d’un groupe, la cohésion d’une équipe qui fait aussi la force du Raid, fidèle à sa devise : «Servir sans faillir».

Réduire les délais d’intervention

Inaugurée en mai dernier, l’antenne Raid de Toulouse est opérationnelle depuis le 7 novembre 2016. Une vingtaine de policiers sont en alerte permanente et occupent leur semaine entre des séances d’entraînement, tactiques et sportives, des missions programmées d’intervention avec les différentes unités d’enquêtes, et des interventions urgentes de dernière minute où la réactivité est primordiale.
Ces policiers d’élite bénéficient d’équipement de pointe en matière d’armement et de véhicules. Ils sont domiciliés en région toulousaine dans un local tenu confidentiel de plus de 400 mètres carrés avec salle de sport, ring de boxe, salle de musculation, salles de réunion et bureaux. Après l’affaire Merah, des équipes du Raid intervenaient régulièrement de Bordeaux, à Toulouse (prise d’otage à la banque du CIC, Météo France, forcenés…).
Cinq ans plus tard et après les nombreuses attaques terroristes sur le territoire, un schéma global d’intervention a été déployé. L’objectif étant de réduire les délais d’intervention des unités d’élite. Côté gendarmerie, une antenne GIGN est également opérationnelle. Au total, ce sont 10 antennes Raid en France dont Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille et Nice.
Le Raid a été créé en 1985. Le GIPN est présent en outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe, La Réunion).

Repères

Le chiffre : 33

Âge moyen. C’est l’âge moyen des policiers du Raid à Toulouse. Ils sont une vingtaine et une majeure partie provient de la région parisienne. Il faut compter quatre à cinq ans de pratique avant d’être complètement opérationnel.3

 
 
Source : La Dépêche.fr – article écrit le 13 juillet 2017 par Frédéric Abéla

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