« Bien sûr, il a requis l’anonymat. Ce policier du Raid Marseille est un habitué des missions difficiles, des interventions à l’adrénaline. Après l’assaut de ses pairs parisiens, il a accepté de répondre aux questions de La Provence.
Que se passe-t-il dans la tête d’un policier du Raid à l’instant précis de l’assaut ?
On est hyperconcentré dans notre tête. C’est le prolongement direct du conditionnement que l’on pratique à l’entraînement. Chacun connaît sa mission sur le bout des doigts. On n’a pas le droit à l’erreur. Et puis, on engage la vie de tous les collègues. Je compte sur les autres pour protéger ma vie et les autres doivent pouvoir compter sur moi pour protéger la leur. C’est ce qu’on appelle l’esprit de cohésion, l’esprit d’équipe. C’est le principe des frères d’armes.
Vous intégrez le risque de mort ?
On ne perd jamais de vue qu’on peut être confronté à ce qu’on appelle le sacrifice ultime. La partie technique et tactique de notre travail doit prendre le pas sur l’aspect psychologique et personnel. On n’est pas là pour penser à sa propre gueule !
Et les impondérables, du coup ?
On sait que les impondérables existent. On essaie juste de les minimiser au maximum. On sait anticiper des scénarios globaux, que l’on répète à l’entraînement, mais il est difficile d’anticiper les réactions de l’opposant, la topographie… Après, on reste des policiers. D’où un certain esprit d’initiative, une certaine pertinence à réagir à l’imprévu. Dans la tactique policière, on a un schéma. Les chefs d’équipe les mettent en application avec les opérateurs, même si les principes que nous appliquons sont les principes universels des unités de combat.
Il y en a qui sont chargés de l’effraction froide, celle qui est mécanique, d’autres de l’effraction chaude, à l’explosif. D’autres policiers du Raid se chargeront de la saturation à l’explosif, d’autres encore seront des tireurs de haute précision.
Les choses ont-elles évolué avec cette nouvelle vague de terrorisme ?
Oui, on a abandonné notre cœur de métier, qui était le droit commun et la gestion de l’ordre public avec les forcenés. On entre là dans une logique militaire offensive, avec du calibre 7,62 – kalachnikov -, des grenades défensives et de l’explosif. On s’achemine de plus en plus vers un armement purement militaire. On est obligé de s’adapter. On sait aussi les dégâts que peut faire ce genre de munitions. Ce que je crains le plus, c’est de voir un de mes potes au tapis.
Et au moment de l’ordre d’intervenir, c’est forcément la grosse décharge d’adrénaline ?
Oui, la montée d’adrénaline est évidente. On apprend à la gérer. C’est comme la peur. Il faut savoir la gérer. L’entraînement sportif y est pour beaucoup. L’état physique global aussi. L’entraînement sportif, c’est l’exutoire. On apprend à gérer son rythme cardiaque. C’est pas toujours facile, surtout quand il faut rester sept heures avec sur le dos un équipement de 45 kilos…
Quelles leçons tirez-vous de tout cela ?
On est obligé d’aller au bout. On a une obligation de résultat. Si on n’y va pas, qui va y aller à notre place ? Si nous on recule, plus personne n’avancera. »
On est hyperconcentré dans notre tête. C’est le prolongement direct du conditionnement que l’on pratique à l’entraînement. Chacun connaît sa mission sur le bout des doigts. On n’a pas le droit à l’erreur. Et puis, on engage la vie de tous les collègues. Je compte sur les autres pour protéger ma vie et les autres doivent pouvoir compter sur moi pour protéger la leur. C’est ce qu’on appelle l’esprit de cohésion, l’esprit d’équipe. C’est le principe des frères d’armes.
Vous intégrez le risque de mort ?
On ne perd jamais de vue qu’on peut être confronté à ce qu’on appelle le sacrifice ultime. La partie technique et tactique de notre travail doit prendre le pas sur l’aspect psychologique et personnel. On n’est pas là pour penser à sa propre gueule !
Et les impondérables, du coup ?
On sait que les impondérables existent. On essaie juste de les minimiser au maximum. On sait anticiper des scénarios globaux, que l’on répète à l’entraînement, mais il est difficile d’anticiper les réactions de l’opposant, la topographie… Après, on reste des policiers. D’où un certain esprit d’initiative, une certaine pertinence à réagir à l’imprévu. Dans la tactique policière, on a un schéma. Les chefs d’équipe les mettent en application avec les opérateurs, même si les principes que nous appliquons sont les principes universels des unités de combat.
Il y en a qui sont chargés de l’effraction froide, celle qui est mécanique, d’autres de l’effraction chaude, à l’explosif. D’autres policiers du Raid se chargeront de la saturation à l’explosif, d’autres encore seront des tireurs de haute précision.
Les choses ont-elles évolué avec cette nouvelle vague de terrorisme ?
Oui, on a abandonné notre cœur de métier, qui était le droit commun et la gestion de l’ordre public avec les forcenés. On entre là dans une logique militaire offensive, avec du calibre 7,62 – kalachnikov -, des grenades défensives et de l’explosif. On s’achemine de plus en plus vers un armement purement militaire. On est obligé de s’adapter. On sait aussi les dégâts que peut faire ce genre de munitions. Ce que je crains le plus, c’est de voir un de mes potes au tapis.
Et au moment de l’ordre d’intervenir, c’est forcément la grosse décharge d’adrénaline ?
Oui, la montée d’adrénaline est évidente. On apprend à la gérer. C’est comme la peur. Il faut savoir la gérer. L’entraînement sportif y est pour beaucoup. L’état physique global aussi. L’entraînement sportif, c’est l’exutoire. On apprend à gérer son rythme cardiaque. C’est pas toujours facile, surtout quand il faut rester sept heures avec sur le dos un équipement de 45 kilos…
Quelles leçons tirez-vous de tout cela ?
On est obligé d’aller au bout. On a une obligation de résultat. Si on n’y va pas, qui va y aller à notre place ? Si nous on recule, plus personne n’avancera. »
Source : La Provence.com – article écrit par Denis Trossero le 19 novembre 2015
Photos © Stéphane Bommert