« Lundi 15 juillet 2019, le terroriste Mehdi Nemmouche était convoqué au tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne). Une juge devait statuer sur son maintien en détention
 
Entouré de quatre policiers du RAID, le terroriste Mehdi Nemmouche est apparu dans le box de la salle d’audience numéro 1 du tribunal correctionnel de Meaux, aux alentours de 10 h, lundi 15 juillet 2019.
Cheveux rasés courts, sans barbe, il est resté stoïque. Vêtu d’une veste grise et d’un polo bleu turquoise, il a prononcé deux phrases devant une juge des libertés et de la détention.
 
Le 15 mai 2019, il a été transféré de Belgique vers la France et est depuis incarcéré dans la prison Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne).
Il devra comparaître en France dans l’enquête sur les séquestrations de journalistes français en Syrie en 2013 et 2014.
Le 12 mars 2019, Mehdi Nemmouche a été condamné aux assises de Bruxelles à la réclusion à perpétuité pour les quatre « assassinats terroristes » commis en 2014 au musée juif de la capitale belge.
Mais, lors d’un tel transfert entre deux pays, pour que la condamnation belge soit applicable en France, il faut ce qu’on appelle en droit « la reconnaissance de transformation de la peine ».
Dans l’attente de cette décision, Mehdi Nemmouche doit-il rester incarcéré provisoirement ?  Le tribunal correctionnel de Meaux, et plus particulièrement une juge des libertés et de la détention, devait trancher cette question. C’est donc pour cette raison que le djihadiste français de 34 ans a été convoqué lundi 15 juillet.
 
Une audience de quelques minutes
Son avocat n’a pas pu être présent et le détenu a refusé d’être assisté d’un avocat commis d’office. Il a également accepté que les débats soient publics.
Dans la salle, pratiquement déserte, des policiers et trois journalistes ont pris place. Mehdi Nemmouche a balayé la salle d’un long regard puis est entré dans une bulle.
Son visage n’a exprimé aucun sentiment. Il a seulement répondu aux questions de la juge des libertés et de la détention par une unique phrase : « pas d’observation ».
Dans ses réquisitions, le procureur adjoint a argumenté son souhaite qu’une incarcération provisoire soit décidée. « Manifestement, si une autre mesure était prise que celle de l’incarcération provisoire, l’intérêt de Monsieur Nemmouche serait de se soustraire à l’action de la justice. »
 
Une « personnalité particulièrement dangereuse »
Il a poursuivi en expliquant : « Manifestement, l’assignation à résidence sous surveillance électronique et a fortiori sous contrôle judiciaire serait insuffisante. »
Pour argumenter son propos, il a rappelé que Mehdi Nemmouche avait tué quatre personnes lors de l’attentat du musée Juif, à Bruxelles.
Une tuerie « qui a provoqué un trouble à l’ordre public grand et persistant en Belgique mais aussi en France« .
Le procureur adjoint a poursuivi en indiquant : « Aujourd’hui, si monsieur Nemmouche venait à se retrouver sous une autre mesure, si notre juridiction prononçait une autre mesure que celle de l’incarcération provisoire, ce serait de nature à raviver ce trouble à l’ordre public. »
 
 
L’incarcération provisoire « paraît nécessaire »
Quelques instants plus tard, suite au délibéré, la juge des libertés et de la détention a indiqué que Mehdi Nemmouche serait incarcéré provisoirement.
Elle a détaillé cette décision : « Votre incarcération provisoire paraît nécessaire pour garantir votre maintien sur le territoire français dans l’attente de la décision de la reconnaissance et d’exécution de la décision de condamnation. »
Par ailleurs, elle a indiqué que Mehdi Nemmouche avait une « personnalité particulièrement dangereuse ». Elle a rappelé qu’il était « fortement radicalisé ».
Selon elle, les risques d’une fuite sont réels « au regard de la personnalité du condamné, de ses antécédents judiciaires, de sa situation familiale et sociale, de la nature des crimes pour lesquels il a été condamné ».

La juge des libertés et de la détention a argumenté :
« Ce sont des crimes commis dans un contexte de terrorisme qui implique nécessairement de la logistique et des appuis que vous êtes susceptibles d’avoir conservés. »
Elle craint donc que Mehdi Nemmouche ait conservé « des relations en capacité de vous aider à prendre la fuite, de passer les frontières, de vous soustraire à la justice. »
Comme le procureur adjoint, elle estime que l’assignation à résidence sous surveillance électronique et le contrôle judiciaire seraient « des mesures de contraintes insuffisantes« .
 
La réclusion à perpétuité
Le 12 mars 2019, Mehdi Nemmouche a été condamné à la réclusion à perpétuité par la cour d’assises en Belgique.
Elle avait appuyé sur le fait que Mehdi Nemmouche avait joué « le rôle principal » dans la tuerie du musée juif  « en qualité d’auteur direct et d’investigateur d’un quadruple assassinat minutieusement travaillé« .
 
La juge des libertés et de la détention a également rappelé que la cour d’assises avait noté que la tuerie avait un « caractère extrêmement violent » et « la dextérité déployée par monsieur Nemmouche ». Les juges avaient donc estimé que le terroriste était « une personne habituée et entraînée à tirer sur des cibles humaines. »
Par ailleurs, Mehdi Nemmouche a adopté un « comportement provoquant et particulièrement manipulateur ».
Une analyse qu’un premier expert psychiatre avait donné en 2006, « confirmée par son attitude tout le long de l’enquête et de la procédure judiciaire. »
La cour d’assises avait estimé qu’il avait une « absence totale d’empathie et de pitié à l’égard des victimes. » S’il était amené à s’échapper de prison, il y aurait  « un haut risque de récidive ». »
 
 
Source : actu.fr – article écrit le 15 juillet 2019  par Florence Mallegol
Photo © DGPN / SICOP
 

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