« Le préfet de Paris doit rendre un rapport sur la réforme de la préfecture de police au ministère de l’Intérieur, dans lequel il préconise le rattachement de la BRI au RAID.
La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la Préfecture de police de Paris, ex-Antigang, qui était intervenu au Bataclan connaît-elle ses dernières heures ?
Selon des informations concordantes, le nouveau Préfet de Police (PP) de Paris, Didier Lallement, a décidé de rattacher cette force d’intervention qui a pourtant toute compétence sur la capitale, au RAID.
L’idée est de couper la BRI en deux, l’autre partie étant rattachée à la police judiciaire et devant être relogé au Bastion, le nouveau siège du fameux « 36 ».
L’idée était dans les tuyaux depuis les attentats de 2015, mais Didier Lallement vient de la retenir dans la liste des propositions qu’il doit adresser dans les jours prochains au ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et à son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez.
La réforme de la Préfecture de Police de Paris considérée comme un serpent de mer, est une de deux priorités de la lettre de mission du préfet.
Un sujet sensible et complexe, car il implique qu’une partie des prérogatives de la PP soient rognées.
Un rapprochement légitime
Place Beauvau, on souhaite que la police judiciaire de la capitale et de la petite couronne, qui répond aujourd’hui exclusivement aux ordres du préfet de police, soit à terme rattachée à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), au sein d’une direction zonale qui comprendra la grande couronne.
Un souhait qui est encore très loin de la réalité. Selon des sources concordantes, ce rattachement de la PJ à la DCPJ, sa grande rivale, ne fait pas partie des propositions du préfet de police.
« Il ne s’agit pas de créer un nouveau tuyau pour que les choses s’améliorent, encore faut-il savoir ce que l’on met dedans » explique une source proche du dossier.
En acceptant de lâcher la partie intervention de la BRI, et donc l’une de ses prérogatives dans la capitale, le préfet de police de Paris fait un geste fort qui lui permet sans doute de gagner du temps. Contactée la préfecture de police de Paris n’a pas souhaité faire de commentaire.
Beaucoup d’observateurs considèrent comme légitime ce rattachement de la BRI PP au RAID. « Il n’était pas logique qu’un groupe d’intervention de compétence nationale (NDLR : le RAID) se mette à la disposition d’un groupe de compétence locale », constate une source à la Direction générale de la police nationale (DGPN).
Au moment des attentats de novembre 2015, certains avaient critiqué le fait de confier à la BRI PP la conduite des opérations au Bataclan alors que le RAID servait de simple force d’appoint et que le GIGN reste cantonné à la caserne des Célestins.
«Un énorme gâchis»
Reste à voir comment les syndicats de police vont réagir à la proposition du préfet de police.
Au sein de la BRI, où la rumeur circule depuis plusieurs jours, les policiers sont en colère et parlent d’un énorme gâchis. Aujourd’hui, l’unité compte près d’une centaine d’hommes qui s’inquiètent pour leur avenir professionnel. »
Source : Leparisien.fr – article écrit le 08 juillet 2019 par Jean-Michel Decugis