« Les 125 000 gendarmes vont bientôt avoir un nouveau patron. Nommé en avril 2013 par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, le directeur de la gendarmerie nationale Denis Favier a annoncé ce mardi qu’il quitterait ses fonctions le 1er septembre. Cette annonce a été faite par le général d’armée (cinq étoiles) «lors d’une présentation des grands chantiers en cours et à venir au sein de la gendarmerie» devant les 250 chefs opérationnels de la gendarmerie nationale, selon une source proche du dossier.
Selon La Lettre de L’Expansion, Denis Favier prendra en charge la sûreté pour le groupe Total. Le général Richard Lizurey, actuel major général, devrait lui succéder à la tête de la gendarmerie, sur proposition de l’Intérieur.
Né en 1959 à Lons-le-Saunier, dans le Jura, Denis Favier intègre la gendarmerie en 1984. Après avoir touché à tous les métiers, ce père de quatre enfants, marié à une institutrice, est bombardé en 1992 à la tête du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).
Le 26 décembre 1994, il mène l’assaut sur l’aéroport de Marignane, pour délivrer les 173 passagers et membres d’équipage de l’Airbus Air France pris en otage par un commando islamiste.
Juché sur l’une des trois passerelles, au milieu de ses hommes, il pénètre par la porte avant droite de l’appareil pour diriger l’opération, qui reste la plus importante libération d’otages jamais réalisée à bord d’un avion.
Valls salue «sa droiture et sa loyauté»
Il quitte le GIGN pour l’Ecole de guerre avant de rejoindre les ressources humaines de la Direction générale de la gendarmerie (DGGN). Commandant du groupement de Haute-Savoie (2000-2003), il retourne ensuite à la DGGN pour diriger le bureau du personnel officier. Il participe alors activement à la réorganisation des unités d’élite parmi lesquelles le GIGN, dont il reprend les rênes en 2007. Le GIGN devient alors une unité de 400 hommes et femmes, mise en place pour faire face aux nouvelles menaces terroristes.
Après avoir dirigé la région de gendarmerie d’Ile-de-France, il est appelé à la vie de cabinet, aux côtés du ministre de l’Intérieur Manuel Valls dont il est réputé proche. «J’ai eu la chance d’avoir Denis Favier à mes côtés, d’abord comme conseiller, puis comme directeur général de la gendarmerie nationale, a d’ailleurs réagi le Premier ministre dans une déclaration écrite. Sa précision, sa droiture, sa loyauté, sa connaissance fine de la conduite des hommes sur le terrain ont toujours été pour moi très précieuses.»
Marqué par la mort de Rémi Fraisse
Nommé à la tête des gendarmes, Denis Favier, promu général d’armée, ne mâche pas ses mots lorsqu’il faut obtenir des moyens pour une gendarmerie «qui peine à payer ses loyers, son essence et à renouveler son parc automobile». Tout en obtenant effectifs et moyens, le patron des gendarmes reste en première ligne au niveau opérationnel. Le 11 janvier 2015, il se plonge dans les cartes de Dammartin-en-Goële pour coordonner l’action sur le terrain visant à neutraliser les frères Kouachi.
Mais, en octobre 2014, la mort du militant Rémi Fraisse, tué sur le site du barrage de Sivens (Tarn) par une grenade offensive lancée par un gendarme, marque profondément son mandat, et Favier lui-même. L’affaire abîme la gendarmerie, l’emploi des grenades offensives est suspendu.
La polémique enfle, «le patron» monte au front pour soutenir publiquement ses troupes. Une intervention qui va jusqu’à susciter l’admiration des syndicats de police.
Le meilleur compliment vient des rangs de ses «meilleurs ennemis» de la police nationale : selon un haut gradé, «il a redonné sa fierté aux gendarmes qui se reconnaissent dans un chef emblématique». »
Source : Le Parisien / AFP – article écrit le 21 juin 2016