« Benchmarking et confrontation de culture et de talents, au camp de Souge, qui accueillait en octobre les snipers des groupes contre-terroristes d’Europe, à l’invitation du RAID.

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En octobre dernier, la moitié des membres du groupe antiterroriste européen Atlas se sont rencontrés au camp de Souge, près de Bordeaux. Cette année, l’accent était mis sur les techniques  des tireurs d’élite, cornaqués par le groupe Oméga du RAID.

Une précédente édition avait vu travailler les techniques de reprise de vive force d’un avion de ligne, sous l’égide du GIGN, sur l’aéroport de Châteauroux.

Pour le RAID, il ne s’agissait pas de limiter le travail des stagiaires au maniement de l’arme – tous les tireurs sont censés bien tirer –  mais aussi de les pousser dans leurs retranchements.

A peine après avoir été accueillis par Amaury de Hautecloque, les stagiaires sont cueillis à froid. Par la pluie, d’abord, qui commence  à tomber en bruine puis en rideau. Ensuite, par le premier exercice : les stagiaires vont devoir tirer à 600m, distance à laquelle la plupart d’entre eux ne se sont jamais aventurés. Partout en Europe, le tir police consiste à loger une balle  dans une pièce de 2 euros, à 100m maximum. Mais l’ingéniosité croissante des terroristes impose de rallonger les distances de tir, d’explorer les structures tubulaires, ce que le RAID a lancé  il y a deux ans.

Sur la première volée de balles, seuls d’ailleurs les policiers français et leurs confrères suédois, rompus aux déploiements en Afghanistan  avec leurs forces spéciales, logent du plomb dans la cible. Déjà l’occasion pour les tireurs de commencer à  parler technique. Puis les tirs s’enchainent, et petit à petit, les résultats s’améliorent. Une bonne partie des personnels dispose d’un fusil Accuracy (en 308 ou  338) ou d’un TRG 42.

A force de pousser les distances, les stagiaires iront jusqu’à plus de 750m…

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Le lendemain, l’armurier du RAID prodigue ses connaissances sur les perforations. Silence religieux sur le pas de tir. Un gendarme du groupe d’intervention de Genève fait la démonstration, avec son Ultima Ratio : une balle peut faire détoner une grenade – ou un piège explosif. Des tests de perforation sont aussi effectués, les jours suivants, sur des vitres blindées récupérées sur le chantier d’une banque.

Par-delà la pure technique, les policiers européens se confrontent aussi en matière de camouflage et d’infiltration. Chacun garnit « sa ghillie » à sa façon, et procède selon sa méthode propre pour rallier un point de tir à une centaine de mètres d’un site de détention d’otages. Le duo de tireurs doit s’approcher sans être vu, dans une lande assez dense, et toucher deux têtes en polystyrène avec un tir coordonné. Le tout,  ça va de soi, dans un délai contraint de 40 minutes.

Les cultures sont très différentes entre les Suédois, qui se déploient régulièrement en Afghanistan, les Britanniques, qui comportent 50% d’anciens tireurs militaires, et des Italiens qui sont venus avec deux équipes, une de la police et une des carabiniers. Mais ce melting-pot de cultures et d’expériences fait la richesse de ce genre de session, et c’est aussi l’occasion de se tenir au courant des dernières innovations.

Pendant une après-midi, le temps de faire passer tous les binômes, la lande girondine résonne de jurons sourds et de détonations parfois assourdies par un silencieux. Mais les stagiaires n’en ont pas fini. Le chef du groupe Oméga leur a concocté une soirée tout en fraicheur : trois groupes multinationaux doivent effectuer une infiltration pédestre de plus d’une demi-douzaine de kilomètres dans une forêt parcourue de petits cours d’eau, pour rallier  un site de détention d’otages . Deux équipes devront également, en début de mission, « cloquer » (poser des balises) des véhicules qui peuvent être utilisés par le réseau de preneur d’otages.

Des personnels de la technique du RAID sont mobilisés pour l’occasion, avec des équipiers du 13° Régiment de Dragons parachutistes, des spécialistes du renseignement militaire.

Bref, un stage aux frontières du réel, qui a fait découvrir à ces différentes équipes toutes les facettes d’une spécialité qu’elles ne pratiquent par forcément de cette manière.

En France, on l’a dit, les snipers du RAID ont élargi leur horizon de tir, ces deux dernières années. Ils ont notamment appris de la part des Forces Spéciales françaises, à qui l’unité a transmis des savoirs en matière d’opérations en zone urbaine, ou de négociation. Un échange bien compris qui a donc profité à tous. »

Le groupe ATLAS

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Le groupe ATLAS a été créé en octobre 2001 à l’initiative du DSU belge, lors du sommet des 15 commandants d’unités contre-terroristes, à Bruxelles. Le 23 juin 2008, une décision du Conseil de l’UE engage à plus de coopération entre les unités en cas de situation de crise, si bien que le 1er janvier 2009 une décision de l’UE permet l’appui d’une police d’un pays européen qui le demanderait par un ou plusieurs états membres d’Atlas.

La structure regroupe 35 unités de 27 pays. Des pays non-membres de l’UE, comme la Suisse et la Norvège, ont pu rallier Atlas, mais sans droit de vote.

Le groupe, financé par l’UE, doit notamment conduire des exercices réguliers mobilisant les unités. Ce fut le cas en matière aérienne à Châteauroux, à l’initiative du GIGN, mais c’est surtout  régulier en matière de contre-terrorisme maritime (CTM) dans le nord de l’Europe. Le budget consacré à Atlas devrait être réduit de 50% en 2013. »

 
Tiré de Police Pro n° 37  Janvier-Février 2013
Article de Jean-Marc Tanguy
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Vidéo stage ATLAS

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