En décembre 1985, le Raid libérait les 34 otages détenus par le braqueur Georges Courtois et ses complices au palais de justice de Nantes, sans tirer un coup de feu. 35 ans plus tard, Le Télégramme a suivi un entraînement avec cette unité d’élite, à Rennes, où elle dispose d’une antenne régionale.
 
 
Le « D » de Raid* signifie « Dissuasion ». Un terme adapté à la carrure et à l’équipement de ces policiers, armés comme des porte-avions.
Difficile de s’imaginer les retrouver au pied de son lit à l’heure du laitier. C’est pourtant ce qui arrive aux suspects considérés comme trop dangereux pour être « pétés » par des fonctionnaires lambda.

une antenne régionale.

Dans ces cas-là, il est déconseillé de bouger un cil. Outre leurs armes, dont ils maîtrisent parfaitement l’usage, les hommes du Raid sont des athlètes rompus aux sports de combat.
« Notre sélection est basée sur l’aptitude physique, mais pas que, précise le commandant N, le directeur de l’antenne rennaise du Raid. Nous cherchons des gens équilibrés, disponibles, capables de travailler en collectif et de se remettre perpétuellement en question ».
Vous pensez avoir le profil ? Avant de vous fendre d’une candidature spontanée, sachez que le RAID ne recrute que des policiers déjà très expérimentés.

 

Première mission, premier succès à Nantes
Palais de justice de Nantes, le 20 décembre 1985. Clope au bec, le commissaire divisionnaire Ange Mancini est tout sourire devant les caméras de télé. « Première mission, premier succès pour le Raid », commente le journaliste.
La veille, le braqueur multirécidiviste Georges Courtois a pris en otage, avec l’aide de deux complices, la Cour chargée de le juger ainsi que les spectateurs réunis au tribunal.
Le tout se déroule devant les caméras de France 3.
Le RAID a été créé quelques mois auparavant. C’est la première fois qu’il intervient.
De longues heures de négociations, menées par son patron, Ange Mancini et le célèbre Robert Broussard, numéro 2 de la Direction de la police, permettent de libérer les otages et d’arrêter leurs geôliers.
Aucun coup de feu n’a été tiré. Les méthodes « psychologiques » de cette toute nouvelle unité spécialisée dans le contre-terrorisme, décrites par Broussard sur le plateau du JT, ont triomphé. L’existence du RAID est révélée à l’ensemble des Français.
 

De Rennes à Kaboul
35 ans plus tard, le RAID est désormais aussi célèbre que les « grands flics » qui l’ont créé à l’époque.
Sa notoriété et sa réputation ont été popularisées en 1993 lors de la prise d’otage d’une école maternelle à Neuilly-sur-Seine.
En 35 ans, l’unité a profondément évolué. Centralisée à Bièvres en région parisienne, elle s’est délocalisée.
Après les attentats de 2015, onze antennes régionales ont été créées sur tout le territoire français, via la fusion du RAID avec les Groupes d’intervention de la Police nationale (GIPN).
Rennes accueille l’une d’entre elles. Depuis cinq ans, un certain nombre de policiers (l’effectif exact ne doit pas être dévoilé).
Interpellations de suspects dangereux, libérations d’otages, maîtrises de forcenés… Leurs missions sont variées.
Certains d’entre eux renforcent aussi la sécurité présidentielle lors de déplacements à risques.
D’autres assurent la protection d’ambassades dans des lieux compliqués.
C’est le cas à Kaboul et Beyrouth.
Parfois, leurs missions sont fortement médiatisées. Pour l’antenne rennaise, cela a été le cas le 23 novembre 2018, par exemple, où un gilet jaune qui prétendait détenir une grenade, menaçait de faire sauter une station-service dans un centre commercial d’Angers.
L’homme a été maîtrisé après plusieurs heures de négociations.
Idem en juin 2019 à l’opéra Graslin de Nantes. Le RAID avait dû évacuer les spectateurs rapidement. Une menace jugée très sérieuse laissait entendre qu’une attaque allait survenir contre le spectacle de l’artiste iranienne Sahar Mohammadi.

 
Maîtrise du feu
La plupart du temps, ils travaillent discrètement.
En France, les 500 hommes du RAID mènent un millier d’opérations par an.
Ceux de Rennes, une centaine. Par tous les temps et dans toutes les configurations.
Le « groupe » compte des spécialistes de l’effraction (comment rentrer dans un logement alors que la porte est fermée…), des cordes (pour descendre en rappel le long des façades…), de la négociation… Des hommes qui s’entraînent tout le temps.
Le Télégramme a suivi l’un de leurs entraînements dans une friche industrielle de la couronne rennaise. Une ancienne usine, des hangars, des carcasses de voitures (le site sert aussi aux pompiers à s’entraîner) : une ambiance dystopique à souhait où la colonne d’assaut avance appuyée par un petit véhicule blindé.
Ce type d’exercice est réalisé très régulièrement. Les forces spéciales appellent ça un « drill ». Un terme militaire utilisé en Prusse pour désigner des entraînements sévères basés sur la répétition incessante d’un même scénario.
Objectif : acquérir ou perfectionner des gestes en mode réflexe. Et maîtriser l’ouverture du feu. Une expertise qui peut se muer en assurance vie.
Pour les opérateurs, mais aussi leurs « clients ».
Ainsi, les membres de l’antenne de Rennes n’ont jamais eu à tuer un forcené armé qu’ils devaient maîtriser (ils en gèrent 10 ou 15 par an).
« Nous sommes là pour sauver des vies, rappelle le commandant N. C’est la raison même de notre engagement ». « Servir sans faillir ». C’est la doctrine de leur unité.
 

*Recherche, assistance, intervention, dissuasion”
 
 
 
Source : letelegramme.fr – article écrit le 21 décembre 2020
Photos © Vincent Michel / Le Mensuel

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