“Comme la quasi-totalité des groupes d’intervention, le GIPN est né au lendemain de l’assassinat des athlètes israéliens pris en otages lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Sur décision du gouvernement français qui souhaite se doter d’un nouvel outil pour faire face aux situations les plus graves (prises d’otages, attentats, etc.), le commissaire divisionnaire Georges Nguyen Van Loc, surnommé « le chinois » par le milieu, met en place le premier groupe, à Marseille le 27 octobre 1972, soit près de deux ans avant le GIGN et 13 avant le RAID.

Dépendants de la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP), les GIPN  sont placés pour emploi, à la disposition du directeur départemental de la sécurité publique de leur lieu d’implantation, mais ils peuvent intervenir sur l’ensemble du territoire, sur instruction du directeur général de la police nationale.

Aujourd’hui, les GIPN sont au nombre de dix, répartis sur le territoire métropolitain et outre-mer, avec des zones de compétence plus ou moins étendues.

Bordeaux : 19 départements : Ariège, Charente, Charente-Maritime, Creuse, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Gers, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Vienne, Hautes-Pyrénées, Landes, Lot, Lot et Garonne, Pyrénées Atlantiques, Tarn, Tarn et Garonne, Vienne.

Lille : 5 départements : Aisne, Ardennes, Nord, Pas de Calais, Somme.

Lyon : 15 départements : Ain, Allier, Ardèche, Cantal, Côte d’Or, Drôme, Haute Loire, Haute Savoie, Isère, Jura, Loire, Puy de Dôme, Rhône, Saône et Loire, Savoie.

Marseille : 8 départements : Aude, Aveyron, Bouches du Rhône, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées Orientales, Vaucluse.

Nice : 6 départements : Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes, Corse du Sud, Haute Corse, Hautes Alpes, Var.

Rennes : 9 départements : Côtes d’Armor, Finistère, Ille et Vilaine, Loire Atlantique, Manche, Maine et Loire, Mayenne, Morbihan, Vendée.

Strasbourg : 10 départements : Bas Rhin, Doubs, Haute Marne, Haute Saône, Haut Rhin, Meurthe  et Moselle, Territoire de Belfort, Vosges.

Nouméa : Nouvelle-Calédonie

Pointe à Pitre : Guadeloupe

Saint Denis : La Réunion

                               LE GIPN DE LYON

Prise d’otages, interpellation d’un forcené, mutinerie, escorte… A chaque fois qu’une situation à haut risque se présente dans leur zone de compétence, les hommes des GIPN sont prêts à intervenir. Démonstration des savoir-faire de ces unités d’élite de la police nationale, avec le GIPN de Lyon.

Sur son balcon, l’homme, un fusil de chasse à la main, hurle qu’il n’a plus rien à perdre et que ni lui ni sa femme ne sortiront vivants de l’appartement.

Le négociateur du groupe, qui vient de prendre contact avec lui, tente d’établir une relation, tandis qu’à quelques mètres de là, dans un hall d’immeuble adjacent, quatre de ses camarades finissent de s’équiper avec leur tenue lourde. Le forcené, qui a un passé judiciaire violent, est en pleine crise de démence : il tire plusieurs coups de feu en l’air, au milieu de ses vociférations.

Une issue raisonnée semble peu probable, et le GIPN se prépare déjà à donner l’assaut au cas où la menace sur l’otage deviendrait trop grande.

Le négociateur réussit à confiner l’homme à l’intérieur, près de sa porte, pour discuter.

Le petit groupe d’assaut en profite pour se rapprocher, à l’abri, derrière l’énorme bouclier lourd sur roulettes. Au même moment, l’imposant fourgon blindé (ex-véhicule de transport de fonds, réaménagé pour les besoins opérationnels  de l’unité) qui attendait au plus près, dans un angle mort du bâtiment, se positionne sous le balcon.

En silence, deux autres éléments descendent en rappel pour prendre position sur les rebords des fenêtres adjacentes. Enfin, sous couvert de deux de leurs camarades juchés sur le toit du véhicule, un dernier groupe met en place des échelles, et se prépare à donner l’assaut, au top de l’officier.

Une dernière fois, le négociateur détourne l’attention du forcené.

En une fraction de seconde, tout s’enchaîne très vite :   les grenades aveuglantes et assourdissantes sont lancées, elles donnent quelques secondes de répit aux hommes qui pénètrent simultanément par les fenêtres et le balcon. A l’intérieur, le groupe se scinde en deux : tandis qu’une partie tente de maîtriser le forcené, d’autres, rejoints par leurs camarades restés derrière la porte, se ruent sur l’otage pour la protéger, l’extraire du danger et l’évacuer, d’abord à l’abri derrière un bouclier balistique, puis dans le blindé.

Encore quelques cris à l’intérieur, puis le silence, et enfin un signal à la radio, qui annonce que l’homme est interpellé  et que le dispositif s’apprête à sortir.

Les différents éléments se regroupent devant un aéropage d’invités – pour la plupart issus de l’appareil judiciaire- , encore abasourdis par le rythme de la démonstration à laquelle ils viennent d’assister. Tous connaissent, bien sûr, l’existence et les missions du GIPN, mais peu avaient une idée concrète  du professionnalisme nécessaire pour arriver à un tel niveau de compétences.

Pour le gardien de la paix ou l’officier qui souhaite postuler au GIPN, la route est longue et incertaine.

Il lui faudra déjà avoir moins de 35 ans, au moins cinq ans d’ancienneté  et des notations irréprochables. Pour obtenir la validation administrative de son inscription et pour pouvoir se présenter aux tests de recrutement de la Force d’Intervention de la Police Nationale (FIPN), communs au RAID et aux GIPN.

Qu’ils viennent de la police aux frontières (PAF), de la sécurité publique ou d’unités d’intervention, les quelques candidats retenus doivent déjà passer un premier barrage au niveau  régional, destiné à faire un tri afin de n’envoyer au RAID que des éléments au potentiel crédible. Ces prérequis physiques, axés sur la force, la vitesse et l’endurance (pompes, grimpées de corde, test  cooper, etc.) suffisent à filtrer bon nombre de candidats.

Pour les plus doués et les plus motivés, ce sera ensuite une semaine de stress physique et de pression psychologique, pendant laquelle les épreuves s’enchaîneront, à un rythme effréné : tests de vertige, de claustrophobie, boxe, tir, marche de nuit, gestes techniques d’intervention professionnels (GTPI) ou aisance aquatique , tout sera mis en œuvre pour amener les candidats à leurs limites et voir ainsi comment ils réagissent et opèrent dans les zones d’inconfort extrême.

Pour les « rescapés », peu nombreux, viendront ensuite la formation (éliminatoire) puis une mise en observation dans l’unité, avant de pouvoir être intégrés.

Au GIPN de Lyon, les interventions succèdent aux séances d’entraînement. Les fonctionnaires sont à peine revenus d’une séance de sport que l’alarme retentit. Des coups de feu ont été tirés depuis un camp de gens du voyage ; les voisins , excédés , ont appelé les services de police.

Les premiers équipages arrivés sur place ont été accueillis par des volées d’insultes et des menaces à peine voilées en cas d’intrusion dans le camp…

Le risque de présence d’armes à feu est réel, et le GIPN est requis pour intervenir immédiatement dans cette zone résidentielle en bordure de l’agglomération lyonnaise.

Au fort de Montluc, l’alerte a déjà retentit, et chacun sait ce qu’il a à faire. Les équipements collectifs sont chargés dans le fourgon blindé pendant que chacun récupère son arme et sa tenue d’intervention.

Tandis que  deux motards se présentent déjà pour escorter le dispositif et faciliter son déplacement à à travers les rues encombrées,  le médecin urgentiste  d’intervention arrive à son tour en quelques minutes. Comme lors de chaque intervention à risque, depuis 2003,  un des neuf médecins volontaires des hôpitaux civils de Lyon fera partie de la colonne d’assaut.

Regroupés au sein du groupe des médecins d’intervention (GMI), ces spécialistes  hautement qualifiés qui travaillent pour le SAMU ou les services d’urgence revêtent  alors pour quelques heures la tenue noire caractéristique du GIPN.

Ils sont prêts à apporter, en cas de besoin, un support médical immédiat aussi bien à leurs camarades du groupe qu’aux éventuelles victimes ou aux « mis en cause ».

Les policiers apprécient cette présence à sa juste valeur, sachant qu’elle pourrait un jour faire la différence entre la vie et la mort en opération. Non seulement le médecin est intégré au groupe, mais il bénéficie en plus d’une « protection rapprochée » par le dernier élément du dispositif, qui veillera sur lui pendant toute la durée de l’intervention.

Même s’ils ne sont pas armés et bien qu’ils soient facilement identifiables par une croix rouge sur le casque et un marquage  sur leur gilet, ils sont au cœur même de l’action et donc particulièrement exposés.

Aux abords du camp, les premiers éléments sont déjà arrivés et finissent de s’équiper derrière le fourgon, pendant que le chef de groupe se fait  briefer sur la situation par les fonctionnaires qui sont intervenus en premier lieu.

Peu impressionnés, les hommes du camp ont refusé de les laisser pénétrer, encore moins de les autoriser à fouiller les caravanes à la recherche des armes…

La tension et la violence verbale étaient très grandes, mais déjà, devant le dispositif qui se met en place, le ton change.

Pourtant, les hommes du GIPN sont très calmes et les gestes s’enchainent en silence.

Pour ces professionnels aguerris, il n’y a pas de place pour l’improvisation ou l’émotion.

Les mêmes hommes qui plaisantaient il y a  encore quelques minutes pendant le trajet sont maintenant concentrés et silencieux.

Le niveau de danger sera certainement très limité, mais chaque intervention est effectuée avec les mêmes règles de sécurité.

Enfin, le dispositif se met en marche, la colonne emboitant le pas du fourgon blindé, sur lequel sont montés deux éléments qui bénéficient ainsi d’un point « haut ».

Calmement, sans précipitation et sous la protection de leurs deux « guetteurs » armés d’un HKC36 et d’un fusil à pompe calibre 12,  les policiers se dirigent par petits groupes vers les caravanes et les bâtiments à fouiller.

Dans le camp, ce sont surtout les armes non létales  qui ont été privilégiées, et le flash-ball ou le lanceur de balles de 40mm sont là pour garantir un niveau de riposte adapté si l’on passait de la violence verbale à l’agression physique.

Une à une, chaque caravane est contrôlée et fouillée avec la même rigueur et selon le même schéma tactique, maintes fois répété à l’entraînement.

Plusieurs carabines de chasse seront découvertes, et une situation qui était sur le point de dégénérer aura été maîtrisée rapidement et calmement par le GIPN.

Même si ce n’est pas l’intervention type pour laquelle s’entraîne le groupe, elle rentre tout à fait dans le cadre des missions qui lui sont attribuées : intervenir à l’occasion de troubles graves à l’ordre public nécessitant l’utilisation de techniques et de moyens spécifiques ; intervenir à l’occasion d’opérations de maintien de l’ordre nécessitant l’utilisation de techniques et de moyens spécifiques , mettre à la disposition des services de police des matériels spécialisés servis par le personnel des groupes.”

Police Pro n°36 – article écrit par Dominique André

Author

admin@fipn-sdlp.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!