« Deux agents du RAID sont venus jeudi matin à Cahors pour apprendre aux élus à désamorcer les conflits. Des gestes bien utiles pour les maires et leurs adjoints confrontés régulièrement à de l’agressivité. Une opération organisée par la direction départementale de la police nationale.
Quand la situation dégénère dans les villages, un seul mot d’ordre : garder le sang froid. Ce jeudi matin, dix élus des communes du Grand Cahors ont reçu une formation du RAID, à l’initiative de la direction départementale de la police nationale.
Leur mission ? Empêcher les conflits. Et pour cela, ils ont besoin d’un coup de pouce.
Près de 70% des maires disent avoir déjà été victimes d’incivilité d’après une enquête du Cevifop ( le centre de recherches politiques de sciences Po), paru en novembre dernier.
Preuve en est : le 12 janvier dernier, une administrée de 62 ans a insulté et menacé le maire de Vaylats pendant son discours des vœux.
» On n’est pas toujours sûr de ce que l’on peut faire ou pas en face d’un administré agressif, on a des réactions naturelles », explique Dominique Leleu, le maire délégué de Laroque-des-Arcs.
Deux agents du RAID sont justement venus répondre aux maires, adjoints et conseillers municipaux. Ils étaient dix volontaires ce jeudi.
Le contenu de la séance restera secret, mais l’élu assure » avoir reçu une bonne leçon qui va lui servir ». Il a appris des techniques pour désamorcer, pour éviter une escalade de la violence avec un démarrage très fort en début de matinée. »
On a réalisé des mises en situation avec plusieurs cas de figure. De l’attaque verbale jusqu’à un auteur au profil psychiatrique. J’ai découvert que les agents du RAID avaient des compétences dignes de la comédie française », plaisante Gérard Monteil, adjoint aux affaires sociales à Pradines. Rester stoïque, parler lentement et calmement. Baisser le ton pour faire baisser la violence.
Ce qu’il en retient : » Il faut rester serein et trouver le bon mot ».
Du management, en somme ? » Non, car dans le management il y a un aspect davantage commercial », répondent à l’unisson les deux policiers du RAID. » Aucune école ne forme au rôle d’élus », fait remarquer Serge Munte, adjoint au maire de Cahors. À Bellefont-la-Rauze, Jean-Pierre Molesin regrette de ne pas avoir été » formé plus tôt, en début de mandat ». Gérard Monteil intervient : « Même en un an on peut être agressé ». Lui n’a connu que » des propos un peu forts « . Il ne s’est jamais senti en danger.
De » petites agressivités » au quotidien
Martine Hilt, adjointe à Pradines, n’a jamais fait face à une situation de violence. Elle parlerait plutôt de » petites agressivités au quotidien « .
Au moins des remarques bien senties. » Tout est dans la posture que l’on adopte.
Pour moi le plus important est d’écouter et de comprendre la personne qui m’interpelle. J’ai appris qu’il valait mieux parfois différer une réponse. Nous avons été élus, il y a une relation de confiance, nous devons bien ça à la population », glisse-t-elle à la fin de la séance.
Elle et Gérard Monteil sont d’anciens travailleurs du social. » En parallèle de nos mandats, on a eu à gérer des situations de crise », notent-ils.
Serge Munte aimerait impliquer les secrétaires de mairie dans cette formation. » C’est une demande qui revient régulièrement, que le personnel de mairie soit associé, les secrétaires sont en première ligne », observe l’un des deux agents du Raid. Isabelle Souty, commandant de police, rappelle que » les élus sont une cible. On souhaite leur apporter notre soutien pour qu’ils ne se sentent pas seuls. Il ne faut jamais sous-estimer l’agressivité, même lorsque l’on connaît tout le monde dans sa commune. Une leçon à retenir. »
Source : ladepeche.fr – article écrit le 29 janvier 2024 par Manon Adoue
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