« Il a passé quinze ans en intervention au RAID, avant de devenir négociateur au sein de l’institution. Une formation à Scotland Yard et une autre au FBI en poche, il s’est retrouvé propulsé, le 7 janvier 2015, au cœur des attentats. Une première intervention totalement inattendue dans sa nouvelle fonction.

Dix ans plus tard, alors que la France commémore mardi et mercredi ces attaques sanglantes, le policier revient, dans un roman graphique intitulé Janvier, le jour où nous avons été applaudis* sur ces 54 heures pendant lesquelles toutes les forces de l’ordre ont été mobilisées depuis l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier à 11h30, jusqu’à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes en passant par l’imprimerie de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne.

Il sortait d’un laser game quand il a été appelé

Le 7 janvier 2015, Frédéric Martin n’était pas censé travailler. Ce jour-là, il était en vacances et passait quelques jours avec ses enfants à « jouer à la guerre » dans un laser game. En sortant de la salle, son ex-femme lui dit : « Tu as vu, ils ont tué des journalistes ! ». Douze personnes venaient d’être tuées dans les locaux et aux abords de la rédaction de Charlie Hebdo à Paris par Chérif et Saïd Kouachi, en fuite depuis l’attaque.

Très vite, le policier est appelé par sa hiérarchie pour « renforcer le groupe ‘Négo' ». Le 8 janvier, quelques heures après l’assassinat de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe par un autre terroriste, Amedy Coulibaly, à Montrouge, Frédéric Martin est envoyé avec d’autres en Seine-et-Marne, où les frères Kouachi ont été repérés.

« Amedy Coulibaly voulait nous parler »

Le 9 janvier au matin, les autorités apprennent que les deux frères se sont retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële. « Le RAID est le premier à être arrivé mais historiquement, la zone est une zone gendarmerie. Le GIGN va venir nous relayer pour travailler. D’ores et déjà, nous avons des problèmes avec certains journalistes qui essaient de s’infiltrer pour se rapprocher de l’imprimerie où se trouvent les terroristes. Il y a alors un réel manque de discipline de la part de certains.

Des journalistes rampent, tentent de franchir les périmètres de sécurité pour s’approcher au plus près de la crise pour prendre des photos notamment. La situation à l’intérieur comme à l’extérieur de l’imprimerie est très tendue », se souvient le négociateur.

Pourtant, « ça n’était que le début ». Frédéric Martin quitte Dammartin-en-Goële et part à Paris, direction l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, où Amedy Coulibaly a pris les clients et les personnels en otages. »Nous apprendrons en route qu’il s’agit d’une prise d’otages terroriste, qu’elle a lieu dans un hyper de deux étages, qu’elle est connectée avec Dammartin, que c’est avec une population sensible de confession israélite, et qu’il va falloir travailler avec la BRI (Brigade de recherche et d’intervention, ndlr). Pour une première, c’est coton », note-t-il.

Sur place, Frédéric Martin et son équipe tentent d’entrer en contact avec le terroriste qui se trouve dans le magasin, mais la ligne est occupée… par un journaliste qui converse avec lui. « Sur les prises d’otages terroristes, contrairement aux forcenés par exemple, très souvent le terroriste, lui, veut parler avec la police. Il a quelque chose à communiquer, il combat pour un drapeau, il a des revendications. Là, Amedy Coulibaly voulait nous parler, et nous voulions parler au terroriste et nous ne pouvions pas », dénonce le négociateur.

« Le terroriste voudrait vous parler »

Dans le magasin, quatre personnes ont déjà été tuées et seize autres sont retenues en otage, dont plusieurs cachées dans la chambre froide. « Je dois alors évaluer la plus-value des sources d’informations qui arrivent, structurer les stratégies de négociations et faire le lien de tout ce qu’il va se passer avec le PC opérationnel. À ce moment, se présente à moi un type formidable qui se trouve être le beau-frère d’un des otages. Il me tend son téléphone et me dit : ‘Le terroriste voudrait vous parler’. Je me dis : ‘C’est quoi ce sketch ?’ C’était pourtant vrai. J’ai transmis le téléphone au négociateur 1, qui a commencé la négociation. Il y aura trois contacts : deux échanges au cours desquels on lui propose de sortir pacifiquement et le troisième au moment de l’assaut », détaille le négociateur.

L’assaut sera donné après qu’une chaîne de télé a annoncé en bandeau la neutralisation des frères Kouachi. Amedy Coulibaly, qui avait en sa possession des armes mais aussi 27 bâtons de dynamites, est abattu alors qu’il ouvre le feu sur les forces de l’ordre. Aucun otage n’a été tué pendant l’intervention. »

Janvier, le jour où nous avons été applaudis de Luca Casalanguida (Illustrations), Jean-Edouard Grésy (Scénario), Makyo (Scénario) et Frédéric Martin. Éditions du Rocher, 19,90 euros.

Source : tf1info.fr – article écrit le 7 janvier 2025 par Aurélie Sarrot

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