« Le ministre de l’Intérieur s’est rendu hier auprès de l’unité d’élite de Marseille, toujours minée par plusieurs affaires de violences consécutives à son déploiement lors des émeutes urbaines de l’été 2003.
C’est l’un des plus beaux sites de la police nationale. L’un des plus discrets aussi.
Au cœur du Grand port maritime, l’antenne du RAID dispose depuis 2023, d’une base d’entrainement digne d’un film.
Dix mois après l’inauguration des lieux, Gérald Darmanin était de retour, hier matin, afin de décorer une demi-douzaine de policiers de l’unité.
Débarrassé de sa cravate, le ministre de l’Intérieur, désormais démissionnaire, s’annonce « en signe d’amitié, de fraternité d’arme, entre ceux qui décident de votre emploi, qui vous équipent, et ceux qui comme vous vont sur le terrain, risquent leur vie tous les jours ».
Cinq opérateurs poursuivis
« Sachez que les chefs sont parmi vous, avec vous, à vos côtés, ils prennent les mêmes risques en ce sens que si l’un d’entre vous tombe, c’est nous qui tombons aussi », assure Gérald Darmanin face aux agents alignés au garde à vous.
Des mots qui prononcés dans ce décor de rêve pour un flic d’élite sonnent lourdement à Marseille. Car depuis un an, la trentaine de policiers et d’opérateurs techniques qui y sont affectés accusent le coup.
Cinq agents du RAID sont toujours mis en examen, et plus encore ont été entendus sous le régime de la garde à vue par la police des polices, dans le cadre de trois affaires de violences, dont une mortelle.
Tous ces faits ont un point commun : ils se sont déroulés durant les quatre jours d’émeutes urbaines de l’été 2023 à Marseille, consécutives à la mort de Nahel, un jeune homme tué lors d’un contrôle de police à Nanterre le 27 juin 2023. Face aux violences et aux pillages d’une ampleur inédite qui avaient suivi, le ministre de l’Intérieur avait décidé de déployer le RAID dans les rues de la ville, afin de protéger certains points vitaux et ramener le calme.
« Ces unités sont entrainées et équipées pour lutter contre des forcenés, donner l’assaut face à des gens armés… pas faire du maintien de l’ordre. Et malheureusement, il y a eu de la casse… », rappelle un cadre du ministère de l’Intérieur. Et les conséquences judiciaires ont aussi eu un lourd impact sur l’unité.
« Je ne regrette pas »
« Ces cas sont complexes et on fait notre travail, mais on voit bien le caractère destructeur de ces affaires pour ces policiers qui sont carrés, vont au front régulièrement et peuvent se sentir trahis. On en est tout à fait conscient », glisse un magistrat marseillais.
A l’heure du départ, le ministre de l’Intérieur regrette-t-il son choix ? « Pas du tout, au contraire, il a fallu rétablir l’ordre public et on l’a fait en quatre jours. Regardez ce qu’il se passe aujourd’hui en Angleterre ! rétorque Gérald Darmanin. Si je suis revenu les voir à plusieurs reprises, c’est pour leur dire que j’étais à leurs côtés et pas un chef qui prend les décisions et les laisse se débrouiller. Et s’ils devaient tomber, je tombe avec eux » ».
Source : Laprovence – article écrit le 8 aout 2024 par F. B
Photo © F. B