Police – Deux agents racontent leur métier d’exception dans un livre accessible à tout âge.

Le nom de leur unité résonne quand l’affaire est grave, le reste de leur métier demeure mystérieux pour le commun des mortels. On se souvient évidemment de l’intervention de la BRI pour sauver les otages du Bataclan, mais de quoi d’autre ? C’est le quotidien de leur métier qu’a voulu raconter Jérémy Milgram, chef de groupe, dans l’ouvrage Les Anges Gardiens du 36, illustré par son collègue Jean-Charles Sanchez.

Comment est née l’idée de ce livre inclassable, succession d’histoires illustrées à la manière d’une BD qui naviguent entre réalité et fiction ?

L’idée est vraiment née de la rencontre de deux flics qui avaient envie de raconter leur métier et leur engagement. Nous voulions nous mettre à la hauteur d’homme pour décrire la réalité de nos missions, au-delà des cagoules et des armes. J’ai construit ce récit en prenant des bribes d’opérations pour en reconstituer d’autres. Mais tous les souvenirs, toutes les émotions et toutes les interrogations ont vraiment été vécus.

Vous évoquez également le contreterrorisme, avec le souvenir de cette infernale soirée du Bataclan. Vous voyez souvent des horreurs, mais cette soirée-là…

Cette soirée a tout changé, il y a vraiment un avant et un après. Parmi les opérateurs, nous ne sommes plus très nombreux à l’avoir vécue, mais les plus jeunes sont marqués par cette intervention parce que c’est inscrit dans l’ADN de l’unité. Ça a changé notre état d’esprit, transformé notre manière d’opérer.

Comment avez-vous sélectionné les autres histoires, selon quels critères ?

J’ai raconté des histoires différentes parce que je voulais rendre hommage aux hommes qui ont créé cette unité, qui ont permis à d’autres hommes de lutter contre le crime organisé aussi bien que d’agir en cas de crises graves. Le but n’est absolument pas la recherche d’une quelconque gloire ni la volonté de raconter nos guerres. Simplement de rendre accessible la réalité de notre métier, de notre engagement, sans pour autant révéler nos modes opératoires.

Comment définirez-vous ce métier justement ?

Nous sommes toujours prêts à réagir, à revenir au 36, à intervenir, c’est pour cela que nous avons signé !

C’set vraiment un métier passion, mais assez couteux : il trotte en permanence dans nos têtes. L’aspect technique de ce métier se prépare et s’entretient, mais c’est vraiment l’engagement humain qui prime. Même si ce n’est pas tous les jours la guerre, Dieu merci.

Au fil du livre, on sent que les commentaires qui accompagnent votre métier ou vos interventions sont parfois blessants, voire exaspérants… N’est ce pas aussi un message que vous vouliez faire passer ?
Ce n’est vraiment pas un livre qui cherche la polémique, mais qui cherche à expliquer. Il faut comprendre qu’à chaud, avec un stress intense, on ne réagit pas de la même façon que dans le calme d’un bureau, même avec le meilleur entrainement du monde. J’ai voulu, dans certaines histoires, faire comprendre que le policier a quelques secondes pour prendre une décision, et qu’il peut en prendre une mauvaise, comme tout le monde. Cela s’appelle la possibilité de se tromper, inhérente à tout homme.

© Sandra Chenu Godefroy

Il y a des enquêtes judiciaires, des commentaires politiques ou médiatiques…. Est-ce que cette forme de surveillance a changé votre manière d’intervenir ?
La mise en danger physique a toujours fait partie de notre métier ; mais la mise en danger juridique s’est considérablement accentuée. Je comprends absolument que la société demande des comptes quand un policier fait usage de son arme mais il peut exister parfois sur certaines affaires très médiatisées, une présomption de culpabilité plus pesante.

Vous êtes à la BRI depuis bientôt dix-sept ans… Qu’est ce qui a changé dans votre métier ?
Il y a un triple changement : une claire montée de la violence gratuite et débridée, un rajeunissement des gens à qui nous avons affaire, et la dégradation de l’attitude vis-à-vis de la police.
Et encore, nous en souffrons moins que les policiers du quotidien, puisque nous intervenons par surprise et en surnombre. Mais le défaut général d’autorité est vraiment saisissant.

Qu’est ce qui continue à vous motiver ?
Depuis dix-sept ans, je me lève chaque matin en me demandant de quoi ma journée sera faite, c’est un sentiment extraordinaire. Et même s’il nous arrive de faire face à des situations difficiles, le fait de partager ces moments avec ses camarades rend ce boulot passionnant. C’est pour cela que nous aimons passionnément ce métier.

Source : LJDD – article écrit par Charlotte d’Ornellas le 15 octobre 2023
Photo © SITTA

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