« L’antenne régionale du RAID intervient en situation de crise, d’interpellations à risque, ou de protection de repentis.
L’unité d’élite de la police nationale préserve son intimité.
On n’y vient pas les yeux bandés mais, pour des raisons de sécurité, son siège reste secret, de même que les identités de ses « opérateurs ».
De ses quartiers bordelais, l’antenne du RAID, qui compte une vingtaine de gars charpentés, se déploie sur toute la Nouvelle-Aquitaine, au gré des « saisines ».
« Nous sommes des prestataires de services », sourit Stéphane (1), « chef par intérim » âgé de 50 ans.
Son groupe est appelé pour des prises d’otages, neutraliser des forcenés ou appuyer des collègues lors d’interpellations jugées à risque.
Mais aussi, et c’est moins connu, afin d’assurer la protection du « PR » (président de la république) lors de ses déplacements, comme celle d’autres personnalités, voire de « repentis ».
Une antenne née en 2015
« Servir sans faillir », la devise du RAID, s’affiche discrètement mais surement dans le hall d’entrée.
Dans la pièce dédiée aux réunions et au café du matin, un trépied et de longs sacs (qui ne renferment certainement pas des guitares) jonchent le sol ; un panier en osier dégueule de barres chocolatées.
Ceux qui ont été triés sur le volet pour intégrer l’unité d’élite tricolore ne se laissent pas aller à l’embonpoint.
Une nouvelle salle de muscu, perchée sur un bunker, inaugurée vendredi dernier par le « patron » (le chef national du RAID, Jean-Baptiste Dulion), voisine d’ailleurs à quelques mètres.
RAID signifie « Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion ». Son antenne bordelaise a été créée en 2015 pour remplacer l’ancien GIPN (Groupement d’Intervention de la Police Nationale).
On compte une quinzaine de structures régionales du même type en métropole et en outre-mer. Une nouvelle vient de se créer sur l’ile de Mayotte.
Le lundi, tir de précision
A Bordeaux, qui pourrait bénéficier de renforts au cours des prochains mois, les semaines se montrent généralement réglées comme du papier à musique.
Le lundi, par exemple, c’est « THP », soit tir de haute précision.
Le mercredi, le groupe s’exerce aux armes de poing (fusil d’assaut) quand en fin de semaine, il s’adonne à un entrainement tactique, « sans balle réelle, cette fois », nous précise-t-on.
L’exceptionnel bouscule bien souvent l’agenda.
Le RAID bordelais a mené une petite centaine d’interventions en 2022, 13 depuis le début d’année.
« Ce sont beaucoup d’affaires de stupéfiants ou gérées par les douanes. Dès qu’il y a suspicion d’armes, les services sont censés faire appel à nous », précise Stéphane.
Dernièrement, son équipe a été mobilisée afin d’interpeller, à 6 heures du matin, un contrebandier dont les images sur les réseaux sociaux laissaient présager d’une certaine appétence pour la gâchette.
En septembre 2021, à Izon dans le Libournais, le groupe a participé à l’arrestation de trafiquants, pris en plein deal. Butin sur place : 630 kilos d’herbe.
L’atout des drones
« On voit beaucoup plus d’armes circuler partout en France », souligne Jean-Baptiste Dulion, pour qui cette hausse est surtout liée au trafic de drogue.
En région, ses hommes sont « multicartes ».
Messieurs muscles souvent, diplomates parfois ; ils sont formés au tir d’élite, à la négociation, à la conduite à grande vitesse et même au pilotage de drones.
« Les drones sont devenus un énorme atout, livre un opérateur ». Auparavant, on les employait principalement sur les préparations ou les missions de reconnaissance. Désormais, on les utilise aussi en intervention ».
Une polyvalence nécessaire.
A l’été 2021, un membre de l’équipe bordelaise était ainsi détaché à Kaboul parmi les hommes qui ont exfiltré des centaines de Français et d’Afghans de l’ambassade vers l’aéroport. Il se souvient « d’une très belle expérience » quand beaucoup retiennent ne opération « extrêmement périlleuse ».
Veiller sur le mondial
Un collègue évoque quant à lui sa présence sur une intervention à Pau, l’automne dernier, alors qu’un homme menaçait d’incendier son immeuble.
Mathieu (1) était posé à 37 mètres, un œil dans le viseur, décomposant les gestes de l’individu retranché, prêt à le neutraliser si besoin ou à lancer le « top intervention ».
« Là, tout est dans la précision », expose-t-il.
Mais l’unité d’élite est également engagée sur des actions -a priori- plus tranquilles.
Les Bordelais seront ainsi chargées de la sécurité du Matmut Atlantique durant la Coupe du monde de rugby ou celle de l’équipe de Roumanie.
Aux manettes du RAID depuis six ans, Jean-Baptiste Dulion a été reconduit pour une année de plus afin de superviser ce mondial. »
(1) Les prénoms ont été modifiés
Source : SudOuest – article écrit le 27 février 2022 par Jean-Charles Galiacy
Photos © Fabien
A tous respect, force à l’insigne et de mon côté je suis de tout coeur avec vous Frères d’Arme même si je ne suis qu’un retraité gendarme .
Force et Honneur.