FIPN-SDLP.FR : Bonjour Kato et merci de me recevoir. Question classique : quel est ton parcours de policier ?
Kato : J’ai passé le concours de Gardien de la Paix en 1993, j’ai commencé à travailler dans le département des Hauts-de-Seine en brigade de nuit en en bac. En 1998, j’ai passé l’habilitation GIPN et j’ai choisi de rejoindre le GIPN de Nice. J’ai passé le concours d’officier en 2004 et ai été affecté à la CRS 8 à Bièvres.
J’ai quitté la CRS 8 deux ans après mon arrivée pour rejoindre le RAID que j’ai quitté il y a deux ans.
Je suis donc à la B.I depuis 2011.
F-S : Quelles ont été tes motivations pour rejoindre le GIPN ?
K : C’est une volonté extérieure, dès mon plus jeune âge, j’ai toujours admiré les policiers du GIPN, les interventions qu’ils résolvaient, le mental extraordinaire qu’ils avaient pour gérer le stress de leur travail.
J’ai passé le concours de Gardien de la Paix pour devenir un membre des GIPN.
F-S : Le GIPN de Nice était dirigé par le commandant Vito, lui-même venait du SPHP, comment était-il ?
K : Vito était un très bon chef de groupe, il avait un gros sens de l’humour et il était très bon combattant.
Mais j’ai une pensée particulière pour le chef que j’avais à mon arrivée ; Freddy Fabre qui a été blessé gravement en service. Freddy était au RAID avant d’aller au GIPN de Nice.
F-S : Quelles ont été tes spécialités au sein de ce groupe ?
K: Tout policier qui est au GIPN se doit d’être polyvalent. Les GIPN les plus nombreux sont au nombre de 24 policiers, il est impossible d’avoir plusieurs pools de spécialités comme les grands services (RAID ou GIGN). Chaque policier doit exceller dans une matière (THP, Sports de combat, conduite anti-agression, cordes…) mais doit être bon dans les autres au cas où..
Mais j’avais une préférence pour le tir de haute précision.
F-S : Quelles missions t’ont le plus « marqué » ?
K : La mission qui m’a le plus marqué de façon dramatique est l’opération durant laquelle Freddy Fabre a été blessé.
A contrario, celle qui me laisse le meilleur souvenir s’est déroulée en 1999 quand 13 membres du GIPN de Nice ont maté une mutinerie à la prison de Grasse.
F-S : Tu as ensuite postulé pour le RAID, pour quelles raisons ?
K : Après des années au GIPN, j’ai passé mon concours d’officier. J’ai passé les tests d’habilitation RAID que j’ai réussi.
Cependant, c’est une énorme « usine », une unité aux moyens humains et matériels conséquent mais qui subit une pression médiatique et politique importantes.
F-S : Quelles grandes différences as-tu constaté entre les GIPN et le RAID. Toi qui as travaillé au sein des deux services, comment les vois-tu aujourd’hui ?
K : La cohésion y est importante mais, pour ma part, je l’ai trouvé moins forte qu’au GIPN.
Les missions sont similaires au GIPN mais il y a plus d’opérations à l’étranger (formations).
C’est un service où il y a des fortes personnalités, les interventions et missions diverses ne sont pas quotidiennes, il faut occuper les hommes.
Ange Mancini, le premier patron du RAID disait : « le plus dur n’est pas de gérer l’exceptionnel mais le quotidien »…
F-S : En décembre 2000 était créée la FIPN, qu’en penses-tu ?
K : C’est un projet très intéressant et qui mérite d’être soutenu. La difficulté réside dans les différentes identités ( le RAID et les GIPN ont des missions d’intervention depuis leur début, la BRI a un rôle premier de Police Judiciaire mais peut aussi intervenir en équipement et armement lourd -pour intervenir sur des interpellations de malfaiteurs armés ou forcenés ou terroristes via la B.A.C avec la B.I).
F-S : Beaucoup s’accordent à dire que tu as transformé la B.I
K : Non, je ne l’ai pas transformé, j’ai apporté mon expérience de l’intervention avec mon vécu au GIPN et au RAID mais je n’ai rien changé.
F-S : Qui sont les médecins qui suivent les groupes d’intervention de la police nationale ?
K : Les médecins qui suivent les groupes d’assaut du RAID sont des médecins d’urgence (SMUR) affectés au service, ils s’occupent des policiers au quotidien et en intervention.
Aux GIPN, il existe des conventions avec les urgentistes locaux.
Les interventions de la B.A.C sont suivies « médicalement » par le Professeur Safran , bien connu dans le domaine médical.
F-S : Comment la B.I se positionne aujourd’hui entre le RAID, les GIPN et la BRI ?
K : C’est une unité émergente, le « petit poucet » de la FIPN. Elle commence à prendre sa place tout doucement mais n’a pas l’expérience du feu des services de la FIPN.
Il manque une grosse intervention à la B.I pour lui faire prendre de l’ampleur , une intervention difficile.
La B.I fait des échanges avec la BRI, les GIPN. Le dernier en date voyait la B.I s’entraînait avec le GIPN de Lille. Et je ne parle pas des échanges pendant les stages de cordes à Chamonix, THP, NRBC, stages explo… Nous faisons des expertises et formations avec des services de polices demandeurs type GAHP (Groupe d’Appui des Hautes Personnalités – SPHP).
La reconnaissance du service a été une formation du groupe d’intervention au Burundi avec des policiers de la B.I et de la B.R.I.
F-S : Comment se passe une semaine type ?
K : Nous organisons les semaines en fonction des missions prioritaires ; les matinées sont réservées aux entraînements physiques : footing, piscine, musculation.. et les après-midis aux entraînements tactiques : tirs, progressions, manœuvres de cordes..
F-S : Quels sont les sports de combat que vous pratiquez ?
K : Nous pratiquons essentiellement le grappling et les boxes. Nous accons moins sur la self défense. En équipement lourd, il est impossible d’être aussi mobile qu’en tenue civile…
En lourd, en poussant le bouclier sur l’individu ou en mettant un coup de casque, ça suffit à mettre hors d’état de nuire la personne à interpeller qui résisterait à son interpellation.
F-S : Quelles sont les affectations que demandent les opérateurs de la B.I après leur passage au sein du service ?
K : Nous avons un policier qui part au GIPN (c’est le troisième dans ce cas), certains retournent chez eux, en province et d’autres vont au déminage.