Alors que le pont aérien entre l’Afghanistan et la France semble désormais fonctionner, le patron du RAID, a raconté l’exfiltration périlleuse de plusieurs centaines de personnes, de l’ambassade de France jusqu’à l’aéroport de Kaboul, escortés par seulement onze hommes- et avec l’assentiment des talibans.
 

216 personnes ont atterri ce mercredi soir à l’aéroport de Roissy, au terme d’un voyage depuis Kaboul, avec une escale à Abou Dhabi.
Le scenario est le même que pour 41 ressortissants français la veille, et devrait se reproduire cette nuit et plusieurs fois dans les jours qui viennent.
Le pont aérien mis en place par la France entre Kaboul et Paris est en train de boucler avec succès sa troisième rotation.

Mais avant de réussir ce ballet aérien, il fallait que ces centaines de Français et d’Afghans soient transférés de l’ambassade de France, en plein Kaboul, jusqu’à la base sécurisée installée à l’aéroport.
Cinq kilomètres en bus au milieu d’une ville en plein chaos, que les talibans viennent de reprendre.

 
Cette opération “extrêmement périlleuse”, dans un milieu particulièrement volatile, c’est le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) qui l’a menée à bien sur place, avec le concours des forces spéciales françaises basées à l’aéroport de Kaboul.
Le patron de cette unité d’élite, Jean-Baptiste Dulion, a raconté ce soir sur RTL les détails de cette mission hors-norme, préparée dans l’urgence et menée à bien grâce à une discussion de terrain pragmatique avec les talibans.

Le patron du RAID est extrêmement soulagé, après le succès de cette “opération très périlleuse, dans un environnement hostile et incertain”.
Jusqu’au bout, il aura tremblé pour ses hommes, en suivant les opérations depuis le centre de commandement de Bièvres, dans l’Essonne.
 
Le RAID est habituellement en charge de la sécurité de l’ambassadeur de France à Kaboul, mais le brusque changement de situation a obligé ses responsables à réadapter le dispositif dans l’urgence, avec l’arrivée foudroyante des talibans dans la capitale afghane.
L’ambassadeur a établi une base sécurisée à l’aéroport, avec les forces spéciales, tandis que les hommes du RAID sont en charge de ce convoi sans précédent, des centaines de personnes qu’il faut exfiltrer de l’ambassade.
Comme le rapporte Jean-Baptiste Dulion, “des Afghans de plus en plus nombreux se massaient devant la représentation française, la situation devenait périlleuse”, et il a fallu faire vite.

“On ne pouvait rien faire sans les talibans”Jean-Baptiste Dulion, commandant du RAID
Lorsqu’on lui demande s’il y a eu “un deal avec les talibans”, le patron du RAID ne tortille pas : “Tout à fait”. Sur le terrain, il n’y avait pas d’alternative, et il salue d’ailleurs avec émotion “le courage, la résilience et le professionnalisme” de ses hommes. Car “ce sont eux, sur place”, explique-t-il, “qui ont négocié avec les talibans”. Il y a eu un niveau de discussion entre l’ambassadeur de France et la direction du mouvement taliban, auquel Jean-Baptiste Dulion n’a pas directement participé.
Mais au niveau du terrain, ce sont les hommes du RAID qui ont “recherché un responsable opérationnel qui puisse [les] aider, et favoriser l’exfiltration, puisqu’on ne pouvait rien faire sans eux.”
L’itinéraire a été tenu secret jusqu’au dernier moment, élaboré avec une “autorité talibane” que le RAID était parvenu à identifier : “on a senti que c’était quelqu’un avec qui on pouvait discuter et qui avait un vrai pouvoir… Après, tout s’est monté avec eux, et en sécurité jusqu’à l’enceinte sécurisée de l’aéroport”.

“Des véhicules blindés, et des bus sécurisés, pour emmener un maximum de gens” : le cortège traverse une ville en plein chaos, dans un pays en crise.
Onze hommes seulement pour escorter 350 personnes le long des 5 kilomètres qui séparent l’ambassade de l’aéroport.
Tous ceux qui ont été exfiltrés cette nuit-là, dans cette invraisemblable équipée à travers Kaboul, sont désormais à Paris, ou sur le point d’y atterrir.”


 
Source : LCI.fr – article écrit le 18 aout 2021 par F.S

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