Lundi 10 octobre 2010, Yannick fait partie du groupe cynophile du RAID.
 
 
Il prend son alerte à 09h00 avec son chien Frax, âgé de 4 ans et demi.
Quand le planning le permet, deux maitre chiens sont engagés sur les alertes, le binôme homme-chien plus un policier chargé d’aider avec ou sans son chien (capture de chien dangereux, etc.).
Cette semaine, c’est Ben E. qui est en « doublette » avec Yannick.
Le binôme homme-malinois se connait parfaitement, le chien sait exactement quoi faire et quand.
Il est en attente pendant les phases, parfois longues, de négociation, il sait se faire discret pendant l’installation du Door-Raider, il dresse les oreilles quand il entend le forcené…
 
A 20h00, le kobbi de Yannick sonne et indique : « Alerte générale, retour au service, forcené à Evreux ».
Yannick et Ben chargent le matériel, Frax et Nitro, le chien de Ben.
A 20h30, Yannick et Ben, suivent le convoi après un rapide briefing, et rejoignent Evreux.
22H00, le RAID arrive sur place. Il s’agit d’un homme de 65 ans qui a braqué des pompiers, il ne fait plus parler de lui depuis plusieurs heures. Chasseur, il serait en possession d’un ou plusieurs fusils.
Lolo B. Commandant de police et officier d’alerte informe Yannick que le groupe d’assaut va entrer et qu’il doit se positionner près du « petit ramsès » au cas où le forcené apparaitrait.
Yannick et Frax progressent et prennent leur place dans la colonne.
 
Les premières pièces sont fouillées, le forcené se cache ailleurs.

 
22H36, la colonne arrive devant la porte d’une chambre lorsque des coups de feu sont tirés de cette pièce au même moment. L’individu est vivant, déterminé à se battre.
Le groupe recule pour minimiser le danger, le « grand ramsès » est avancé pour apporter une sécurité plus importante.
 
Yannick et Frax quittent la colonne. Il fait très chaud, Frax doit boire et la présence n’est pas indispensable pendant la négociation.
 
00H10, sous la chaleur, le forcené tire à trois reprises, Lolo B. demande à envoyer Frax.
Frax ne demande qu’à aller au combat, il est dressé pour ça et il aime son travail.
Yannick ressent une peur légitime, et si Frax était blessé pendant l’assaut
Le binôme homme-chien ne peut fonctionner sans amour, le chien n’est pas qu’un animal, c’est bien plus fort.
Le binôme reprend sa place dans la colonne.
                                                                                                                                                                    Yannick et Frax
 
 
 
00H55, le Door-raider est mis en place.  L’appareil ne fait que traverser la porte sans la faire tomber à cause de meubles collés à la porte de la chambre.
Yannick se prépare à envoyer Frax, à l’abri derrière le « ramses ».
Des grenades flashbang sont lancées afin de désorienter le forcené.
Frax est exposé, il ne trouve pas le passage fait dans la porte, Yannick s’inquiète parce que les effets de la flashbang vont s’estomper. Il pousse du pied Frax dans la bonne direction.
Yannick entend une détonation et voit les flammes sortir du canon. Il est touché dans le bas de la jambe, dans le tibia.
Tiré par des collègues à l’abri, il est examiné par Alex, le médecin d’alerte qui lui prodigue les premiers soins tout en le rassurant.
Ben est là lui aussi, avec Frax tenu en laisse. Le malinois semble perdu et sent que son maitre n’est pas au mieux.
Ben amène Frax dans la voiture de service pour l’ausculter. Il passe sa main sur le chien, pas de sang, il ne boite pas.
 
Yannick est emmené par le SAMU.
Ben laisse Frax dans la voiture et prend Nitro qu’il détend un peu avant de prendre sa place dans la colonne.
Sur le palier, Ben fait le point avec Lolo, Tob et Régis.
Un plan de l’appartement a été fait, un schéma tactique est établi.
Le « top inter » est lancé, Nitro est positionné entre les jambes de Ben, il regarde en direction de la chambre.
L’ordre de « grenader » est lancé.
Dans le petit espace où se trouve le binôme cynophile se trouve, le bruit des grenades est assourdissant, à tel point que le chien en est désarçonné. Ben, comme les autres policiers du service portent des casques anti-bruit, est lui aussi, sonné.
 

Choqué et complètement perdu, Ben comprend que son chien est inapte pour le moment.
Le patron demande alors à Ben ce qu’il en est de Nitro. Ben lui répond que le chien ne peut plus être engagé. On lui demande s’il peut conduire Frax et l’envoyer sur le dispositif.
Ben hésite, il sait qu’on ne prend pas le chien d’un collègue, il connaît bien Frax et la situation est nouvelle et jamais vue.
Il remet Nitro dans le véhicule et prend Frax, il le détend et monte avec lui.

 
Les collègues donnent des informations sur la position de l’individu, repéré par la fibre optique.
Au « top inter » Ben a déjà désigné l’entrée de la pièce avec la lampe de son Glock 17. Frax est axé et motivé plus que jamais.
« Attaque », Frax s’élance dans la pièce, il évolue dans les nombreux débris et aboie. Ben sait que s’il le pouvait, Frax aurait mordu le forcené, il est donc hors d’atteinte.
Un policier voit une partie de la chambre et repère le forcené dans une armoire.
Une détonation retentit, le forcené tire sur Frax.
Ben rappelle alors Frax, « Frax au pied, Frax au pied ».
Le courageux malinois refait son apparition, du sang coule abondamment de sa gueule et de son poitrail, des morceaux de chair pendent de sa gueule.
Malgré l’importance de sa blessure, Frax se met au pied de Ben et souhaite reprendre sa place dans la colonne.
Ben demande à quitter le dispositif pour faire soigner Frax.
C’est Alex le médecin qui s’en charge, des compresses sur le reste de la mâchoire de Frax sont appliquées.
Les vétérinaires de Maisons-Alfort sont informés de la blessure, les pompiers sur place arrivent à avoir un vétérinaire de permanence à Evreux et y conduisent Ben et Frax.
Entre temps, des bonnes nouvelles de Yannick arrivent, il pourra remarcher.
P’ti Chris rejoint Ben à Evreux et conduit Frax à Maisons-Alfort.
 
 
Frax est revenu au service après de multiples opérations, beaucoup pensaient que le chien était comdamné, c’était sans compter sur son courage, la volonté de vivre et surtout sur les étudiants de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort qui se sont relayer jour et nuit pour sauver l’animal.
 
Malgré la moitié inférieure de la mâchoire arrachée, de multiples blessures au cou, aux épaules et aux pattes, Frax s’alimente seul et s’adapte à sa nouvelle condition.
 
Frax a retrouvé Yannick lui aussi en convalescence. Après quatre ans au groupe, Frax ne peut plus partir en intervention mais il restera dans la mémoire de tous comme un vrai membre du RAID.

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