Mercredi 07 janvier 2015, vers 11h30, deux individus cagoulés et armés de kalachnikovs peinent à trouver l’entrée des locaux du journal “Charlie Hebdo” rue Nicolas Appert à Paris.

Sur place, ils tuent froidement un agent de maintenance dans le hall et se font guider au journal par une personne qu’ils menacent. Elle n’a pas d’autre choix que de leur donner l’accès.

En pleine réunion, dix journalistes de « Charlie » sont abattus par les deux individus sous les cris « Allahu Akbar ».

Les dessinateurs Cabu, Wolinski et Charb font partie des victimes.

Charb faisait l’objet de menaces des islamistes extrémistes depuis les carricatures du magazine.

Sous protection policière, son garde du corps, Franck Brinsolaro, un officier de sécurité du SDLP (Service De La Protection).  Malgré son expérience dans la protection rapprochée de personnalités dans les pays en guerre, il n’a rien pu faire.

Franck Brinsolaro

Les terroristes sortent de l’immeuble, rechargent leur arme tranquillement, sans crainte.

L’un d’eux crie « On a vengé le prophète Mahomet !! ! ».

Des voisins journalistes de « Charlie Hebdo » trouvent refuge sur le toit de leur immeuble et enregistrent sur leur téléphone des vidéos montrant les terroristes dans la rue, annonçant leur victoire.

A bord de leur Citroën C3 , les terroristes voient un véhicule de police s’approche d’eux.

A l’intérieur du véhicule sérigraphié, les trois policiers ne pensent pas un seul instant que les individus en face d’eux sont les tueurs fanatiques qui viennent d’abattre froidement des hommes.

Les individus sortent et tirent à la kalachnikov sur le véhicule de police.

Le conducteur a le bon réflexe en reculant pour laisser les assassins partir de la rue.

Les policiers ne sont armés que de leur pistolet Sig Pro 2022 en calibre 9mm, ils ne peuvent rien faire contre la puissance des kalachnikovs.

Les messages de la station directrice de la Préfecture de Police fusent, les informations sont relayées au compte-goutte.

Ahmed Merabet, un policier du commissariat du 11° arrondissement arrive sur les lieux, il est repéré et touché, il est exécuté froidement au sol par les terroristes.

Ahmed Merabet

Rue Nicolas Appert, c’est l’effervescence. Les pompiers et médecins urgentistes affluent.

Les policiers de la Police Judiciaire essayent de reconstituer les faits. Le Président de la République, François Hollande est attendu sur les lieux alors que la zone n’est pas encore dépolluer.

Les policiers craignent le sur-attentat mais heureusement, le Président de la République ne fera l’objet d’aucune attaque sur les lieux.

L’attaque terroriste a fait onze blessés et douze morts. La France est sous le choc, traumatisée.

La solidarité, la compassion et l’horreur nationale se retrouvent avec le slogan « Je suis Charlie ».

Une carte d’identité oubliée dans la voiture permet d’identifier l’un des terroristes ; Saïd Kouachi.

Les services de renseignement de la Police Nationale identifient rapidement le deuxième homme.

Ce sont les frères Kouachi, Chérif et Saïd Kouachi, deux djihadistes français

Le dernier domicile connu des Kouachi est à Reims.

A 11h30, à Bièvres, au siège du RAID, la première alerte sonne. Les policiers s’équipent rapidement.

Ils sont attendus à Reims où ils seront placés en assistance de la SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste).

Sur place, Laser 1 apprend qu’il va devoir intervenir sur trois endroits différents à Reims et deux à Charleville-Mézières.

Les deux colonnes du RAID de Bièvres ne suffisent pas, les deux restantes au service doivent y rester au cas où une autre attaque surgisse.

 Les GIPN de Lille et de Strasbourg sont sollicités. Celui de Lille travaillera à Reims avec le RAID, celui de Strasbourg se chargera de Charleville-Mézières.

Cependant, sur place, les policiers ne sont pas seuls.

Une fuite a indiqué les différents points aux journalistes.

Les terroristes sont susceptibles de regarder les informations à la télévision et de suivre l’évolution des policiers. Ils sont armés, dangereux et ont déjà tué. L’effet de surprise est raté à cause des journalistes.

Les multiples interventions demeurent vaines, les perquisitions ne donnent rien, les Kouachi demeurent introuvables.

Place Beauvau, au Ministère de l’Intérieur, le Général Denis Favier (Directeur Général de la Gendarmerie Nationale) et Jean-Marc Falcone (DGPN) échangent avec les spécialistes de l’anti-terrorisme des différents services de la Police et la Gendarmerie Nationale.

Au « fumoir », une salle de Place Beauvau, les différents services prennent et notent tous les renseignements, les recoupent et les transmettent aux autorités.

Jeudi 08 janvier, à Montrouge (92), Clarissa Jean-Philippe, Policière Municipale de la ville est abattue par un individu en pleine rue qui blesse également un agent de voirie qui s’interposait. Le meurtrier prend la fuite à bord d’un véhicule volé. Il laisse au sol sa cagoule qui lui a été arrachée par une personne courageuse qui voulait mettre fin à la tuerie.

Clarissa Jean-Philippe

Les témoins ainsi que l’ADN retrouvé dans la cagoule permettent de mettre un nom rapidement sur l’assassin, il s’agit d’Amedy Coulibaly.

Il a fait la connaissance de Chérif Kouachi en prison en 2005. Le lien est fait.

Une perquisition à son domicile est effectuée mais Coulibaly mais elle est infructueuse.

Vers 09h30, les frères Kouachi sont repérés dans une station-service à Villers-Cotterêts dans l’Aisne.

Le RAID, le GIPN, la BRI PP et le GIGN sont déployés pour vérifier que les individus ne se cachent pas dans les maisons et forets aux alentours.

Une Cellule Interministérielle de Crise (CIN) est activée au sous-sol de la Place Beauvau, sous la responsabilité du Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve afin d’évaluer le plan Vigipirate attentat.

A 22h30, les effectifs de police et de gendarmerie sont allégés mais les recherches continuent.

Un des deux groupes du RAID demeure à Soissons, le GIPN de Lille et les policiers de la BRI-PP regagnent leur base.

Vendredi 09 janvier au matin, les frères Kouachi sortent d’un bois et braquent un automobiliste.

Ils prennent la direction de Paris mais tombent nez à nez avec des gendarmes à Dammartin-en-Goële (77), des tirs sont échangés.

Les terroristes trouvent refuge dans une imprimerie et prennent en otage le gérant de l’entreprise.

Un employé, Lilian se cache sous un évier.

Les gendarmes du GIGN se préparent à intervenir à Dammartin-en-Goele – Photo © DICOM

Les policiers de la FIPN et le GIGN prennent la direction de Dammartin-en-Goële.

La ville étant en secteur gendarmerie, la FIPN est en concourant du GIGN, territorialement compétent.

Le GIGN s’organise rapidement autour de l’imprimerie.

Le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, Denis Favier avec le GIGN

Les Moyens Spéciaux et THP sont déployés pour apporter un maximum de renseignements.

Des renforts de l’unité arrivent par voies terrestres et héliportés.

Le RAID met à disposition un binôme de THP à bord d’un hélicoptère EC45 de la Gendarmerie Nationale.

Jean-Michel Fauvergue, le colonel du GIGN Hubert Bonneau et Denis Favier veillent au PC crise de la Gendarmerie Nationale et évaluent les différentes possibilités.

Le gérant de l’imprimerie est relâché vers 10h20 et donne le maximum d’informations aux autorités.

« Laser 1 » libère les policiers de la BRI PP et de la BI pour procéder à des vérifications dans l’affaire Coulibaly.

A 13h05, à la Porte de Vincennes à Paris, un homme tire en pleine rue et se réfugie dans l’épicerie Hyper Cacher.

Le secteur est rapidement bouclé par la police.

La BRI PP et la BI arrivent rapidement sur les lieux, le RAID quitte Dammartin-en-Goële tandis qu’une deuxième équipe quitte Bièvres pour renforcer les effectifs.

En tant que chef de la FIPN, Jean-Michel Fauvergue prend le commandement des opérations et place les hommes aux endroits stratégiques. Il est secondé par « Laser 2 », le Commissaire Molmy, chef de la BRI et de son adjoint, le commissaire Salinas.

Tous les GIPN sont mis en alerte, c’est la première prise d’otages multiple en France.

Le GIPN de Marseille est activé pour une prise d’otages à Montpellier au même moment.

L’officier de renseignement récupère le maximum d’informations sur la configuration de l’Hyper Cacher.

Au sous-sol de l’épicerie, des personnes se sont réfugiées dans la chambre froide et communiquent avec des proches avec leur portable mais sont dans l’incapacité de donner des renseignements sur l’individu.

Le dit individu appelle la rédaction de BFM et annonce être Amédy Coulibaly.

Il précise être en lien avec les frères Kouachi et se réclame de l’Etat Islamique et qu’aucun mal ne doit leur être fait sous peine de tuer des otages. Il a déjà tué quatre personnes.

Les autorités policières réfléchissent à un plan d’assaut, il est convenu que la BRI entrera par l’entrée de service sur le côté et le RAID par l’entrée principale.

Une charge explosive installée sur la porte de service devrait focaliser Coulibaly et permettre aux membres du RAID de rentrer, sécuriser les otages et neutraliser le terroriste.

De nombreuses incertitudes demeurent, Coulibaly est-il seul, quel armement possède-t-il, quels sont ces moyens de protection, a-t-il piégé les lieux.

Le Général Hubert Bonneau, patron du GIGN – Photo © DICOM

Le plan d’intervention est validé et les autorités donnent le feu vert pour agir le plus rapidement.

Priorité est donnée à l’intervention à Paris à cause de la présence des otages, les gendarmes du GIGN donneront l’assaut à l’imprimerie en second.

A 16h55, à Dammartin-en-Goële, les frères Kouachi sortent de l’imprimerie et tirent sur les gendarmes qui les neutralisent définitivement.

A Paris, les policiers doivent agir vite, si l’information de la mort des Koucahi est connue par Coulibaly, il peut tuer tous les otages.

Le camion blindé de la BRI s’approche, les policiers prennent leur position.

Les explosifs sont placés sur la porte de service mais des palettes de marchandises empêchent les policiers d’entrer.

En entendant l’explosion, Coulibaly se rend vers la porte de service, armé.

A l’entrée de l’épicerie, les hommes du RAID déverrouillent le rideau, l’homme de tête entre et se fait tirer dessus par Coulibaly qui revient rapidement vers lui.

Le terroriste fonce vers les policiers qui tirent à de multiples reprises. Il meurt à l’entrée de l’Hyper Cacher.

Trois policiers sont blessés. Ils sont exfiltrés sur les trottoirs.

Les hommes en noir entrent et font sortir les otages qui sont pris en charge par les services du SAMU et des pompiers.

L’endroit n’est pas piégé et Coulibaly agissait seul.

C’est la fin de trois jours d’angoisse.

Les trois terroristes ont abattu 17 personnes et fait 22 blessés.

La solidarité, la compassion et l’horreur nationale se retrouvent avec le slogan « Je suis Charlie ».

Janvier 2015 sera marqué par ces trois jours mais le terrorisme fera de nouveau des victimes le 13 novembre.

Au stade de France, dans le 11° arrondissement de Paris et dans la salle de spectacle du Bataclan, 130 innocents perdront la vie et 350 resteront marqués, blessés physiquement et psychologiquement par le terrorisme islamiste.

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