Béziers, le 1er et deux septembre 2001 resteront marqués à jamais dans l’esprit de beaucoup.

Pendant ces deux jours, à compter, un jeune biterrois de 25 ans, Saphir Bghioua, a semé la panique dans les rues de Béziers à coups d’armes automatiques et de lance-roquette.

Vers 23 heures, samedi, un équipage de Police-Secours est envoyé pour mettre fin à une rixe entre jeunes.

Sur place les policiers, toujours dans le véhicule sérigraphié voient les jeunes se fendre en deux et laisser place au milieu à un homme armé d’un lance-roquette qui fait feu sur eux.

Le véhicule percuté par la roquette fait un bond de plusieurs mètres en hauteur et retombe au sol, retourné.

Choqués mais indemnes, les policiers sont renforcés par un équipage BAC qui se lance à la poursuite du tireur mais sans réussite.

Quelques armes de Bghouia, fusil à pompe, fusil à canon scié et kalachnikov -Photo © Dominique Quet

L’individu, tenait un RPG9 qui doit avoir une certaine distance pour que la roquette puisse s’armer, or dans cette situation, il était trop près de la voiture des policiers pour que le projectile explose.

A minuit, Bghioua se rend devant l’hotel de police et fait feu en rafalant à la kalachnikov et en tirant avec un fusil à canon scié.

Il tire une nouvelle fois avec son RPG 9 sur un véhicule de police sérigraphié stationné et sans équipage. Cette fois la voiture est pulvérisée.

Un policier sort du poste et tente de prendre en photo Bghioua qui le voit et le prend pour cible.

Par chance, l’homme n’est pas blessé.

Une nouvelle fois, l’individu prend la fuite.

Les effectifs de police se lancent à sa recherche mais là encore, il reste introuvable.

Il est question d’un deuxième individu, conducteur qui le véhiculerait. Mais sans certitude.

Photo © Patrick Voisin

Les biterrois sont sous le choc.

Civils et policiers n’ont jamais vu ça. C’est une véritable scène de guerre.

Mais Bghioua n’en reste pas là et harcèle le poste de police au téléphone en les menaçant de mort en proférant des paroles tout en jurant à la guerre sainte.

Bghioua va braquer deux conducteurs cette nuit sans les blesser.

A 07h45, Jean Farret, 70 ans, ancien Commandant de la Légion Etrangère se rend à une station-service proche du centre-ville.

Chargé de la sécurité de la ville, il dispose d’un gyrophare sur le toit de sa voiture.

Bghioua est là lui aussi. Dans sa voiture.

Il aperçoit le gyrophare, prend Jean Farret pour un policier et en s’approchant de son véhicule, arme sa kalashnikov.

Il tire à 12 reprises sur l’élu qui n’a aucune chance. Il meurt sur le coup.

Il aurait été à la retraite 15 jours après.

Le Commandant du GIPN de Marseille, Didier A. est alerté à 05heures du matin ce dimanche 02 septembre.

A 07h30, le GIPN arrive à Béziers et se rend à l’hôtel de police.

Les spécialistes constatent les dégâts de la nuit. Des sacs de sable ont été placés pour protéger les policiers, qui sont abrités derrière, armés de pistolets mitrailleurs.

Photo © José Nicolas

A l’hôtel de police, un appel téléphonique parvient à la salle radio, c’est Bghioua.

Le Commandant de police Didier A., prend l’appel et pour ce premier contact adopte un ton calme mais ferme.

Tout en se présentant, il fait parler l’individu.

Pendant vingt minutes, il explique qu’il a été entrainé en Afghanistan au maniement des armes et des explosifs, qu’il est un soldat de dieu et qu’il ira jusqu’au bout.

Pour l’éloigner du centre-ville, le parc des expositions est choisi comme lieu de rendez-vous.

Ce dimanche, le parc est vide et permettra, le cas échéant, d’interpeller Bghioua sans qu’il blesse un civil innocent.

Les THP (Tireurs Haute Précision) du GIPN sont envoyés au parc des expositions pour choisir les postes de tir et les meilleurs angles.

L’équipe d’assaut arrive quelques instants plus tard et se regroupe à l’intérieur d’un hangar.

Les THP annoncent le passage d’une BMW conduite par une personne qui correspond au signalement de Bghioua.

La BMW continue son chemin sans s’arrêter mais revient quelques minutes plus tard aux portes du parc des expositions.

La voiture s’immobilise à une centaine de mètres du hangar.

Bghioua sort. Il porte un bandeau islamiste sur le front, il a, en bandoulière, deux cartouchières, un fusil à pompe sur le coté et une kalachnikov de l’autre. Il a un sac à dos d’où dépasse une roquette.

Il se saisit rapidement de sa kalachnikov qu’il arme.

Les tireurs du GIPN « confirment » la cible, ils ont l’objectif en ligne de mire et sont prêts à faire feu.

Le Commandant A. donne l’ordre de tirer.

Bghioua est neutralisé.

Photo © José Nicolas

Jorris, une légende du GIPN de Marseille, prend le commandement de l’assaut et se rend vers le corps de Bghioua.

Sans le manipuler, il constate la présence d’une quantité importante d’explosifs dans le dos.

La BMW est surement piégée.

Les démineurs sont sollicités pour dépieger la voiture et le cadavre.

Il n’y avait pas de second individu.

Pour la presse, Bghioua n’était pas un terroriste mais un déséquilibré, un « forcené qui a pété un plomb »..

Aucune réponse n’est apportée sur son (ses ?) voyage(s) en Afghanistan, ses armes et explosifs.

Neuf jours plus tard, le 11 septembre, deux avions s’écrasent sur les tours jumelles du World Trade Center provoquant la mort de plus de 2900 personnes.

Dans le carnet téléphonique de Bghioua il y avait les coordonnées d’un français d’origine maghrébine incarcérée aux Etats-Unis pour complicité lors des attentats du 11 septembre…

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