Une cinquantaine de policiers, dont une équipe du Raid de Montpellier, une trentaine de pompiers et près de 50 étudiants ont participé, hier matin, à un exercice «tuerie de masse» au sein du bâtiment des Archives départementales, à Rodez.
 
En programmant, hier, leur exercice «tuerie de masse», les services de l’état et les forces de l’ordre étaient loin d’imaginer qu’à des milliers de kilomètres plus à l’ouest, à Los Angeles plus exactement, un drame au scénario quasi identique venait de se dérouler quelques heures plus tôt.
«La différence, devait toutefois remarquer un policier du dispositif ruthénois, c’est qu’à l’issue de l’intervention, les douze victimes de la tuerie aux USA ne se sont pas relevées».
À Rodez, le scénario imaginé, hier, pour préparer les policiers aveyronnais à intervenir face à une tuerie de masse trouvait également son origine dans un lieu festif. Un samedi soir de fête. L’alcool coule à flots.
Certains étudiants boivent plus que de raison. Des regards s’échangent, on se toise, on se cherche… Et on finit par se trouver. Une rixe éclate, des coups sont échangés de part et d’autre, puis chacun finit par rentrer chez soi.
Si dans un camp, la fin du week-end aidant, la tension finit par s’évacuer, dans l’autre, en revanche, c’est tout le contraire. La frustration s’est changée en colère et dans les esprits mangés par la haine on n’aspire désormais qu’à une chose : se venger.

Attaque au couteau
Le lundi matin, c’est couteau en main que ces étudiants revanchards se mettent en quête de ceux qui les ont humiliés. La traque les mène aux Archives départementales, avenue Victor-Hugo.
Une quarantaine de lycéens s’y trouvent. Les assaillants les prennent à partie. C’est la panique. Chacun tente d’échapper aux agresseurs. Des coups de couteau sont assénés aux lycéens apeurés.
Dans le même temps, les forces de l’ordre sont alertées. Quand les premiers policiers arrivent, ils apprennent que les assaillants se sont retranchés avec des otages dans des salles du bâtiment. Les policiers d’élite du RAID sont sollicités à leur tour.
Basés à Montpellier, ils s’équipent et prennent la route sans tarder. Grâce aux étudiants qui sont parvenus à s’enfuir, les gardiens de la paix prennent la mesure de la situation.
Pendant qu’ils délimitent un périmètre de sécurité autour du bâtiment, ils sont rejoints par leurs collègues de la BAC (brigade anticriminalité), ainsi qu’une trentaine de sapeurs-pompiers.
Ces derniers installent un PRV (point de rassemblement des victimes). Les otages seront pris en charge selon leur état : urgence absolue, urgence relative et indemne.
Les policiers, bardés de leur équipement (casque, boucliers, gilet pare-balles), pénètrent dans le bâtiment pour secourir les premières victimes, évacuer certains otages et tenter de mettre hors d’état de nuire les assaillants.
Entre-temps, les hommes du RAID sont arrivés. Durant tout le trajet, ils ont été tenus informés des évolutions de la situation.
Voyant que celle-ci se dégrade – deux lycéens ont été tués et plusieurs autres sont blessés, dont certains très sérieusement – ils décident de donner l’assaut. À mesure qu’ils progressent dans le bâtiment, les victimes sont libérées. Certaines sortent sur des civières portées par des pompiers, d’autres par leurs propres moyens, mais toujours escortés par des policiers. Deux des assaillants ont été capturés dans la foulée.
Le dernier est mis hors d’état de nuire. À la fin de la matinée, les policiers sont maîtres de la situation. Les derniers lycéens sont évacués. Quand tout le bâtiment a été contrôlé, les corps sans vie des deux victimes sont également évacués.
 
Une action riche d’enseignements
Tester la réaction de toute la chaîne d’intervention face à une tuerie de masse : telle était l’ambition de la simulation qui s’est déroulée, hier matin, aux Archives départementales.
Une simulation désormais organisée régulièrement dans le département par les forces de l’ordre (police et gendarmerie). Hier, c’était donc les policiers – une cinquantaine d’hommes, dont une unité du RAID de Montpellier – et les pompiers – une trentaine de soldats du feu – qui étaient à la manœuvre.
Un exercice riche d’enseignements pour les participants. «Ce genre d’exercice nous permet de toucher du doigt la réalité d’une telle intervention, mais aussi de tester les dispositifs afin de les améliorer», explique le directeur de cabinet de la préfecture, Rémi Menassi.
Des impressions que les participants vont pouvoir partager à l’heure du bilan. Un «retex» (retour d’expérience) que l’on imagine déjà riche d’enseignements pour les responsables des opérations, Jean-Pierre Delmas (directeur de la sécurité publique adjoint de l’Aveyron) et le commandant Alleguède, des sapeurs-pompiers.”
 
 
Source : LaDépêche.fr – article écrit par R.B le 09 novembre 2018
Photo © José A. Torres

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