« Entretien avec David, commandant au groupe franchissement du RAID :
Unité d’élite
« La diversité de nos missions explique d’elle-même le niveau requis pour pouvoir intégrer cette unité. Nos équipes sont composées de professionnels ayant une grande expérience des missions de Police, d’un niveau sportif bien supérieur à la moyenne, sachant gérer des situations de crises graves, mais aussi de spécialistes de haut niveau dans cinq domaines : parachutisme, plongée, effraction, sniping (tir de haute précision) et varappe. »
Faut-il être passionné pour devenir policier du RAID ?
« Oui, mais il faut déjà à la base être passionné par le métier de policier pour développer les qualités exigées par un service tel que le RAID. Le mot policier à lui seul suscite déjà la passion, car nous exerçons tous un métier de contraintes, à travers des situations difficiles et dangereuses. Dans le quotidien qui est le nôtre, la routine n’existe pas.
Nous n’avons pas tous le même parcours professionnel mais nous avons tous un énorme bagage en amont, complété après réussite aux tests de sélection par une formation initiale de quatre mois et des entraînements intensifs. Nous avons tous un niveau physique minimum, car les opérations peuvent être particulièrement éprouvantes, du fait du poids de notre matériel individuel (35 kg), de leur durée dans le temps (souvent au-delà d’une dizaine d’heures) et de la concentration qu’elles nécessitent. Il faut être toujours hyperconcentré avec un contrôle de soi maximum, le manque d’attention est interdit chez nous. Ce métier demande un engagement dans l’instant, de la précision dans les gestes et une excellente réactivité.
Avant même d’être recrutés, les hommes du RAID ont dû faire leurs preuves sur le terrain, que ce soit à la P.J. (Police Judiciaire), à la DCRI (Renseignements Intérieurs), à la BAC (Brigade Anti-Criminalité), en CRS ou dans d’autres groupes d’intervention. La richesse de ces différents vécus nous amène une technicité dans de nombreux domaines. »
Que signifie votre devise ? « Servir sans faillir »
« Nous sommes au service de la France, garant de la sécurité des citoyens et des institutions. Nous sommes obligés d’agir parfois dans l’urgence, en prenant des décisions importantes de c****équence en quelques fractions de seconde. Nous n’avons droit à aucune faille à l’instant « T », nos responsabilités sont trop importantes. Nous avons l’expérience des situations de crise exacerbée avec des moyens adaptés et une haute technicité travaillée à l’entrainement. »
Pourquoi un groupe varappe au sein du RAID ?
« Ce groupe est composé de trente opérateurs. Le responsable est un officier. Vingt-huit fonctionnaires sont issus de la section d’intervention et deux du groupe technique, permettant d’acquérir des renseignements par la pose de caméras ou de micros. En intervention, les missions du groupe varappe sont diverses : empêcher une personne de prendre la fuite, mais également de se défenestrer, ou comme on l’a déjà vécu dans le cas d’une crise de démence, de défenestrer ses enfants. Ce groupe doit, sur une crise en hauteur dans le cadre d’une prise d’otage ou d’un forcené retranché, apporter une solution supplémentaire pour l’interpellation d’une personne dangereuse. Il faut souvent trouver une solution pour rentrer à l’intérieur d’un immeuble, en dehors des entrées principales. Notre solution peut-être complémentaire à des actions menées par les collègues ou quelquefois une alternative. Mais notre action démarre toujours après l’étude d’un schéma tactique. »
Le récit d’une intervention loin des événements médiatisés
« Ce ne sont pas nos opérations les plus médiatisées, mais le cas d’un forcené retranché et suicidaire représente une grande complexité, car il s’agit là d’interpeller une personne créant un trouble grave à l’ordre public, armée, dangereuse pour nous et pour elle-même, le tout en hauteur, sans atteindre à son intégrité physique.
Une de ces missions se situe au treizième et dernier étage d’un immeuble de la banlieue sud de Paris. Les pompiers sont requis pour une personne qui menace de se suicider. La personne est en grande détresse psychologique et a dégradé ses propres canalisations d’eau, car il pense être espionné par des objets se trouvant dans les conduits. L’eau se répand dans tout l’immeuble depuis le treizième étage, d’où la présence des pompiers et des policiers.
Tous les contacts échouent, car l’homme refuse d’obtempérer, et menace d’attenter à la vie de quiconque rentrerait chez lui. Nous ne savons pas ce qui se passe à l’intérieur, ni le nombre de personnes, ni la présence éventuelle d’enfants. Le RAID est saisi. Nous effectuons une mise en place depuis le toit de manière à prendre en compte les trois fenêtres de l’appartement. Les plans de l’immeuble et de l’appartement nous sont donnés par les services compétents. Une étude est réalisée dans les moindres détails.
La négociation échoue, la détresse est trop importante, nous n’arrivons pas à le raisonner. La porte est barricadée, nous constatons un déplacement de meubles derrière la porte. La mission est de rentrer par les fenêtres et de s’assurer de la personne. Nous nous rendons compte qu’il est porteur de couteaux de cuisine. On profite d’un moment où il tourne le dos aux fenêtres pour forcer celles-ci, pénétrer à l’intérieur depuis le toit et l’interpeller.
Cette problématique est complexe pour nous. La personne ne doit pas pouvoir se nuire à elle-même, mais nous devons nous aussi, nous protéger. Dans la verticalité, ça se complique encore et ça limite les moyens d’action. Dans le vide, une interpellation peut devenir vite sportive. Cette opération se finit bien, l’homme est pris en charge et remis aux services de police locaux, pour être présenté à la justice.
Tout est mis en œuvre pour empêcher ces personnes de dépasser un point de non-retour. Nous avons aussi pour mission de donner une autre chance à une personne malgré une situation ultime. Nous devons lui offrir la possibilité de revenir à la vie malgré les armes. »
Quel est l’intérêt du descendeur RIG ?
« Le descendeur RIG facilite l’intervention, car il nous permet d’avoir les deux mains libres, une fois arrivé à la hauteur souhaitée. Lors de la descente sur la corde, nous pouvons bloquer le RIG en sécurité, sans avoir besoin de réaliser une clef de blocage qui rajouterait des manipulations. La rapidité et le gain de temps sont essentiels dans notre métier. Tout se joue en quelques secondes. Le temps est précieux. »
« Notre formation et nos échanges techniques avec l’entreprise Petzl sont d’une grande importance. Notre retour d’expérience discuté lors des formations « Petzl Solutions » nous permet d’identifier le matériel qui peut apporter un plus. » »
Source : www.petzl.com