« « Je suis un grand sensible ». Avec son physique impressionnant, Nicolas, le commandant de l’antenne du Raid Marseille, n’hésite pas à valoriser le caractère humain de sa profession. Souriant et ouvert, cet officier de la police nationale de 46 ans renvoie à première vue une image bien différente. Pourtant lorsqu’il rentre dans une pièce avec son uniforme noir de la police nationale, arme à la ceinture, difficile de déceler chez lui le grand sensible qu’il décrit. Crâne rasé, posture autoritaire, le commandant se décrit d’avantage comme un « chef de famille » que comme un officier.
Entré au GIPN, le Groupe d’Interventions de la Police Nationale, de Marseille en 2008, il a constitué lui-même son équipe de 24 hommes. Au fil des recrutements, plus qu’une relation hiérarchique, il a su développer un véritable esprit de corps, « une famille », comme il aime à le rappeler.
Depuis le 18 mars dernier, le GIPN a été rattaché au Raid et la police nationale ne compte plus qu’une seule unité d’intervention « rationalisé et plus centralisé ». Seul officier de l’antenne marseillaise, ses responsabilités sont nombreuses envers sa hiérarchie au centre du Raid à Bièvres, près de Paris. Son unité couvre une zone de huit départements. Lui a des comptes à rendre au procureur de la République, au préfet et au ministère de l’intérieur, via le Raid. Ces lourdes responsabilités administratives, il n’en fait pas une difficulté, conscient du caractère sensible et exceptionnel de ses missions. Au sein de son unité, il gère le recrutement donc, mais aussi tous les aspects matériels, logistiques, administratifs et les entraînements de ses hommes.
Ce dernier point est fondamental, « je dois compter de manière égale sur chacun d’entre eux, nous sommes tous polyvalents » argumente-t-il.
Riche d’une grande expérience, il a aidé, en 2007, à la création de l’antenne du GIPN en Guadeloupe et a travaillé avant cela dix ans à la BRI de Nice, la Brigade de Recherche et d’Intervention. Passionné avant tout, il justifie le choix de ce métier par cet affect. D’ailleurs, avant d’être policier, il a eu une autre vie, celle de pilote automobile, « aussi un métier de passion, c’est l’unique chose qui me motive ».
Et depuis son entrée dans la police en 1993, les sacrifices personnels, notamment familiaux, ont fait son quotidien. Une vie de famille difficile, surtout à la BRI, et une disponibilité de tous les instants rythment sa vie. « De toute façons chez nous, il n’y a que des passionnés » justifie-t-il.
Détendu mais imperturbable, il évoque sans aucun complexe sa relation avec son métier, les moments difficiles qu’il a connus aussi. Il n’a jamais eu à déplorer la perte d’un de ses hommes, « même s’il y a déjà eu des blessés en opérations ».
« Ma seule préoccupation est de les ramener tous à la maison, je crois que je ne supporterai pas le contraire ». Conscient des limites de ses hommes, ses « fils », il sait qu’il n’a « pas de Rambo » dans l’équipe. Pourtant le risque de tomber n’est ni tabou, ni éludé, le « sacrifice ultime reste toujours une éventualité ».
Loquace, il souffre de l’image de renfermement que véhicule la police, « à l’inverse de la gendarmerie qui a très bien compris l’utilité de la communication ». Le commandant est pourtant le parfait contre-exemple de cette image. Il sait capter l’attention, par son physique mais aussi son attitude et l’on devine aisément ses qualités de chef. Qualités qu’il démontre depuis sept ans maintenant à la tête de l’antenne phocéenne. »
Source : magisterejco.fr – article écrit le 23 avril 2015 par adminjco15