Sous couvert de l’anonymat, un des négociateurs du RAID explique que  les prises d’otage comme celle du Havre jeudi font partie des situations les plus compliquées et dans lesquelles «la véritable arme, c’est l’écoute».
 

Quelles sont les négociations les plus compliquées ?
Celles où il y a des otages. C’est très délicat. Lorsqu’il y a des otages, la priorité ce sont eux, il faut s’assurer qu’il vont bien.
Au Havre, où un homme a retenu six personnes dans une banque avant de se rendre le dialogue constant et le fait qu’il relâche les otages en respectant le protocole pouvait laisser augurer d’une fin positive.

Il y a aussi la situation de la personne en plein délire.
C’est difficile de trouver des points d’accroche. Il ne faut pas entrer dans son délire mais le comprendre. C’est très compliqué.

On ne décide pas du moment de l’assaut mais il faut être capable de dire au chef du RAID quand on ne s’en sortira pas en négociant.

En 2019, nous sommes intervenus sur 13 prises d’otages et 74 forcenés, en 2018 c’était 6 prises d’otages et 58 forcenés.
La situation sociale de ces dernières années crée une ambiance anxiogène.

 

Comment se déroule une négociation ?
Contrairement aux Britanniques, par exemple, la France a choisi d’intégrer les négociateurs dans le groupe d’intervention.
Nous sommes ainsi projetés en même temps. On connaît aussi les process du groupe d’assaut et échangeons les informations avec lui.
C’est le chef du RAID qui décide des priorités.
Le groupe de négociateurs a été structuré après l’affaire Human Bomb à Neuilly en 1993 (une prise d’otages dans une école maternelles, NDLR).
Nous avons des grilles de lecture en fonction du contexte pour adapter notre discours.
La véritable arme du négociateur, c’est l’écoute. Les gens en crise ont besoin de parler de leur mal-être, il faut établir une relation de confiance.
La négociation n’est cependant pas un bavardage, on a des techniques, des protocoles qu’on adapte selon les personnes en face de nous.
On ne parle pas de la même façon à un preneur d’otages et à un suicidaire.

 

Qui sont les négociateurs du RAID ?
Ce sont des policiers recrutés après une sélection sur dossier et entretiens.
Avoir un diplôme en criminologie ou psychologie n’est pas obligatoire.
Ce qu’il faut c’est de l’empathie et des capacités d’adaptation.
Un gardien de la paix qui a passé plusieurs années sur la voie publique peut avoir cette empathie alors qu’un policier du renseignement sur les technologies, malgré toutes ses qualités d’enquêteurs, peut ne pas avoir le contact humain. Ce sont les qualités humaines qui font la différence.
Au dernier recrutement il y avait 18 candidats pour une place.
Et ce sont parfois des femmes. Nous nous sommes posés la question de savoir si cela faisait une différence, notamment avec les islamistes, mais non.
Encore une fois, on s’adapte selon la situation.”

 
 
 
Source : L’Union.fr – article écrit le 07 aout 2020

Author

admin@fipn-sdlp.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!