Les visites en France du roi Charles III, à partir de ce mercredi 20 septembre, et du pape François, à partir de vendredi, vont mettre les forces de sécurité françaises à rude épreuve. D’autant plus que les dispositifs mis en place pour protéger ces deux personnalités lors de leurs déplacements sont imposants, exigeants et parfois très précis.

La séquence a tout d’un crash test. En l’espace de quelques jours, la France accueille en cette deuxième quinzaine de septembre deux invités majeurs : le roi Charles III, entre ces 20 et 22 septembre, puis le pape François, les 22 et 23.

Ces deux visites, d’une portée quasi historique, vont nécessiter le déploiement d’un important dispositif de sécurité, chargé de maintenir l’ordre en marge des déplacements de ces deux invités de marque et, surtout, d’assurer leur sécurité, dans un contexte au mieux tendu, au pire risqué.

Comment ce dispositif est-il conçu, concrètement ? Et qu’implique-t-il pour les forces de l’ordre ? On fait le point, échelon par échelon.

Le volet le plus décisif de ce dispositif de sécurité est évidemment celui qui a trait à la protection rapprochée de ces deux personnalités.

Traditionnellement, celle-ci n’est exercée que par une poignée de personnes, dont la mission est particulièrement complexe lorsque la personnalité à protéger se trouve en extérieur, au contact du public, comme ce sera fréquemment le cas lors des nombreux bains de foule prévus par Charles III.

Dans ces moments-là, les agents doivent être « au contact » de la personnalité protégée, explique Pascal Bitot-Panelli, commandant divisionnaire honoraire du Service deProtection des Hautes Personnalités (SPHP) et expert en sécurité. « Sinon on a un temps de retard ».

En plus de servir de rempart physique, cette présence rapprochée facilite la surveillance de la foule. Surveillance qui passe d’abord par une chose simple : « On regarde les yeux », explique Richard Fourdrinoy, un ancien du SPHP. Car, dans cette matière comme dans d’autres, « les yeux ne peuvent pas trahir ».

"On aura également dans un véhicule des policiers d’élite du RAID"
— Pascal Bitot-Panelli, ancien commandant du Service de protection des hautes personnalités

On regarde les yeux, et on se tient prêt à réagir, avec tout l’équipement nécessaire « On a un gilet pare-balles, une arme de poing légère, avec deux chargeurs, et parfois un couteau », liste Richard Fourdrinoy. « Mais il faut quand même être léger, pour être le plus opérationnel possible ».

Même lorsqu’elle ne va pas au contact de la foule, la personnalité protégée est placée « dans une bulle » relativement étroite.

Quand il remontera le Prado dans sa papamobile, le pape François sera ainsi escorté par une quinzaine d’agents. « Une dizaine de membres du groupe d’appui de protection français et cinq membres de la garde pontificale », détaille Pascal Bitot-Panelli.

« Dans le cortège, on aura également dans un véhicule des policiers d’élite du RAID, qui pourront servir de carré tireur, en cas de besoin. »

Un second cercle discret

À ce premier échelon s’en ajoute un deuxième, qui est déployé un peu plus loin, au milieu de la foule qui assiste au passage de la personnalité à protéger.

Dans le cas des déplacements de Charles III et du pape François, ce second rideau sera composé de policiers de la CRS 1, une compagnie spécialisée dans ce genre d’opérations.

« Elle va travailler en profondeur, dans la foule, pour faire de la surveillance », explique Pascal Bitot-Panelli. Les déplacements de Charles III et du Pape mobiliseront au total 140 membres de cette unité, soit 70 % de ses effectifs.

Dans les lieux privés comme le stade Vélodrome, où le pape François donnera une messe, des agents de sécurité privée joueront un rôle similaire. « Il y en aura 700 au Vélodrome », explique Pascal Bitot-Panelli.

"Dans le cas du pape François, on va souder des bouches d’égouts"
— Pascal Bitot-Panelli

Ce second cercle est complété par « des tireurs d’élite, qui sont sur des points hauts » et par des drones, qui surveillent la foule depuis le ciel.

Quelques aménagements matériels doivent permettre d’accroître la sécurité des voies traversées. « Dans le cas du pape François, on va par exemple souder des bouches d’égouts », illustre Pascal Bitot-Panelli.

Richard Fourdrinoy suggère que certains bateaux mouillant sur le Vieux-Port pourraient aussi être déplacés, et que les autorités procéderont à des vérifications concernant les habitants des immeubles situés sur le trajet du pape François. « Il y a tout un travail qui est fait en amont par les services de renseignement », relève-t-il.

Des bâtiments passés au peigne fin

La protection d’une personnalité passe également par la sécurisation des lieux où elle se rend.

En fin de semaine dernière, Frédérique Camilleri, la préfète des Bouches-du-Rhône, a par exemple annoncé qu’un déminage de « tous les lieux que le pape François visitera » sera effectué.

Ce travail de déminage débute bien avant que la personnalité n’arrive sur les lieux. « Si on a une arrivée sur site le samedi à midi, le déminage est terminé le vendredi soir », précise Pascal Bitot-Panelli. Les locaux déminés sont ensuite gardés, pour s’assurer qu’ils restent sûrs.

Dans certains cas, un « dépoussiérage » visant à détecter l’installation éventuelle de micros ou d’autres appareils de captation est nécessaire, complète Richard Fourdrinoy. « Et on vérifie aussi le pedigree des personnes travaillant dans certains hôtels ». Au cas où.
En intérieur, un dispositif plus distant, mais pas moins attentif

Lorsque la personnalité se trouve dans un bâtiment ainsi sécurisé, le dispositif de protection rapprochée se détend quelque peu.

« On va être un peu moins proche », confirme Pascal Bitot-Panelli. « Mais il y aura du personnel réparti pour intervenir tout de suite. Et on aura au minimum 5 à 10 officiers de sécurité dans la pièce ».

"On ne fait confiance à personne"
— Richard Fourdrinoy, ancien membre du Service de protection des hautes personnalités

Le relâchement est donc tout relatif, d’autant que, pour les agents concernés, il n’est pas question de baisser la garde. « On ne fait confiance à personne », assure Richard Fourdrinoy. « Ce n’est pas parce qu’on est dans une zone sécurisée qu’il n’y a pas de risques. »


Des longs déplacements à sécuriser également

Ce dispositif installé au plus près des personnalités se déplace avec elles lorsqu’elles sont amenées à voyager. Ce sera par exemple le cas lors du voyage à Bordeaux qu’effectuera le roi Charles III.

Un voyage qu’il effectuera en avion

Dans ces cas-là, « quand c’est très sensible, on double les vols et on les sécurise avec des avions militaires », rappelle Pascal Bitot-Panelli.

Et si les voyages se font en train, « on les sécurise en les déminant, en mettant du personnel en permanence à l’intérieur, et en assurant un suivi en permanence ». « Et il y aura forcément un hélicoptère qui le suivra », ajoute Richard Fourdrinoy.

Des gendarmes peuvent également être positionnés à proximité de certains tunnels ou de certains ponts.

Des villes mises sous cloche

Lors de certaines visites, le dispositif de sécurité s’étend même aux frontières de toute la ville qui est visitée. Ce sera par exemple le cas pour la visite du pape François à Marseille.

La préfecture des Bouches-du-Rhône a par exemple annoncé que, lorsque le souverain pontife s’y trouvera, une « une bulle de protection aérienne » sera déployée au-dessus de la cité phocéenne et que, de fait, « tout aéronef qui cherchera à entrer sera intercepté et traité, et tout drone neutralisé ».

Enfin, plus généralement, quand un événement de ce calibre a lieu, c’est tout « le dispositif sécuritaire de la ville qui est en hypervigilance », rappelle Pascal Bitot-Panelli. « Il va se déployer dans toute la ville et faire remonter toutes les informations qui peuvent être utiles ». « On est dans un déploiement total », résume-t-il.”

Source : Ouestfrance.fr – article écrit le 19 septembre 2023 par Maxime Mainguet

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