Le juge Gentil a reçu mercredi une lettre de menaces accompagnée de cartouches à blanc. Si les menaces envers les juges sont fréquentes, ce courrier inquiète particulièrement. Comment sont protégés les juges?
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Une balle à blanc envoyé par courrier à un juge d’instruction travaillant sur une affaire d’abus de faiblesse… Le juge Gentil a reçu mercredi une lettre de menaces prise suffisamment au sérieux et qui pourrait valoir au magistrat une protection rapprochée dès jeudi. Car si les menaces envers les juges sont fréquentes, ce courrier inquiète particulièrement. Comment sont protégés les juges? Explication.

Des juges “régulièrement menacés”…

“Les magistrats reçoivent régulièrement des lettres d’insultes et de menaces par des gens qui pètent un câble”, explique Françoise Martres, présidente du Syndicat de la Magistrature (SM), à BFMTV.com. “Mais les courriers comme celui reçu par le juge Gentil, qui s’en prend ouvertement à la vie de ses proches, sont plus rares. Et la présence de cartouches à blanc nous incite à prendre ces menaces très au sérieux.”
Car entre la menace proférée sur un coup de sang – généralement sanctionnée d’un outrage – et celle manifestement préméditée dans le cas du juge Gentil, la différence est suffisamment grande pour envisager, dans le second cas, une protection rapprochée du juge.

… et placés sous protection policière

Plusieurs juges bénéficient ou ont bénéficié d’une protection policière rapprochée. “La juge Vichnievsky, du pôle financier, avait été protégée parce que menacée, les juges antiterroristes sont également protégés, comme les juges Thiel et Trévidic…”, énumère Dominique Rizet, spécialiste justice sur BFMTV. “Il existe des affaires plus sensibles que d’autres”, confirme Françoise Martres citant le grand banditisme et l’antiterrorisme.
Dès lors, comment s’organise cette protection? Elle est assurée par le Service de Protection des Hautes Personnalités, qui assure généralement la sécurité des personnalités politiques. Rattaché au ministère de l’Intérieur, ce service créé en 1935 comptait 775 policiers spécialisés en 2010 et prend en charge la sécurité des personnalités sur le territoire français (y compris de personnalités étrangères en visite en France) et lors des déplacements officiels à l’étranger. Mais les politiques ne sont pas les seuls à être sous la bonne garde de ce service, qui devrait bientôt être réorganisé.

Le PDG de Casino, Philippe Val ou encore la famille royale marocaine

Près de 130 personnalités bénéficient à ce jour de la protection du SPHP. Du PDG de Casino à François Bayrou ou encore la famille royale marocaine… la liste est longue et variée. Par exemple, Philippe Val, ancien patron de Charlie Hebdo, avait été placé sous la protection du SPHP en septembre 2012, avec la nouvelle affaire des caricatures, mais le directeur des programmes de France Inter n’est plus protégé par le SPHP depuis plusieurs semaines. De même, “une partie de la famille du roi du Maroc, ses deux sœurs, sa femme et son frère, sont pris en charge par le SPHP quand ils viennent en France, y compris à titre privé”, selon Europe1.fr.
“Les personnalités étrangères représentent 800 à 850 missions par an”, affirmait  le chef du SPHP, Gilles Furigo, en 2010

71.879 euros par policier et par an

“Il n’existe pas de loi encadrant les conditions d’attribution. Du coup, cette absence donne lieu à des incohérences dans la liste des bénéficiaires d’une telle protection, avec des gens réellement menacés, d’autres moins”, regrette une source policière citée par Europe1.fr.
Si la décision d’accorder une protection dépend, en théorie, d’une analyse des risques par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), la décision peut aussi être directement prise par le pouvoir politique. Après son élection le 6 mai 2012, François Hollande avait ainsi décidé de supprimer la protection du SPHP aux ministres délégués, par mesure d’économie. Un rapport de la Cour des comptes de 2010 chiffrait en effet à 71 879 euros par an  en moyenne le coût d’un policier du SPHP. La montée du risque terroriste a finalement incité le gouvernement à étendre cette protection aux 18 ministres délégués, mi-janvier.”
Source : Bfmtv.fr – article de Sandrine Cochard – le 28 mars 2013

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