Les quatre chefs de la police d’élite dînent avec leurs épouses ce vendredi 13 novembre. Lorsque, soudain, quatre portables se mettent à sonner…

Ils ne savent plus très bien quand ils ont commencé ni à quel moment l’habitude s’est muée en tradition ; c’était il y a longtemps et ils tiennent à ce rendez-vous. Deux ou trois fois par an, les responsables du Raid, l’unité d’élite de la police française, dînent avec leurs épouses. Parfois dans un restaurant parisien, le plus souvent au domicile de Jean-Michel Fauvergue, le chef du Raid.

Quatre sonneries simultanées

Ce vendredi 13 novembre, ils sont assis chez les Fauvergue dans une maison de la région parisienne. Outre le chef et son épouse qui les reçoivent, il y a là le numéro 2 (chef adjoint) du Raid et sa femme, le numéro 3 (adjoint au chef) et son épouse, et le numéro 4, le chef d’état-major du Raid, accompagné lui aussi de son épouse. Sur la table basse, des coupes de champagne, des jus de fruits, des pruneaux entourés de lardons. On picore, on bavarde, on évite de trop parler police, on préfère aborder les projets de vacances à Noël et les études des enfants. Les quatre policiers ne boivent pas, ils sont d’astreinte. L’apéritif s’achève, on va passer à table. Les plats sont servis sur un buffet : des salades composées, des poivrons marinés, des pommes de terre aux harengs, un plateau de fromages. Soudain, quatre sonneries de téléphone portable crépitent. Quatre sonneries parfaitement simultanées. L’air se fige. Les quatre responsables du Raid décrochent, se lèvent, écoutent. Leurs quatre visages se tendent, ils sont rapides, silencieux, concentrés. « Il y a des problèmes autour du Stade de France, finissez sans nous. »

Ce sera long, très long
Ils embrassent leur épouse, leur disent de continuer sans eux, ce sera long, très long. Ils sont déjà partis. Les quatre femmes fouillent leur sac à main pour y trouver leur portable, elles cherchent les informations, la maîtresse de maison allume la télévision. Plus personne ne touche au champagne tiédi. Les nouvelles sont confuses, on parle d’explosions au Stade de France, de François Hollande qui serait à l’abri. Jusque tard dans la nuit, elles restent ensemble à regarder les chaînes d’information en continu. Elles sont entraînées à ne pas laisser la peur les dominer, elles goûtent à peine aux assiettes de macarons. Le Bataclan, les terrasses, le boulevard Voltaire, Paris est en guerre et leurs époux mènent la riposte. Vers une heure du matin, elles se séparent. Certaines dormiront bien. Habituées. D’autres regarderont les informations jusqu’à l’aube, attendant le SMS laconique qui leur dira : « Suis OK. T’inquiete pas. » Le vendredi 13 novembre, l’état-major du Raid dînait ensemble.”
 
 
Source : Le Point – article écrit le 28 novembre 2015 par Emilie Lanez

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